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9 juillet 2018

Nouvelles AMM. Feu vert à des premières cellules-souches. Feu rouge pour d'autres…

par Eric Vandaële

Temps de lecture  6 min

Pas de consensus sur les cellules-souches
À la même réunion du 21 juin, l'Agence européenne du médicament a accordé, pour la première fois, un feu vert et un feu rouge à des cellules-souches destinées, dans les deux cas, à une thérapeutique régénérative équine.
Pas de consensus sur les cellules-souches
À la même réunion du 21 juin, l'Agence européenne du médicament a accordé, pour la première fois, un feu vert et un feu rouge à des cellules-souches destinées, dans les deux cas, à une thérapeutique régénérative équine.
 

C'est une première. L'Agence européenne du médicament (EMA) vient d'approuver, le 21 juin, un médicament à base de cellules-souches autologues « chondrogéniques » comme traitement des boiteries articulaires chez les chevaux. Mais, dans le même temps, et c'est aussi une première, la même agence a refusé d'autres cellules-souches dans une indication similaire. La preuve que les cellules-souches n'ont pas toutes les mêmes qualités, ni le même rapport bénéfice-risque.

Pas de consensus pour ou contre les cellules-souches

En fait, dans les deux cas, les cellules-souches n'ont pas fait consensus à cette réunion. Car les deux avis, favorable pour l'un et défavorable pour le second, ont été pris à la majorité des voix, et non par consensus comme c'est le plus souvent la règle au comité d'évaluation.

L'avis est favorable pour les cellules-souches mésenchymateuses (chondrogéniques) : Arti-Cell Forte°. À l'origine de ce développement, la jeune société belge fondée en 2012, Global Stem cell Technology (ou GST), s'est spécialisée dans les cellules-souches en thérapeutique équine. Elle est dirigée par des cavaliers ou des vétérinaires passionnés par les chevaux (voir ce lien). Pour le moment, toutes les cellules-souches produites par GST sont présentées comme encore en développement ou en essais cliniques. Arti-Cell Forte° est donc le premier médicament approuvé pour cette jeune société. Après cet avis favorable, l'AMM devrait être officiellement accordée dans les trois prochains mois.

« Médecine régénérative » et effet chondroprotecteur

Arti-Cell Forte° est constitué de cellules-souches mésenchymateuses dérivées du sang périphérique de chevaux avec un potentiel « chondrogénique ». Ces cellules-souches mésenchymateuses seraient capables de produire in vivo des composants du cartilage articulaire (collagène de type II et glycosaminoglycanes) avec « un effet chondroprotecteur ». Pour ces cellules-souches, GST évoque une « médecine régénérative ».

Selon le résumé d'avis de l'agence européenne, Arti-Cell Forte° sera indiqué dans les « boiteries légères à modérés d'origine articulaires et non infectieuses ». Après l'injection (probablement intra-articulaire), l'effet indésirable le plus fréquent serait une boiterie légèrement augmentée durant la première semaine post-injection, avec un œdème et une chaleur au site d'injection.

Refus d'AMM pour un laboratoire espagnol producteur

Toujours à la majorité des voix, l'agence européenne du médicament a donné un avis négatif à d'autres cellules-souches pour la médecine équine : Horse Allo 20°. Il s'agit cette fois de cellules-souches mésenchymateuses dérivées de tissus adipeux de chevaux. L'indication proposée était similaire à Arti-Cell Forte° : « le traitement des boiteries d'origine articulaire (arthrose) chez les chevaux adultes ».

La société Centauri Biotech à l'origine de la demande d'AMM peut déposer un recours pour demander le réexamen de son dossier d'AMM. Mais l'avis négatif porte tout à la fois sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité de Horse Allo 20.

Selon l'avis négatif de l'agence européenne, il était revendiqué pour ces cellules-souches mésenchymateuses des « propriétés anti-inflammatoires, immunomodulatrices et régénératives » associées aux composés synthétisés et sécrétés par ces cellules.

La société espagnole Centauri Biotech est très différente de la précédente. Elle propose déjà aux vétérinaires espagnols de produire des cellules-souches autologues à partir d'un prélèvement de l'animal à traiter. Cette société semble davantage active pour le traitement des chiens que des chevaux. Elle présente sur son site web différents cas cliniques de chiens traités par les cellules-souches (voir ce lien).

