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Elanco & Proplan

5 août 2025

Temps de contact pour la chlorhexidine dans la désinfection du site chirurgical : souvent non conforme

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Répartition du temps de contact laissé à la chlorhexidine, lors de la préparation du site chirurgical pour des interventions sur des chiens et des chats (n=201), dans cinq structures hospitalières australiennes où le protocole standard ne prévoit pas moins de 3 minutes (et pas plus de 5 minutes). LeFil, d'après Burrows & Uquillas, 2025.
Répartition du temps de contact laissé à la chlorhexidine, lors de la préparation du site chirurgical pour des interventions sur des chiens et des chats (n=201), dans cinq structures hospitalières australiennes où le protocole standard ne prévoit pas moins de 3 minutes (et pas plus de 5 minutes). LeFil, d'après Burrows & Uquillas, 2025.
 

« Notre étude révèle un manque préoccupant de respect des protocoles de désinfection du site chirurgical établis », préviennent les d'une étude réalisée par le service d'anesthésiologie de la faculté vétérinaire de Sydney (Australie), qui vient de montrer que dans près d'un tiers des cas, dans des hôpitaux vétérinaires présentant des protocoles standards de propédeutique, ceux-ci ne sont pas respectés – avec un impact négatif possible sur les infections ultérieures du site opératoire.

Temps de contact au choix de l'opérateur

À la fin des années 2000, une étude britannique avait montré que, dans un cas sur cinq (21 %) le personnel en charge de la préparation du site opératoire ignorait la concentration en chlorhexidine et le temps de contact nécessaires à une antiseptie efficace. Les auteurs de la présente étude ont évalué l'application des protocoles standard de propédeutique dans cinq hôpitaux vétérinaires australiens. Les interventions de convenance comme plus importantes, sur des chiens comme des chats, ont été incluses dans leur enquête – qui, toutefois, n'a pas quantifié les potentielles infections du site chirurgical pouvant survenir par la suite. Les cas pour lesquels des débris macroscopiques avaient besoin d'être éliminés manuellement après la tonte ont été retirés de l'étude. Dans chacune des 5 structures, le protocole standard utilisait la chlorhexidine (gluconate) sous forme de solution moussante (scrub) à 4 %, étalée sur la peau tondue selon les règles de propédeutique. Le temps de contact était laissé au choix de l'opérateur, avant rinçage par le l'alcool à 70° (étalé lui aussi avec des compresses) ; cette durée était notée sur place par l'un des co-auteurs de l'étude (201 préparations en tout). La future zone d'incision était ensuite désinfectée par pulvérisation soit d'alcool à 70° (une seule structure), soit d'un mélange de solution de chlorhexidine à 2 % et alcool à 70° (les quatre autres). Aucun des opérateurs n'était informé de l'objectif de l'étude.

Défaut d'observance de 65 % dans une structure

Dans les cinq structures, la durée de contact préconisée variait de 3 à 5 minutes (jamais < 3 minutes), certains protocoles précisant « de 3 à 5 minutes », d'autre fournissant 3 ou 5 minutes. Dans un seul hôpital, le protocole standard (de 3 à 5 minutes de temps de contact) a été respecté à la lettre. Dans tous les autres, il y a eu de 4 à 65 % de désinfections du site opératoire qui étaient plus courtes (< 3 minutes) que la préconisation de l'hôpital. Dans un seul hôpital ce défaut d'observance était élevé : « les raisons [en] sont probablement multifactorielles, notamment les pressions sur le flux de travail et les différents niveaux de supervision du personnel ». Pour l'ensemble des 5 structures, le taux moyen d'observance était de 30 %.

Temps excédentaire

Toutefois, les auteurs ont aussi noté qu'aucun protocole ne prévoit de temps de contact de plus de 5 minutes, alors que ce délai est dépassé dans plus d'un cas observé sur deux (103/201). Dans un hôpital, cette durée pouvait atteindre 40 minutes ; dans trois autres, il était d'au plus 2 minutes au-delà de la limite supérieure préconisée (soit 7 minutes en tout). Dans l'hôpital où les auteurs n'ont pas observé de temps de contact trop bref, la durée de dépassement moyenne était de 4,9 minutes (et de 12 minutes au plus). De tels dépassements ne sont pas à négliger, préviennent les auteurs, puisqu'ils prolongent la durée de l'anesthésie, « ce qui peut potentiellement entraîner des conséquences néfastes pour les patients » (hypothermie). Enfin, ils calculent que la durée de la préparation du site chirurgical est étroitement associée à chaque hôpital (p<0,001), au sens où elle est relativement constante, dans ses déviations ou son respect du protocole. Là aussi, ils évoquent un comportement collectif (d'équipe) et un possible manque de supervision.

À la lumière d'études en humaine (où les 90 % des observations peuvent ne pas respecter les protocoles standard), les auteurs proposent de « fournir des minuteries facilement accessibles avec des alarmes réglées sur le temps de contact spécifié par le protocole, (…) pour améliorer le niveau de conformité dans les hôpitaux de l'étude ». Parmi les autres solutions, ils mentionnent « la désignation d'un superviseur, le fait d'annoncer à haute voix le début et la fin de la désinfection du site chirurgical, ou encore la mise en place de check-listes ». Aussi, il leur paraît « essentiel de remédier aux lacunes [observées] en améliorant la formation, en adoptant des protocoles standardisés et en mettant en œuvre des interventions pratiques afin de minimiser le risque d'infections du site opératoire et d'assurer des soins optimaux aux patients en chirurgie vétérinaire ».