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Elanco & Proplan

19 juin 2024

La giardiose canine et féline : fortes prévalences chez les chiots et les chatons

par Pascale Pibot

Temps de lecture  5 min

La prévalence de la giardiose canine semble atteindre un pic vers l'âge de 4 mois d'après les résultats de cette étude (cliché Pixabay).
La prévalence de la giardiose canine semble atteindre un pic vers l'âge de 4 mois d'après les résultats de cette étude (cliché Pixabay).
 

La giardiose est une maladie parasitaire causée par un protozoaire flagellé (Giardia duodenalis) qui se reproduit dans l'intestin grêle et perturbe la digestion. Cette parasitose entraîne des gastro-entérites aiguës chez de nombreuses espèces animales, notamment le chien et le chat. Une large étude parasitologique russe réalisée dans la région de Moscou a évalué la prévalence de la maladie en fonction de l'âge des animaux, en précisant quelles étaient les modifications des selles associées à la giardiose.

Des signes cliniques de malabsorption

La présence de G. duodenalis dans l'intestin grêle perturbe le fonctionnement de la muqueuse intestinale et les signes cliniques de l'infection traduisent le syndrome de malabsorption qui en découle. Les symptômes les plus fréquents sont la diarrhée, les vomissements, les douleurs abdominales, la déshydratation, l'anorexie et la perte de poids. Tous ces symptômes de giardiose peuvent se développer sur un mode aigu ou chronique. Des cas asymptomatiques sont également rapportés.

L'âge, l'état du système immunitaire, le régime alimentaire, le génotype de G. duodenalis impliqué, la charge parasitaire et les éventuelles infections gastro-intestinales concomitantes sont autant de facteurs qui modulent la sévérité de l'expression clinique.

Une étude à grande échelle sur 4 ans

Entre 2018 et 2022, des prélèvements de selles ont été réalisés chez des chiens et des chats présentés à des vétérinaires de Moscou, tous motifs de consultation confondus. Une diarrhée n'était pas un critère particulier de recrutement. Les analyses coprologiques ont été réalisées par le même laboratoire, sur 2761 prélèvements de selles canines et 1579 prélèvements de selles félines.

Ces prélèvements fécaux ont été traités par la méthode de flottation, après lavage à l'eau et centrifugation dans une solution de sulfate de zinc (ZnSO4). L'examen microscopique a ensuite été réalisé aux grossissements x 10 et x 40.

Les jeunes animaux sont les plus touchés

Les taux de prévalence de la giardiose canine et féline issus de cette étude concordent avec les résultats d'études précédentes. Et cette prévalence dépend beaucoup de l'âge des animaux.

  • Le taux d'infection par G. duodenalis est de 18,2 % (215/1182) chez les chiens âgés de 1 à 12 mois, tandis qu'il est de 3,8 % (60/1579) chez ceux de plus de 12 mois.
  • Chez les chats, le taux d'infection est de 7,8 % (48/615) chez les individus âgés de 1 à 12 mois, mais de 3,35 % (33/994) chez ceux de plus de 12 mois.

Une analyse mois par mois a été réalisée sur les animaux de moins d'un an. Aucune relation statistiquement significative entre l'âge et la prévalence de l'infestation chez les chatons n'a été mise en évidence, contrairement aux chiots. Chez ces derniers en effet, entre l'âge de 2 et 9 mois, la prévalence moyenne varie de 18,5 % à 23 %, mais le maximum (27,6 %) est observé à l'âge de 4 mois. À l'âge de 12 mois, la prévalence moyenne (3,6 %) est statistiquement très inférieure aux chiffres précédents.

La sensibilité élevée des jeunes animaux est probablement liée à l'absence d'immunité spécifique contre cette parasitose, celle-ci se développant progressivement avec l'âge.

Une étude italienne publiée en 2022 avait aussi montré que la prévalence de Giardia augmente beaucoup lorsque les chiots vivent dans des effectifs importants. Des kystes de G. duodenalis avaient ainsi été identifiés chez 72,7 % des chiots de moins de 6 mois vivant dans des refuges.

Anomalies coprologiques

Ici, chez les animaux dont les selles contenaient des kystes de Giardia, les anomalies coprologiques les plus fréquentes concernaient la consistance et l'odeur des selles.

  • Des selles molles étaient produites par 24,4 % des chiens (67/275), des selles pâteuses par 27,6 % (76/275), et une odeur âcre des selles était présente dans 36,4 % des prélèvements (100/275).
  • Chez les chats, les chiffres respectifs étaient de 37,8 % (31/82), 25,6 % (21/82) et 19,5 % (16/82).

Dans les deux espèces, environ un quart des animaux pourtant excréteurs de kystes de Giardia présentaient des selles de texture et d'odeur normales. Cette proportion étonnament élevée est à associer au protocole d'étude dans lequel un unique prélèvement de selles était réalisé pour chacun des chiens et des chats inclus. Des examens coproscopiques répétés auraient sans doute pu aboutir à des résultats différents. D'autres études corroborent toutefois l'existence d'excréteurs asymptomatiques.

La giardiose est une zoonose

Les résultats de cette étude suggèrent que la prévalence de G. duodenalis est forte chez les chiens et les chats dans une grande ville comme Moscou, et confirment que les chiots et les chatons de moins d'un an sont les plus vulnérables.

Dans la plupart des cas, les chiens et les chats sont infectés par des génotypes de G. duodenalis spécifiques à leur espèce, mais les génotypes A et B, également présents chez l'homme, sont parfois identifiés lors de giardiose canine ou féline. Il existe donc un risque de transmission zoonotique, en particulier lorsque les animaux sont asymptomatiques, car ils peuvent excréter des kystes dans l'environnement extérieur pendant une longue période.

Selon les auteurs, un contrôle coproscopique régulier des chiots et des chatons de moins de 12 mois, y compris ceux en bonne santé apparente, est donc conseillé pour repérer une éventuelle infection par G. duodenalis. Outre le fait que ces examens permettraient d'identifier et de traiter les animaux atteints de giardiose (clinique ou asymptomatique), la collecte des données donnerait l'occasion de mieux quantifier la prévalence actuelle de la giardiose canine et féline, puis de mettre au point des mesures préventives efficaces.