Premier générique de Cortavance°

À la même réunion, il a été approuvé par consensus le premier générique de Cortavance° (Virbac) sous le nom de Cortacare° du laboratoire belge Ecuphar. Ce spray d'acéponate d'hydrocortisone, un dermocorticoïde, est indiqué chez les chiens pour le « traitement symptomatique des dermatoses prurigineuses ou inflammatoires ».

Le résumé d'opinion de l'Agence européenne signale d'ailleurs les mêmes effets indésirables que ceux mentionnés dans la notice de Cortavance° : « des réactions locales transitoires au site d'application, érythème et/ou prurit, dans de très rares cas [< 0,01 %] ».

Une extension d'indication de Pexion° aux chiens peureux

Autorisés depuis 2013, les comprimés d'imépitoïne Pexion° de Boehringer Ingelheim sont indiqués chez les chiens épileptiques. Une extension d'indication a été approuvée par consensus aux chiens peureux. La nouvelle indication serait « la réduction de l'anxiété et de la peur associées aux bruits chez les chiens phobiques ». À ce stade de l'avis favorable, il n'est pas encore précisé si la dose est modifiée par rapport à posologie retenue pour contrôler les chiens épileptiques (10 à 30 mg/kg, deux fois par jour). Le résumé officiel des caractéristiques du produit (RCP) devrait être modifié dans un délai de trois mois pour intégrer officiellement la nouvelle indication. Depuis trois ans, un gel buccal de dexmédétomidine (Sileo°, Orion) bénéficie déjà d'une AMM centralisée dans une indication similaire pour les chiens peureux. Ce gel est aujourd'hui commercialisé par Zoetis.

Premier vaccin contre les mammites à Strepto uberis

À la réunion précédente, un nouveau vaccin d'Hipra contre les mammites à Streptococcus uberis des vaches — Ubac° — a été approuvé à la demande d'Hipra. Le laboratoire espagnol complète ainsi sa gamme de vaccins inactivés contre les mammites qui comprend déjà StartVac° chez les vaches (E. coli et staphylocoques) et Vimco° chez les brebis et chèvres (St. aureus).

Ubac° sera indiqué pour réduire :

  • « L'incidence des mammites cliniques à Streptococcus uberis,
  • Les taux cellulaires (mammites subcliniques) dans les quartiers infectés à Str. uberis,
  • Les pertes de lait dues aux infections mammaires à Str. uberis ».

Ces bénéfices ont été démontrés dans des études expérimentales et dans des essais terrain selon le résumé d'opinion diffusé par l'agence européenne. Le vaccin est fabriqué à partir d'une souche de Streptococcus uberis. Il contient un acide lipoteichoïque, un constituant des parois des bactéries Gram positif, présent aussi dans le biofilm : le « biofilm adhesion composant », d'où l'acronyme BAC probablement à l'origine du nom commercial Ubac°.

La primovaccination des vaches comprend deux doses. L'immunité apparaît dans les 36 jours suivant la seconde injection, pour une durée de 5 mois de lactation.

Le résumé de l'EMA signale aussi comme effet indésirable éventuel « une réaction locale au site d'injection et une hyperthermie transitoire ». L'AMM étant en cours de notification, ce vaccin n'est pas encore commercialisé.

Avis négatif sur l'éprinomectine injectable longue action

Pour les bovins, l'agence européenne a adopté un avis négatif sur une formulation injectable longue action d'éprinomectine — Longrance° — développée par Merial. Cette formulation injectable longue action était concentrée à 50 mg/ml d'éprinomectine, soit 2,5 fois plus que la solution injectable à 20 mg/ml Eprecis° commercialisée par Ceva.

Cet avis négatif est motivé par des questions d'écotoxicité probablement liées à cette formulation longue action.

Un vaccin FCO multisouches avec le sérotype 2

Merial a par contre obtenu l'ajout du sérotype 2 à son vaccin BTVPur° multisouches avec déjà un choix possible sur trois sérotypes, 1, 4 et 8, du virus de la fièvre catarrhale ovine (FCO). Avec ce vaccin « multisouches » pour bovins et ovins, il est possible d'adapter la composition antigénique au contexte épidémiologique avec une combinaison aujourd'hui d'au maximum deux sérotypes sur les quatre sélectionnés. Aujourd'hui le sérotype 2 n'est présent dans l'UE qu'en Corse et au sud de l'Italie. En Corse, la vaccination est obligatoire contre les sérotypes 1 et 4, mais, à ce jour, pas contre le sérotype 2.