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7 décembre 2016

Tabagisme passif : nocif pour les animaux de compagnie aussi

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Le tabagisme passif est nocif pour l'entourage des fumeurs, animaux inclus. La FDA (USA) recense sur une page dédiée les effets sanitaires connus pour les différentes espèces de compagnie.
Le tabagisme passif est nocif pour l'entourage des fumeurs, animaux inclus. La FDA (USA) recense sur une page dédiée les effets sanitaires connus pour les différentes espèces de compagnie.
 

« ‘Qu'est-ce que le tabagisme peut faire à mes animaux de compagnie ?' Cela a fait l'objet de recherches scientifiques, dont le volume est moins abondant que chez l'Homme, toutefois cela éclaire sur les effets de l'exposition des animaux de compagnie au tabagisme passif ». La Food and Drug Administration (FDA), a récemment ouvert une page d'information consacrée à l'effet du tabagisme sur les animaux, dans l'objectif de sensibiliser les fumeurs, où elle fait les questions et les réponses.

Passé l'angle d'attaque, assez déroutant (« aux USA, un non-fumeur sur quatre et deux enfants sur cinq sont exposés aux effets du tabagisme passif. Cela fait 58 millions de personnes (…) et si 58 millions d'adultes et enfants sont exposés, imaginer combien cela fait d'animaux de compagnie exposés »), c'est une synthèse bibliographique qui est présentée, pour chaque espèce animale.

Chiens : question de museau

Ainsi, pour les chiens, le tabagisme passif aggrave, voire exacerbe les toux chroniques, sur les chiens non brachycéphales (ces derniers avaient été exclus de l'étude). Une autre étude, réalisée sur 15 yorkshires dont les propriétaires fumaient au moins 20 cigarettes par jour retrouve un paramètre observé chez les fumeurs : les nombres de macrophages alvéolaires et de lymphocytes étaient augmentés chez les chiens exposés, par rapport aux 15 Yorkshire de non fumeurs (p<0,05). Mais l'effet de la fumée dépend « de la longueur du museau du chien, qui fonctionne comme un filtre à particules ». À long museau, long filtre donc, et « le risque de cancer du nez est doublé chez les races dolichocéphales, comme les Greyhound, Barzoïs ou Pinschers ». De plus, cette troisième étude avait aussi montré que chez les chiens à long museau, il y avait - en plus - un sur-risque de cancer (à nouveau doublé) à vivre chez des ‘gros fumeurs'. À l'inverse, les races à museau court ou moyen sont plus à risque de cancer du poumon lors d'exposition tabagique (moins de particules retenues par les voies aériennes supérieures).

Chats : question de langue

Du fait de leur comportement de léchage, les chats sont doublement exposés au tabagisme passif : par l'inhalation de particules mais aussi par le dépôt de ces dernières à la base de la langue (léchage). Une publication trouve un risque de carcinome épidermoïde de la cavité buccale doublé par rapport aux chats non exposés, mais sans atteindre de différence significative. Chez l'Homme, le carcinome épidermoïde est associé à une forte consommation d'alcool et de tabac. Une autre publication identifie, elle, un sur-risque significatif (x 2,4) de lymphome malin. La Pre d'oncologie Margaret McEntee (Cornell University's College of Veterinary Medicine) indique aussi que le tabagisme passif induit un sur-risque de lymphome gastro-intestinal, sur le site de son unité.

Les guppies, aussi

Suit une compilation de données pour d'autres espèces animales :

  • les oiseaux, « sensibles à la pollution de l'air », risquent de développer des « sinusites, pneumonies, allergies, cancer des poumons, picage, problèmes oculaires, cardiaques, de fertilité » ;
  • les cobayes, pour lesquels une exposition de 6 mois au tabagisme de leur propriétaire a favorisé l'enphysème et l'hypertension pulmonaires ;
  • les poissons d'ornement ne sont pas épargnés : « la nicotine est très soluble dans l'eau » et ils y sont particulièrement sensibles. Elle peut être introduite massivement dans l'aquarium lorsque la pompe à air est enfumée. Une exposition d'une heure dans une pièce enfumée suffit à provoquer une mortalité élevée chez des guppies, selon une synthèse sur les accidents toxiques chez les poissons.

Sans surprise, la FDA présente ces éléments pour sensibiliser les lecteurs en ligne et les engager à s'arrêter de fumer. Elle ne reprend toutefois pas l'argument développé par la Pre d'oncologie vétérinaire Clare Knottenbelt (université de Glasgow, UK) lors d'une communication au congrès BSAVA de 2013. Elle soulignait le rôle de sentinelle des animaux de compagnie, car « les fumeurs ne verront pas les conséquences du tabagisme passif sur leurs enfants avant de nombreuses années ; c'est beaucoup plus rapide [à se manifester] chez les chiens ou chats ». Elle conseille aux praticiens d'évoquer le sujet du tabagisme lors de la visite vaccinale, « parce que lorsque c'est évoqué en consultation d'oncologie [vétérinaire], il est trop tard »