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16 décembre 2022
Mal payés, les vétérinaires espagnols souffrent plus de stress professionnel que leurs confrères en Europe
Si des enquêtes sur la qualité de vie professionnelle des vétérinaires ont déjà été réalisées au niveau européen, aucune étude n'avait encore été consacrée spécifiquement aux praticiens espagnols. C'est aujourd'hui chose faite, grâce à un collectif de psychologues de l'Université du Pays-Basque (Universidad del País Vasco / Euskal Herriko Unibertsitatea UPV/EHU, Espagne).
Dans leur étude, parue le 21 novembre dernier dans Vet Record, les chercheurs analysent les réponses de 602 vétérinaires hispaniques à un questionnaire en ligne portant sur la qualité de leur vie professionnelle. Les questionnaires ont été envoyés entre octobre 2021 et janvier 2022 aux vétérinaires inscrits auprès des instances professionnelles locales.
Les participants ont répondu à des questions portant sur leur vie personnelle : genre, âge, situation familiale, présence ou non d'un animal à leur domicile… Des renseignements sur leur vie professionnelle leur ont également été demandés : secteur d'activité, lieu d'exercice, statut (salariés ou indépendants), expérience professionnelle, horaires de travail, obligation ou non de faire des gardes, salaires…
Enfin, les vétérinaires pouvaient indiquer s'ils suivaient une psychothérapie et/ou prenaient des médicaments de type anxiolytiques ou antidépresseurs. Leur consommation de tabac, d'alcool ou de drogue était également évaluée. Les réponses ont toutes été anonymisées.
La majorité des participants de l'étude sont des femmes (74,1 %), dans des proportions représentatives de l'ensemble de la population vétérinaire espagnole. La plupart des vétérinaires vivent avec quelqu'un (conjoint, enfants, autres…) et possèdent au moins un animal à leur domicile (80,6 %).
Dans l'ensemble, ils ont entre 1 à 43 ans d'expérience. La quasi-totalité (91,4 %) soignent les animaux de compagnie. Et plus de la moitié (66,1 %) exercent leur métier en tant que salariés. La majorité (60,3 %) travaillent entre 20 et 40 heures par semaine. 7,6 %, moins de 20 heures. 32,1 %, plus de 40 heures.
Moins de 40 % (35,7 %) des praticiens effectuent des astreintes : 40 % d'entre eux, une fois par mois et 38,1 %, une fois par semaine
Quasiment tous les participants (93,2 %) aimeraient bénéficier de davantage d'autonomie dans la gestion de leur emploi du temps.
Enfin, 77,5 % des praticiens interrogés gagnent moins de 28 000 euros par an, un chiffre nettement en deçà à la fois du salaire moyen des vétérinaires en Europe (39 803 euros en 2019) et de celui des autres travailleurs diplômés en Espagne.
Le soutien de la famille, du conjoint et des collègues de travail est reconnu comme un facteur majeur de protection de la santé mentale. Il est particulièrement important en Espagne.
La très grande majorité des participants estime recevoir un support social et un support émotionnel « élevés » de la part de leurs proches (respectivement 86,7 % et 81,6 %). Ce soutien est considéré comme seulement « moyen » par les autres vétérinaires (respectivement 13,3 % et 18,4 %).
Dans cette étude, les chercheurs s'intéressent au niveau de satisfaction compassionnelle (SC) des vétérinaires espagnols, c'est-à-dire au plaisir qu'ils retirent de leur travail. Ils évaluent également les risques de stress traumatique secondaire (STS) et de burn-out (BO). Le stress STS s'observe généralement chez les travailleurs qui reçoivent des personnes en souffrance. Le burn-out (BO) est quant à lui lié à l'accumulation de stress. Il donne à la personne qui en est atteinte l'impression de ne plus avoir de prise sur les évènements et d'être épuisée émotionnellement.
Le niveau global de satisfaction SC des praticiens espagnols est légèrement plus bas et les niveaux de stress STS et de burn-out (BO) plus élevés que dans les autres pays ayant réalisé des enquêtes équivalentes auprès des vétérinaires. Nos confrères et consœurs hispaniques souffriraient donc davantage d'un stress en lien avec leur activité professionnelle.
Une précédente étude avait déjà montré que les vétérinaires espagnols étaient moins satisfaits de leur situation professionnelle que leurs confrères européens : 19 % de l'échantillon (380 vétérinaires) avaient même l'impression d'être en burn-out (Moorcock A. et all. Vet Survey 2021 report: understanding the veterinary profession).
Par rapport aux travailleurs du secteur de la santé humaine en Espagne, le niveau moyen de satisfaction SC des vétérinaires est aussi légèrement plus bas et les niveaux de stress STS et de burn-out (BO) légèrement plus élevés…
Dans cette enquête, les chercheurs n'observent pas d'influence du genre, de l'âge, des horaires de travail ou encore de la pratique d'euthanasies sur la satisfaction, le stress ou le burn-out.
Le salaire est ici la seule variable statistiquement significative. En effet, les vétérinaires dont les salaires sont les plus bas ont des niveaux de stress STS et de burn-out (BO) nettement plus élevés. La situation est inversée en ce qui concerne les salaires les plus hauts. Un résultat analogue avait déjà été obtenu dans une étude américaine publiée en 2021 (Ouedraogo et all. JAVMA 2021;258(11)1259-70).
Le pourcentage de vétérinaires bénéficiant d'une assistance psychologique et/ou prenant des anxiolytiques est plus élevé dans cette étude que dans le reste de la population. En effet, 21,8 % des praticiens déclarent bénéficier d'une thérapie individuelle. En se basant sur une étude indiquant que 4,61 % de la population espagnole suit une psychothérapie (données 2014), les chercheurs estiment donc que ce pourcentage est cinq fois plus élevé dans la profession vétérinaire.
Si la consommation d'anxiolytiques par les praticiens espagnols (12,8 % concernés), est environ deux fois plus élevée que dans le reste de la population, celle des antidépresseurs est 3 % plus basse. Cela semble indiquer que les participants de l'étude souffrent plutôt de troubles anxieux que de dépression. Dans d'autres pays également, la prise d'anxiolytiques était plus élevée chez les vétérinaires que dans le reste de la population.
Le risque de dépendance vis-à-vis de l'alcool est jugé « faible » chez 74 % des participants ; seulement 15,6 % d'entre eux fument et 4,7 % déclarent prendre des substances illicites (très rarement 35,7 % ; une fois par mois 21,4 % ; 1 à 5 fois par semaine 17,9 % et 6 ou plus par semaine 25 %).
L'ensemble de la profession n'apparaît donc pas ici comme un groupe à risque vis-à-vis de l'alcool, du tabac et des drogues. Les vétérinaires espagnols en difficulté préfèrent donc majoritairement s'appuyer sur leur entourage plutôt que d'utiliser des substances à risques !
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