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29 novembre 2022

Binôme ASV et vétérinaires : quelles perspectives

par Gregory Santaner

Temps de lecture  3 min

L'absence de perspective d'évolution dans leur métier est la principale cause de reconversion des ASV (image Pixabay).
L'absence de perspective d'évolution dans leur métier est la principale cause de reconversion des ASV (image Pixabay).
 

Dans un contexte de fortes tensions sur les ressources humaines vétérinaires, l'association Ergone avait décidé d'ouvrir cette année une session de son Forum annuel aux ASV.

Ainsi, une table ronde animé par Marie Tanguy (Dr Patounes) a permis de faire le point sur les fonctions des ASV au sein des établissements vétérinaires, à travers les témoignages de deux ASV (Julie Antonia et Stéphanie Evrard) et deux vétérinaires (Hélène Létard et Adeline Sitbon). L'événement a eu lieu au Musée des Confluences à Lyon le jeudi 13 octobre 2022.

Lors de cette table ronde, deux ASV et deux vétérinaires ont eu l'occasion d'échanger devant plus de 200 vétérinaires et ASV. De gauche à droite : Marie Tanguy (Dr Patounes), Stéphanie Evrard et Julie Antonia (ASV), Adeline Sitbon et Hélène Létard (vétérinaires). Cliché : Grégory Santaner.

 

Peu de perspectives d'évolution pour les ASV

Les échanges ont commencé après avoir présenté quelques constats issus de la thèse de doctorat vétérinaire d'Ariane Vasseur, qui explore les causes de reconversion des ASV.

Ainsi, les trois principales raisons identifiées sont les suivantes :

  • l'absence de perspectives d'évolution,
  • le manque de reconnaissance de la part des vétérinaires,
  • le salaire jugé insuffisant.

L'absence de perspectives d'évolution constitue ainsi la motivation principale pour quitter la profession d'ASV devant le manque de reconnaissance et les demandes salariales. Les quatre participants de la table ronde ont convenu qu'une fois atteint une sorte de niveau de compétences techniques maximal, il est effectivement difficile d'aller plus loin pour les ASV, faute essentiellement de législation adaptée.

Cependant, ce sont des évolutions de responsabilité sur les fonctions supports qui ont permis à Stéphanie Evrard et Julie Antonia, ASV de formation initiale, d'évoluer.

Intérêt des parcours complémentaires

Pour prétendre à leurs évolutions sur les fonctions supports, il leur a été utile de compléter l'expérience terrain qu'elles avaient par des formations complémentaires. Chacune a décrit son parcours et son évolution.

Pour Julie Antonia, c'est une licence en Gestion des organisations qui lui a permis d'obtenir un diplôme complémentaire de sa formation d'ASV, tandis que Stéphanie Evrard a complété son cursus et son expérience initiale par un diplôme de Community Manager.

Ces formations ont la particularité de ne concerner que des fonctions supports dans l'entreprise, en lien avec l'absence de cadre légal pour cette partie du travail des ASV dans les établissements vétérinaires.

En effet, si les limites du métier d'ASV dans les domaines techniques sont actuellement bien posées, il n'en existe pas concernant les fonctions supports telles que le management ou la communication. Cela laisse des pistes quasi infinies d'évolutions possibles pour les ASV.

Évolutions annoncées sur les aspects techniques

Cependant, des évolutions sur les aspects techniques du métier d'ASV sont envisagées. La reconnaissance de la réalisation de certains actes de médecine vétérinaire par les ASV nécessite toutefois de modifier la loi (précisément l'article L. 243-3 du code rural). Le temps parlementaire est presque toujours un temps long. Selon Adeline Sitbon, élue au CRO Bretagne, cette reconnaissance va prendre du temps, mais « elle est maintenant clairement sur la table ». Cette annonce a déclenché un murmure d'approbation dans le public, mêlant ASV et vétérinaires.

Des vétérinaires prêts à s'associer avec leur ASV ?

Les échanges se sont poursuivis lors d'une séance de questions/réponses au cours de laquelle un vétérinaire récemment diplômé a demandé aux 150 vétérinaires présents s'ils se sentaient prêts à envisager de s'associer avec un(e) ASV.

Le sujet a donné lieu au témoignage du Dr Deschamps, justement associé à Julie Antonia, l'une des intervenantes ASV, déclarant qu'il souhaitait cette association, laquelle matérialisait une preuve tangible de reconnaissance de son parcours. Julie a désormais un statut de cadre au sein de la clinique, et devrait continuer à évoluer.

La question a alors de nouveau été posée aux participants vétérinaires présents. Et une quinzaine d'entre eux ont levé la main pour signifier leur approbation à l'idée d'envisager l'association d'un(e) ou plusieurs ASV dans leur clinique, déclenchant un bruissement inédit dans les rangs de la cinquantaine d'ASV présents !