7 novembre 2025

À l'heure où la détention des chats de race Scottish fold et sphynx vient d'être interdite aux Pays-Bas (avec prise d'effet en 2026), c'est à une autre race féline nettement moins controversée, le ragdoll, que se sont intéressés les cliniciens épidémiologistes britanniques de l'initiative VetCompass.

Popularité croissante

Les auteurs rappellent que le nom de ce chat n'est pas lié à son apparence mais bien à son caractère : il « provient de leur nature généralement placide et amicale, et de leur tendance à se ramollir “comme une poupée de chiffon” [ragdoll en anglais] lorsqu'on les prend dans les bras ». Les auteurs soulignent que la popularité de cette race est en croissance : ils représentaient 1,8 % des chats identifiés en 2019 outre-Manche, contre 0,9 % en 2014. C'est devenu la seconde race la plus fréquemment achetée outre-Manche en 2023, alors même que la proportion de chats de race pure dans la population féline augmente (de 35 % en 2021 à 45 % en 2024). Comme le gain de popularité d'une race s'accompagne souvent d'une émergence « de défis de santé et de bien-être » liés à une reproduction intense reposant sur un nombre limité de reproducteurs, ces auteurs ont jugé qu'il était temps d'établir un bilan médical de la race à partir des données de consultation d'un millier de praticiens généralistes de 2019. D'autant que peu d'anomalies ont été identifiées dans cette race : la société féline britannique ne mentionnant que « deux problèmes de santé chez le ragdoll : la cardiomyopathie hypertrophique et l'incompatibilité de groupe sanguin entre les parents », sur 13 identifiés par des études épidémiologiques plus anciennes.

Poids médian de 4,5 kg

Au total, la base Vetcompass comprend les données de 1 254 484 chats sur cette année-là, dont les ragdoll représentent 1,7 % (un peu plus de 21 000 consultations). L'âge à la consultation variait de quelques jours à 23 ans (médiane à 2,6 ans)… L'âge médian de ces chats ayant décédé en 2019 était près de 13 ans (12,9), sans différence significative entre les deux sexes, ni avec celle de l'ensemble des chats de race (12,5 ans). Et les auteurs confirment la croissance linéaire de l'effectif de la race : leurs naissances représentaient 0,7 % de toutes les naissances de chats enregistrées en 2005, contre 3,7 % en 2019. Le poids médian des mâles (5 kg) était significativement plus élevé que celui des femelles (3,8 kg, p<0,001), et cela se vérifie à tous les âges. La croissance du poids est rapide sur la première année de vie et se poursuit à un rythme moindre au cours de la seconde année.

Deux prédispositions raciales suspectées

Pour calculer la prévalence des troubles de santé, les auteurs ont travaillé sur une sous-population (tirée au sort) de 2 205 dossiers médicaux, tous examinés individuellement (61 % de ces consultations étaient liées à un problème médical). Cela leur permet de constater que :

• le trouble de santé principal de la race est la maladie périodontale (8,8 % des consultations), et pour l'ensemble des troubles dentaires, cela représente une prévalence de 14, 5 % (voir l'illustration principale). Les auteurs soulignent que la maladie périodontale est aussi le trouble le plus fréquent de la population féline britannique dans son ensemble, à plus de 15 %. S'il y a prédisposition raciale, ce serait alors dans le sens de la protection ;
• les diarrhées (7,1 %) ou plus largement les entéropathies (13,5 %) arrivent au second rang en importance, et avec une prévalence significativement plus importante pour les mâles (p<0,05). Chez les chats britanniques, les diarrhées ne représentent que 3,2 % des consultations. Il peut donc ici y avoir suspicion de prédisposition ;
• suivent l'obésité (6,9 % des consultations), en particulier chez les mâles (prévalence significativement plus fréquente que chez les femelles, p=0,003), troisième en fréquence des consultations mais quatrième pour le calcul de prévalence annuelle, derrière les troubles cutanés (7,8 %), en particulier liés au pelage (bourre à l'arrière des pattes).

Pas de confirmation de prédispositions antérieures

À noter que les femelles présentent des complications post-chirurgicales de manière significativement plus fréquente que les mâles (p<0,05), et que l'âge pour lequel il y a un pic d'occurrence de ce phénomène est de 1,7 ans. Le pic de troubles rénaux est lié à la fin de vie (première cause d'euthanasie renseignée, les euthanasies représentant plus de 90 % des décès renseignés). Par ailleurs, 12 des 15 troubles les plus fréquents sont statistiquement associés à un âge avec un pic d'occurrence. Seuls les troubles associés aux griffes, les troubles respiratoires et les traumatismes sont indépendants de l'âge. Les auteurs relèvent que les troubles les plus prévalents dans cette étude ne sont pas ceux qui avaient été identifiés comme potentiellement liés à cette race (prédisposition) dans les études publiées jusqu'ici. Ces études ont pu être biaisées, en particulier parce qu'elles portent sur des populations récentes de ragdoll (essor récent) et donc non représentatives de toutes les classes d'âge. Ainsi, ils estiment que « la race ragdoll semble globalement représentative, en termes de troubles et de mortalité par cause spécifique, des chats de race pure en général au Royaume-Uni ».