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22 février 2018

Un collyre pour faire vomir les chiens. Le méloxicam bientôt pour les cobayes

par Eric Vandaële

Temps de lecture  4 min

L'Agence européenne du médicament a approuvé un dopaminergique par voie oculaire, le ropinirole (Clevor°, Orion), comme émétique pour les chiens. Photo : toutoupourleschiens.com
L'Agence européenne du médicament a approuvé un dopaminergique par voie oculaire, le ropinirole (Clevor°, Orion), comme émétique pour les chiens. Photo : toutoupourleschiens.com
 

Un collyre pour faire vomir ? Pourquoi pas. Le comité vétérinaire de l'Agence européenne du médicament vient d'approuver, par consensus, un tel médicament inédit pour les chiens. Clevor°, c'est son nom commercial, est un collyre de ropinirole destiné à faire vomir les chiens par une absorption oculaire. Le laboratoire finlandais Orion est à l'initiative de ce développement original. L'intérêt de la voie oculaire est sans doute de faciliter l'administration chez les chiens intoxiqués présentant des signes de convulsion. Ce médicament n'est toutefois pas encore autorisé. Il le sera lorsque cette approbation sera transformée en décision d'AMM par la Commission européenne dans un délai habituel de deux à trois mois, sauf dépôt d'un recours. Pour la France, le Finlandais Orion confie la distribution de ses gammes à d'autres laboratoires comme Vétoquinol (Domitor°, Dexdomitor°, Antisedan° ou Domosedan°) ou Zoetis (Sileo°).

Le ropinirole, dopaminergique comme l'apomorphine

En France, la solution injectable d'apomorphine (Emedog°, TVM) est, depuis 2015, le seul médicament indiqué chez le chien comme vomitif. Le nouveau principe actif, le ropinirole, a un mode d'action similaire ou identique à l'apomorphine. Il fait vomir grâce à une action dopaminergique dans le système nerveux central. Les deux substances agissent en stimulant des récepteurs à la dopamine situés dans la « chemoreceptor trigger zone (CTZ) » à proximité du centre du vomissement.

Le collyre dosé à 30 mg/ml est conditionné en flacons unidoses (sans précision à ce stade  sur la posologie). Clevor° ne semble pas être encore autorisé aux USA ni dans d'autres pays du monde.

L'Agence européenne du médicament signale comme effets indésirables de ce collyre, des signes oculaires (rougeur, larmes, protrusion de la troisième paupière, blépharospasme) ainsi qu'une tachycardie et une léthargie légère et transitoire.

En médecine humaine, des comprimés de ropinirole sont autorisés depuis 1996 contre la maladie de Parkinson à des dosages compris entre 0,25 mg et 8 mg par comprimé (Requip° et génériques). Les substances dopaminergiques apparaissent en effet utiles pour limiter de l'évolution de cette maladie.

Le méloxicam pour les cobayes en postopératoire

À la même réunion du 13 au 15 février, l'agence européenne a aussi approuvé une extension d'indication aux cobayes du méloxicam de la gamme princeps Metacam° (Boehringer Ingelheim). Cet AINS sera indiqué chez les cobayes en « analgésie post-chirurgicale, pour lutter contre les douleurs faibles ou modérées consécutives à une chirurgie des tissus mous ou à une castration ». À ce stade, il n'est pas encore précisé quelle forme galénique de méloxicam est indiquée chez les cobayes, probablement une solution injectable. La Commission européenne devrait officialiser cette extension d'indication dans les prochains mois. Il s'agira alors du premier AINS indiqué par voie générale pour les cobayes.

La gamme princeps de méloxicam Metacam° est déjà indiquée chez les chiens, les chats, les chevaux, les bovins et les porcins. Le méloxicam a aussi des limites maximales de résidus (LMR) fixées de longue date chez les lapins. Mais, pour le moment, aucune indication n'a encore été approuvée chez les lapins de chair ou de compagnie.

Un nouveau vaccin VHD variant pour les lapins de compagnie

Autre extension d'indication : le vaccin Eravac° (Hipra) contre la maladie hémorragique virale (VHD) du lapin (virus variant ou de type 2) est autorisé depuis septembre 2016 avec des indications restreintes aux lapins de chair et des présentations commercialisées en 10 doses (5 ml) ou 40 doses (20 ml). L'agence vient désormais d'approuver son extension aux lapins de compagnie (lapins nains inclus) et aux lapines gestantes. Le délai d'apparition de l'immunité contre le virus variant de la VHD est de 7 jours après une seule injection SC.

Credelio° Chat en cours d'enregistrement

L'ordre du jour de cette réunion du comité vétérinaire de cette agence prévoyait une évaluation intermédiaire de la demande d'extension aux chats des comprimés Credelio° (Elanco) à base de lotilaner, mais sans l'adoption d'un avis finalisé. L'extension de cet antiparasitaire externe devrait être associée à l'ajout de nouveaux dosages adaptés de comprimés pour les chats.

Le pentosane injectable abandonné contre l'arthrose

Au chapitre des mauvaises nouvelles, l'Agence européenne du médicament signale l'abandon de la demande d'AMM centralisée de Zydax° développé par un petit laboratoire australien Parnell spécialisé dans les médicaments innovants en santé animale. Zydax° est un médicament injectable de polysulfate de pentosane sodique destiné à lutter contre la dégénérescence arthrosique. Sur son site, Parnell présente Zydax° comme un médicament qui permet de lutter précocement contre le processus arthrosique, à l'inverse des AINS qui ne combattent que les signes cliniques de l'arthrose, surtout la douleur arthrosique. Le pentosane serait une sorte de glycosaminoglycane naturel.

Le protocole thérapeutique proposé par Parnell, et non approuvé en Europe, comprend une injection par semaine pendant 4 semaines et, si nécessaire, une seconde cure d'un mois de quatre injections trois à six mois plus tard.

Zydax° était aussi en cours d'enregistrement aux USA depuis plusieurs années. Mais la FDA estime que les données cliniques sont insuffisantes pour permettre de l'autoriser. Du fait de ces revers en santé animale, Parnell oriente désormais le développement de son produit sur lequel il avait mis beaucoup d'espoirs, vers la médecine humaine. Les ventes mondiales de Parnell, aux alentours de 15 à 18 millions d'euros, ne permettent pas d'envisager ce développement sans un partenariat avec un laboratoire pharmaceutique humain.