titre_lefil
Elanco & Proplan

16 septembre 2015

La caméra thermique : un futur outil de dépistage des tumeurs mammaires canines

par Agnès Faessel

Thermogramme d’un chien (source NASA).

Partant de l’hypothèse que les tissus cancéreux émettront une chaleur supérieure à celle des tissus sains, des universitaires brésiliens ont montré que la présence de tumeurs mammaires chez la chienne était visible par thermographie.

 
Thermogramme d’un chien (source NASA).
 

La thermographie pourrait aider à dépister la présence de tumeurs mammaires chez la chienne. Des vétérinaires brésiliens ont évalué cette technique diagnostique, à l'aide d'une caméra thermique, dans une étude prospective sur 50 chiennes, dont 20 atteintes. Ils ont montré que la température locale mesurée était supérieure chez celles-ci, indépendamment de la taille ou la localisation des nodules.

Leurs résultats sont publiés en libre accès dans le Journal of Veterinary Internal Medicine (publication en ligne le 19 août 2015).

50 chiennes stérilisées

Une caméra thermique enregistre les ondes de chaleurs émises. Elle ne voit pas au travers des tissus, mais elle détecte le flux thermique d’une surface lorsqu’une source de chaleur est présente derrière elle. Hors, les tissus cancéreux émettent pour certains plus de chaleur que les tissus sains.

Les auteurs de l’étude, du département vétérinaire de l’Université de Curitiba au Brésil, ont donc recruté 50 chiennes, toutes stérilisées. La présence de tumeurs mammaires a été confirmée (par histologie) chez 20 d’entre elles (moyenne d’âge : 8 ans). Les 30 autres constituent le groupe sain témoin (moyenne d’âge : 6 ans).

Mesure à 0,07°C près

Un thermogramme des chaînes mammaires est effectué sur chaque animal à l’aide d’une caméra thermique. Celle-ci « photographie » individuellement chaque glande mammaire (droite et gauche) : thoraciques (crâniale et caudale), abdominales (crâniale et caudale) et inguinale.

Le degré de sensibilité de la caméra est de 0,07°C.

Différence moyenne de 2,79°C

Image thermographique des glandes mammaires abdominales crâniales d’une chienne saine. La température moyenne est de 33,4°C côté gauche (Ar1) et 34,2°C côté droit (Ar2). Source : Pavelski et al. JVIM 2015.

La température est plus élevée, 38,8°C en moyenne, sur cette chienne présentant une tumeur des glandes abdominale caudale et inguinale à droite. Source : Pavelski et al. JVIM 2015.

Dans le groupe témoin, les résultats montrent une température moyenne significativement plus élevée – d’environ 1°C – des glandes les plus caudales (abdominale caudale et inguinale), comparé aux glandes thoraciques. Les auteurs ont donc groupé les données en deux séries : les glandes « crâniales » (thoraciques et abdominales crâniales) et les glandes « caudales » (abdominales caudales et inguinales).

Et leurs mesures sont significativement différentes entre les chiennes saines et celles présentant des tumeurs. Toute série confondue, la température moyenne est de 35,07°C versus 37,86°C, soit un écart de 2,79°C.

En revanche, aucune différence significative n’est notée selon la taille ou la localisation des tumeurs.

Conditions de mesure drastiques

Les auteurs de l’étude sont enthousiastes de leurs résultats. Ils alertent cependant sur le déroulement pratique de l’examen afin d’éviter les artéfacts : pièce à température ambiante contrôlée, où l’animal est placé durant au moins 15 minutes avant la mesure, etc. Et seul un cas de tumeur bénigne était présent dans leur échantillon. Tous les autres cas étant des tumeurs malignes (essentiellement des adénocarcinomes).

La thermographie est une technique d’imagerie médicale indolore et peu invasive. Elle s’utilise chez l’homme en angiologie, rhumatologie, chirurgie, médecine sportive, oncologie. Chez la femme en particulier, elle est parfois proposée en complément de la mammographie, pour le dépistage précoce des cancers du sein. La perspective d’une déclinaison vétérinaire n’en est ici qu’à ses débuts.