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Elanco & Proplan

6 janvier 2023

Chez les chats aussi, la première cause de mortalité (hors traumatismes) est le cancer

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Une étude américaine sur les causes de décès avérées par autopsies (chats médicalisés et hors traumatisme) montre que les premiers tueurs de chats sont les cancers, devant les infections (cliché : Jana Weiss).
Une étude américaine sur les causes de décès avérées par autopsies (chats médicalisés et hors traumatisme) montre que les premiers tueurs de chats sont les cancers, devant les infections (cliché : Jana Weiss).
 

En France, le cancer est la première cause de mortalité chez l'Homme et la seconde chez la femme, selon Santé Publique France. Pour le chat, il semblerait bien qu'il en soit de même, selon une étude américaine qui s'est intéressée à la cause de la mort de plus de 3 000 chats autopsiés sur 30 ans à l'UC Davis (USA).

Pas de morts à l'admission

L'étude ne concerne évidemment que les chats médicalisés : la recherche a été réalisé rétrospectivement sur les dossiers médicaux des chats ayant consulté la clinique universitaire d'UC Davis de 1989 à 2019. N'ont été sélectionnés que les dossiers liés à une autopsie réalisée par le service d'anatomopathologie de l'université. Les sujets admis décédés à l'arrivée ont été écartés, même s'ils ont été autopsiés, ce qui écarte les traumatismes. L'approche est donc biaisée, mais reste informative. Le résultat de l'autopsie pouvait attribuer la cause de décès à l'un des 15 systèmes d'organes (y compris systémique ou inconnu), l'une des 10 catégories pathophysiologiques (inflammation, infectieuse, dégénérative, congénitale, etc.) et il était également mentionné s'il y avait présence d'un cancer, d'une modification cardiaque ou rénale, ou d'hyperthyroïdie. Les auteurs ont disposé de dossiers complets pour 3 108 chats. Ils ont réalisé environ 100 autopsies par an sur cette période, soit 4,6 % des chats admis chaque année, une proportion se réduisant au fil des ans (p<0,0001). La grande majorité des sujets (84 %) étaient des Européens. L'âge médian au décès était de 4 kg, mais cela allait jusqu'à 15,45 kg !

Cancer : plus d'un décès sur trois

Pour l'essentiel, ces sujets ont été euthanasiés (83,5 %) et ils étaient alors plus âgés que ceux décédés “naturellement” (âge médian de 9,21 vs 8,27 ans, p<0,02). Le nombre de décès le plus élevé se produit avant 1 an d'âge, puis à 10 ans d'âge (pas de distribution normale). « La cause physiopathologique la plus fréquente de décès était le cancer (35,8 %), devant les causes infectieuses (17,5 %, [la péritonite infectieuse féline représentant 10,8 % des décès]) et des causes dégénératives (12,0 %) ». Un cancer était présent chez 41,3 % des chats (mais n'était pas forcément la cause du décès). Un peu plus d'un chat sur 10 à avoir une tumeur solide avait deux cancers (un sujet en avait même 5 types différents). Le type de cancer (unique) le plus fréquent était les tumeurs à cellules rondes (42,7 %), suivies des tumeurs d'origine épithéliale (38,8 %) et des tumeurs d'origine mésenchymateuse (15,1 %). Les auteurs calculent que « les chats décédés d'un cancer étaient les plus âgés [par rapport aux autres types d'affections], l'âge médian au décès étant alors de 11,4 ans pour tous les chats et de 11,6 ans pour les chats âgés de plus d'un an ».

Les reins, le cœur, la thyroïde

Les affections systémiques dominent (21,7 %), devant les atteintes urologiques (13,9 %), respiratoires (11,4 %), neurologiques (10,6 %) et gastro-intestinales (10,0 %). La plupart des chats (62,8 %) présentaient des lésions rénales, pour l'essentiel « une maladie tubulaire/interstitielle » n'étant pas à l'origine du décès. L'autre lésion pouvant être rencontrée était glomérulaire. De même, 27,9 % des chats présentaient « une forme de pathologie cardiaque », sans qu'elle soit la cause du décès. La modification la plus fréquente était la cardiopathie hypertrophique, devant l'endocardite. Et 17 % des chats présentaient une hyperthyroïdie.

Stérilisation et mode de vie

Les auteurs analysent ensuite les facteurs impactant la longévité des chats. Sans surprise, la stérilisation augmente l'espérance de vie des femelles comme des mâles (passant de 4-5 ans à 10-11 ans, p<0,00001). Pour le mode de vie, les chats vivant à l'extérieur ont une durée de vie plus courte (médiane à 7,3 ans) que les chats vivant uniquement à l'intérieur (9,4 ans, p=0,0001) ou que les chats ayant un accès permanent à l'intérieur (9,8 ans, p<0,0001). Les auteurs ont donc croisé ces éléments avec le statut des chats au regard des rétroviroses (statut connu pour 53 % des chats, 3,5 % de cet effectif étant FeLV+ et 6 % FIV %). Le statut FIV ne semble pas avoir d'effet sur la durée de vie. En revanche, pour les sujets de plus d'un an, « l'âge médian au décès d'un chat FeLV+ était de 4,3 ans, tandis que pour les chats FeLV-, il était de 9,42 ans, ce qui était significativement différent (p = 0,0001) ». Lorsqu'ils réalisent une analyse multivariée (variables indépendantes), les auteurs retrouvent les mêmes facteurs de risque : « le fait d'être FeLV+ (p<0,001) et d'être entier (p<0,0001) est associé à une diminution de la durée de vie. En revanche, le fait d'être une femelle stérilisée (p<0,0001) ou un mâle castré (p<0,0001) est associé à une survie plus longue ». Le fait de sortir ou non, le statut FIV et la race ne sont pas statistiquement associés à une durée de vie modifiée. Pour les auteurs, il est probable que les chats FIV+ sont maintenus à l'intérieur par leur maître, prolongeant ainsi leur espérance de vie.

Les auteurs préviennent que ces chiffres représentent peut-être une surestimation puisqu'il peut y avoir biais de recrutement par un hôpital universitaire, en particulier au cours des années 1990, lorsque les structures privées étaient moins développées, « sélectionnant ainsi une population en moins bonne santé ».