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10 septembre 2021

France : « très rare » infection des chiens et chats par le SARS-CoV-2, sauf lors d'isolement avec un maître infecté

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Une étude sur un an réalisée à VetAgroSup Lyon confirme que, chez les chiens et chats “tout venant”, l'infection par le SARS-CoV-2 est très peu fréquente. C'est moins vrai sur les animaux symptômatiques (cliché : Pixabay).
Une étude sur un an réalisée à VetAgroSup Lyon confirme que, chez les chiens et chats “tout venant”, l'infection par le SARS-CoV-2 est très peu fréquente. C'est moins vrai sur les animaux symptômatiques (cliché : Pixabay).
 

La transmission du SARS-CoV-2 au chien ou au chat du foyer reste « très rare » et quand elle se produit, c'est surtout le chat qui est concerné. Tel est le bilan d'une enquête prospective sur un an, d'avril 2020 à avril 2021, menée par plusieurs équipes de VetAgroSUp Lyon, de l'Inserm, de l'université de Caen et du Cirad de Montpellier, publiée début septembre.

Trois groupes d'animaux

L'étude a été réalisé à partir des chiens et chats consultant à VetAgroSup sur la période choisie, et ont été inclus dans l'étude :

  • soit parce qu'ils ne présentaient pas de signes cliniques ; ce groupe d'animaux a été divisé en deux sous-groupes : exposition récente connue au SARS-CoV-2 par leur entourage humain (groupe A1, n=10), ou pas d'exposition (ou exposition inconnue, groupe A2, n=311) ;
  • soit parce qu'ils présentaient des signes cliniques compatibles avec les descriptions connues de l'infection chez ces animaux à l'époque (groupe S, n=10). Tous ces animaux devaient avoir eu dans leur entourage une personne suspecte d'infection, ou confirmée (exposition probable).

Il y a eu au total 207 chiens et 130 chats inclus dans l'étude. Ils ont tous subi un écouvillonnage oropharyngé, et certains d'entre eux un écouvillonnage fécal. La recherche du génome viral était réalisée en RT-PCR quantitative, sur deux gènes du virus. Pour être positif, un échantillon devait être positif pour les deux qRT-PCR.

Quatre chats positifs, dont un variant anglais

Au total, les auteurs ont détecté quatre chats positifs, et deux sujets douteux (un chien et un chat, positifs pour une seule des deux qRT-PCR). Le seul chien du groupe à signes cliniques (groupe S) était négatif ; un seul des 9 chats a été trouvé excréteur du génome viral, avec une forte charge génomique  dans la cavité oropharyngée (valeurs de Ct entre 17 et 20) et de manière plus limitée dans les fèces. Ce chat de 1 an vivait en appartement sans accès extérieur, et ses deux maîtres avaient été trouvés positifs la semaine précédant le prélèvement, porteurs du variant dit anglais (ou B.1.1.7 ou alpha), et ils étaient à l'isolement dans ce même appartement depuis. Le chat n'a présenté que des éternuements, mais qui ont conduit à le présenter en consultation. Après le résultat de la PCR, il a été également isolé de ses maîtres dans l'appartement. Après 10 jours, son état était sans anomalie, et il avait séroconverti. Le séquençage du génome amplifié lors des RT-PCR a confirmé que le chat avait été infecté par le même variant dit anglais. Les souches de ses maîtres n'étaient pas disponibles pour comparaison. Il s'agit du premier chat français identifié comme infecté par ce variant.

Vieux chat résistant

Un seul chat a été trouvé positif dans le groupe asymptomatique exposé (groupe A1). Il s'agit d'une mâle castré de 15 ans vivant en appartement sans accès extérieur avec ses deux maîtres. L'un des maîtres a développé une Covid-19 début juillet 2020 et les propriétaires ont été confinées dans cet appartement (la seconde personne est restée non infectée). Le chat a été prélevé (écouvillon oropharyngé) à diverses reprises sur cette période et trouvé positif dès le 8e jour suivant l'apparition des signes cliniques de la propriétaire malade, et jusqu'au 14e jour. La charge génomique étant faible, le séquençage n'a pas pu être réalisé. L'animal est resté bien portant et séronégatif. Les deux chats positifs dans le groupe sans signe clinique et d'exposition inconnue (groupe A2) présentaient des charges génomiques faibles (Ct > 36,0) ; l'un d'entre eux était en contact exclusif avec son maître (l'autre avait été adopté récemment).

A titre de précaution

La durée de l'étude a permis aux auteurs de couvrir « les trois vagues d'infection humaine », expliquant probablement comment ils ont pu identifier 4 animaux positifs sur un peu moins de 340 testés, là où d'autres études réalisées en début de pandémie n'avaient pas trouvé trace d'exposition sur plus de 4 400 animaux. Les données confirment que l'exposition à des humains infectés est un facteur majeur dans l'infection des chats. A l'image des études antérieures, les animaux de compagnie sont donc infectés par leur entourage humain. L'excrétion du virus par les chats est « très rare chez les chiens ou chats asymptomatiques, suggérant que le risque de transmission à l'Homme est probablement négligeable » pour cette catégorie d'animaux. A l'inverse, « si l'animal provient d'un foyer avec des personnes positives ou qui l'ont été récemment, des mesures de protection s'imposent pour sa manipulation, à titre de précaution ».