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11 juillet 2016

Nouveau cas de rage chez une chauve-souris à Fontenay-le-Comte (Vendée)

 

par Eric Vandaële

Temps de lecture  4 min

Répartition des cas de rage de chiroptères en France entre 1989 et 2014
Des cas de rage autochtones chez les chauves-souris sont régulièrement détectés sur tout le territoire français : environ 70 cas entre 1989 et 2015. Sur cette carte 2014 de l'Anses, il manque ce cas confirmé en Vendée et un dans l'Oise de l'an dernier.

Les virus rabiques des chauves-souris (EBLV-1a, 1b ou 2) ne sont pas ou peu transmissible à d'autres espèces, chiens, chats ou homme.

 
Répartition des cas de rage de chiroptères en France entre 1989 et 2014
Des cas de rage autochtones chez les chauves-souris sont régulièrement détectés sur tout le territoire français : environ 70 cas entre 1989 et 2015. Sur cette carte 2014 de l'Anses, il manque ce cas confirmé en Vendée et un dans l'Oise de l'an dernier.
 

Le 1er juillet, l'Institut Pasteur a confirmé un cas de rage chez une chauve-souris trouvée quatre jours plus tôt affaiblie dans les jardins de la Poste de Fontenay-le-Comte. C'est le second cas de rage des chiroptères signalée en neuf ans dans le centre-ville de Fontenay-le-Comte, après un premier cas en 2007 sur un chat. Ce cas a donc fait l'objet d'une petite médiatisation locale dans la région Pays-de-la-Loire. Toutefois, le lyssavirus rabique isolé de la chauve-souris de type 1a (EBLV-1a) n'est pas ou peu transmissible à l'homme ou à d'autres espèces animales comme les chiens ou les chats.

Un cas exceptionnel chez le chat en 2007

Même si, en 2007, à Fontenay-le-Comte, un cas exceptionnel de rage des chiroptères avait été confirmé sur un chat qui vivait, avec les chauves-souris, dans les combles d'immeubles anciens du centre-ville. Il semble donc bien qu'il persiste un foyer de rage de chauve-souris dans le centre-ville de la sous-préfecture de la Vendée.

Le 26 juin 2016, une chauve-souris est ramassée vers 10 heures dans les jardins de la poste (à proximité de la rue de la Marne). Elle meurt peu après à la Clinique vétérinaire du Bas-Poitou de Fontenay-le-Comte. L'animal est envoyé pour un dépistage de rage au Centre national de référence de la rage (CNRR) de l'Institut Pasteur à Paris.

Le 1er juillet, le diagnostic de rage est confirmé. L'Agence régionale de santé (ARS) des Pays-de-la-Loire publie alors un communiqué pour en informer les médecins et les habitants de Fontenay-le-Comte. La DDPP de la Vendée demande aussi aux propriétaires de chiens ou de chats qui auraient pu être en contact avec cette chauve-souris enragée de présenter leur animal à leur vétérinaire.

Virus peu ou pas pathogène pour l'homme

En France, la rage des chiroptères est autochtone et due à des lyssavirus EBLV (European Bat Lyssavirus) de type 1b (78 % des cas) ou 1a pour les autres cas dont ceux de Fontenay-le-Comte. Ces virus européens EBLV, qu'ils soient de type 1 ou 2, ne sont pas ou très peu transmissibles à l'homme. En Europe, seuls trois cas de rage chez l'homme ont été décrits comme associés aux EBLV : un en Écosse en 2002 (EBLV-2), et les deux autres en 1985 en Finlande (EBLV-2) et en Russie (EBLV-1a). Aucun cas humain n'a jamais été retrouvé associé au type 1b qui est celui retrouvé dans la plupart des cas chez les chauves-souris en France.

Près de 70 cas en 25 ans

Entre 1989 et 2015, environ 70 cas de rage autochtones ont été confirmés en 25 ans. En France comme en Europe, la rage des chiroptères n'a rien d'exceptionnel. Plus d'un millier de cas rage de chauves-souris y ont été détectés. Les médias locaux sont donc rarement alertés, sauf lorsqu'il s'agit, comme ici, de sensibiliser les habitants d'un quartier sur la manipulation des chauves-souris malades sans doute parce qu'il s'agissait du premier cas dans ce département et que deux personnes ont été traitées préventivement contre la rage.

2 à 3 % de cas positifs chez les chauves-souris

Entre 1989 et 2000, seulement neuf cas de rage ont été décrits sur des chiroptères sur trois cents prélèvements analysés en France, soit 3 % de cas positifs et moins d'un cas par an. Le nombre de cas a beaucoup augmenté à partir de 2001 pour atteindre jusqu'à dix cas durant la seule année 2009 et redescendre à un seul cas en 2013, trois cas en 2014, au moins un cas en 2015…

Cette hausse du nombre de cas de rage chez les chauves-souris depuis 2001 n'est pas due à une recrudescence de cette infection chez les chauves-souris, mais à une surveillance renforcée organisée avec les chiroptérologues bénévoles de la Société française pour l'étude et la protection des mammifères (SFEPM).

L'incidence des cas de rage chez les chiroptères reste aux alentours de 2 % sur plus de trois mille prélèvements en 15 ans.

Mille analyses par an chez les chiens et chats

Par comparaison, la rage est recherchée chaque année sur environ mille têtes de chiens et de chats envoyées par les DDPP à l'Institut Pasteur. Mais la quasi-totalité des analyses (1198 en 2014) sont heureusement négatives. Seulement quinze cas, quasi exclusivement associés à des importations illégales depuis l'Afrique du Nord, ont été confirmés depuis 2001.

Les chiroptères sont protégés

Les chiroptères sont des animaux sauvages protégés. « En cas de découverte d'un spécimen blessé ou mort, il est recommandé de ne pas le toucher mais d'en avertir la DDPP ». Photo Vincent Dedet.

Avec ce nouveau cas de rage chez une chauve-souris, les autorités de la Vendée rappellent aux habitants de Fontenay-le-Comte que les chiroptères sont des animaux sauvages protégés. « Il est interdit de les tuer et de les capturer […] même si elles ont élu domicile dans les caves ou les greniers. Si une chauve-souris se retrouve dans une pièce d'habitation, il suffit d'éteindre les lumières et d'ouvrir les fenêtres pour qu'elle puisse en sortir grâce à son son sonar ».

« En cas de découverte d'une chauve-souris morte, blessée ou affaiblie, il est recommandé de ne pas les toucher, ni de les manipuler, ni de chercher à les attraper. » Dans le cas de Fontenay-le-Comte, les autorités demandent « de prévenir un vétérinaire afin qu'elle soit, le cas échéant, ramassée, avec les moyens de protection adaptée, notamment le port de gants pour éviter d'être mordu, léché ou griffé ». Le vétérinaire devrait alors ensuite prévenir les services vétérinaires de la DDPP.

Enfin, « en cas de blessure provoquée par une chauve-souris, la plaie est à laver soigneusement avec du savon de Marseille » Elle est « abondamment rincée, puis séchée avant l'application d'un antiseptique ».