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Elanco & Proplan

12 juin 2025

Comment faire administrer un collyre à un chien : en faisant revenir le propriétaire avant 15 jours

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Administrer des gouttes ophtalmiques peut être complexe en pratique pour le propriétaire (cliché American Kennel Club).
Administrer des gouttes ophtalmiques peut être complexe en pratique pour le propriétaire (cliché American Kennel Club).
 

Les collyres font partie des indispensables dans l'arsenal thérapeutique vétérinaire pour le traitement des affections oculaires. Mais le travail du praticien ne s'arrête pas à la prescription. Car ces traitements locaux sont parfois à administrer plusieurs fois par jour, sur des durées de plusieurs semaines voire plusieurs mois. Et leur efficacité repose donc en partie sur la capacité du propriétaire à respecter la prescription dans le temps.

Afin de trouver les moyens de favoriser cette observance, une équipe de chercheurs et de cliniciens japonais en a étudié les facteurs d'influence. Elle publie ses résultats en libre accès dans Veterinary Ophthalmology.

102 propriétaires, faible ou forts observants

En médecine humaine, 4 types de facteurs sont distingués selon qu'ils sont relatifs au patient, à son environnement, au médicament et au fournisseur (pharmacien). Cette étude les a donc adaptés à la pratique vétérinaire.

Un questionnaire a été adressé à des propriétaires de chiens clients d'une clinique vétérinaire spécialisée en ophtalmologie. Lors de leur retour en consultation de suivi, ils étaient invités à le compléter. Les questions portaient initialement sur les explications reçues au moment de la prescription. Les personnes étaient interrogées aussi sur le nom de la maladie, le nom du ou des produits utilisés, sur le protocole de traitement (nombre de gouttes et nombre d'applications quotidiennes) et sa réalisation pratique, ces informations étant comparées ensuite au détail de la prescription. Une partie du questionnaire portait sur la personnalité du chien, l'éventuelle gêne manifestée après administration, la contention nécessaire, l'expérience antérieure du propriétaire. Enfin, le propriétaire exprimait son degré de satisfaction envers les explications reçues et les produits utilisés. La gêne post-administration a été exclue ultérieurement de l'analyse car plus de la moitié des participants l'ont observée pour tous les collyres. D'autres données étaient extraites des dossiers médicaux des chiens.

Au total, 102 réponses exploitables ont été retenues. Et les répondants ont été séparés en forts observants (n=71) ou faible observants (n=31) selon qu'ils avaient respecté ou non la prescription (nombre d'instillations quotidiennes).

4 catégories de facteurs examinés

Les facteurs d'influence étudiés étaient donc séparés en 4 catégories, liés,

  • À l'animal : âge, sexe, poids, caractère (actif, amical, timide, nerveux, colérique, mordeur), nombre de personnes nécessaires pour sa contention ;
  • À l'environnement : expérience antérieure du propriétaire, personnes disponibles pour effectuer seules le traitement, capacité à nommer la maladie du chien, durée durant laquelle le chien reste seul ;
  • Au traitement : type de maladie (atteinte de la cornée, de la paupière, du cristallin, de la rétine, glaucome, uvéite), nombre de collyres, protocole de traitement ;
  • Au vétérinaire : délai (en jours) avant la consultation de suivi ; les explications reçues et la satisfaction du propriétaire ont été exclues car recevant trop peu de réponses ou des réponses similaires.

Peu de paramètres significatifs

L'analyse identifie initialement trois paramètres associés au groupe de propriétaires (faible ou forts observants) :

  • L'expérience passée du maître, liée à une meilleure observance ;
  • Le nombre de collyres prescrits, qui lui est directement corrélée (3 en médiane dans le groupe des forts observants contre 2 dans l'autre) ;
  • Et le délai avant la consultation de suivi, qui la favorise lorsqu'il est raccourci.

Toutefois, dans l'analyse multivariée, le nombre de médicaments prescrits n'est plus d'influence significative. L'expérience antérieure du propriétaire le demeure (avec un odds ratio de 3,1), de même qu'une consultation de contrôle dans les 2 semaines suivantes (odds ratio de 5,2). Ainsi, 63 des 71 propriétaires du groupe forts observants avaient reconsulté dans les 15 jours, contre 18 des 31 chez les faibles observants. Et 75 % des forts observants étaient expérimentés, contre 52 % des faibles observants.

Assez étonnamment, aucun des autres facteurs testés n'est significativement corrélé à l'observance, en particulier ceux liés au tempérament du chien, ou au nombre d'application quotidienne. Bien entendu, le format de l'étude, basée sur du déclaratif, représente probablement un biais dans les réponses obtenues. Et dans tous les cas, une visite de contrôle était programmée, ce qui a pu globalement favoriser la mise-en-œuvre du traitement. L'âge du propriétaire n'était pas pris en compte, ni la gravité de la maladie oculaire ou la durée du traitement, ce qui est regrettable selon les auteurs.

Exercer le propriétaire et le revoir rapidement

En pratique, il apparaît important de familiariser le propriétaire (et le chien !) à l'instillation d'un collyre, en le lui faisant faire par exemple lors du diagnostic, et de proposer une visite de suivi dès 15 jours, afin de favoriser le respect de la prescription. Un suivi téléphonique ou par messagerie pourrait aussi se révéler utile afin de contrôler la bonne marche du traitement et répondre aux difficultés le cas échéant.