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Elanco & Proplan

5 juin 2025

Aspergillose nasosinusienne : un débridement complet associé à un antifongique local est le plus efficace

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

 

Le traitement de l'aspergillose nasosinusienne est variable, avec des approches plus ou moins invasives. Afin d'évaluer leur efficacité chez le chien, une large étude multicentrique a été menée en Grande-Bretagne. Les 436 cas inclus avaient été traités dans l'un des 23 centres de référés participants, sur une période de 11 ans (2011-2021). L'objectif était d'être représentatif de cette diversité de traitement, qui dépend également de la gravité de l'atteinte.

5 options thérapeutiques

Ces cas avaient déjà fait l'objet d'une étude portant sur le diagnostic de cette affection (voir LeFil du 3 mai 2024). Cette nouvelle analyse cible donc son traitement, qui comprend 5 options, éventuellement combinées ou successives, et dont le choix dépend aussi de l'atteinte ou non des sinus :

  • L'administration d'un antifongique oral en monothérapie, l'itraconazole le plus souvent (n=15 en première intention soit 3 % de la cohorte) ;
  • Un débridement rhinoscopique des plaques fongiques associé ou non à une balnéation antifongique et/ou l'application locale d'une crème antifongique, le clotrimazole le plus souvent (n=164, soit 38 %) ;
  • Une trépanation des sinus suivie d'un débridement et/ou un traitement antifongique local (n=141, 32 %) ;
  • Une rhinotomie ou sinusotomie suivie d'un débridement et un traitement local (n=29, 7 %) ;
  • La pose chirurgicale et temporaire d'une sonde dans le sinus frontal pour réaliser des lavages quotidiens avec une solution antifongique (n=7, systématiquement combinés à une autre option).

Dans 87 cas en effet, soit 20 %, plusieurs traitements ont été combinés en première intention (trépanation et sinusotomie par exemple).

Le suivi des chiens devait être renseigné, afin d'évaluer l'efficacité de la démarche thérapeutique.

Efficacité limitée en première intention

Les cas étaient donc ensuite classés selon leur évolution, à court puis long terme : rémission clinique totale ou partielle, pas de changement, aggravation, décès (euthanasie).

À l'issue du premier traitement, les résultats diffèrent significativement selon le traitement entrepris. Les meilleurs taux de rémission totale sont obtenus par sinuso/rhinotomie (55 %), qui permet un large accès aux lésions, ou par débridement rhinoscopique (38 %, voir tableau en illustration principale). Ils sont de 29 % après une trépanation sinusienne et de 31 % après un traitement combiné. Le traitement antifongique oral en monothérapie n'a pas été efficace, chez aucun des 15 chiens concernés, ce qui n'est pas une surprise car déjà documenté.

D'une manière générale, l'efficacité des traitements est moindre si l'aspergillose est étendue aux sinus.

Récidives fréquentes

Les récidives sont fréquentes : elles ont été rapportées chez 55 des 258 chiens initialement en rémission (soit 21 %), sans différence significative selon les groupes de traitement.

Ces récidives surviennent après un délai de plusieurs mois, ici de 105 à 526 jours, et de 245 jours en médiane (8 mois), sans différence à nouveau selon le traitement.

Traitements répétés

Un traitement de seconde intention a été réalisé à 63 %, généralement suivant la même approche (72 % des cas). La plupart des chiens ont ainsi reçu deux traitements, parfois davantage (jusqu'à 9 !).

Au final, le taux de rémission complète se limite à 66 %. Une rémission partielle est obtenue à 24 %. Aucune évolution n'a été observée dans quelques cas (1 %) et une aggravation progressive à 3 %. Le taux de mortalité (par euthanasie) reste limité (6 %).

Le taux le plus élevé de rémission clinique complète est observé suite à un débridement rhinoscopique (81 %), devant la trépanation des sinus (69 %), la sinuso/rhinotomie (67 %) et les traitements combinés (59 %). Mais le choix du traitement dépendant aussi de la localisation et la gravité de l'atteinte, les chances de guérison ne sont pas identiques au départ.

Débridement minutieux

Associer une balnéation antifongique au débridement rhinoscopique n'augmente pas significativement le taux de rémission. Les meilleures chances de réussite sont obtenues en revanche en couplant débridement, balnéation et application d'une crème antifongique, avec 49 % de rémission complète après le premier traitement, et 88 % au final (voir tableau).

Lorsque l'information était renseignée, un débridement complet a été possible en première intention à 80 %. Et il est alors associé de manière significative à une rémission clinique : 54 % contre 21 % lors de débridement partiel.

De même à long terme, suite à un débridement complet, le taux de rémission complète atteint 77 %, contre 52 % s'il était partiel.

Évolution temporelle

En analysant les changements au cours des 11 ans d'étude, il apparaît que le débridement rhinoscopique est devenu progressivement plus fréquent, probablement avec la disponibilité du matériel nécessaire. Les taux de succès ont également progressé avec le temps.

L'âge de l'animal impacte par ailleurs les chances de succès, celles-ci étant plus élevées chez un plus jeune chien. Le sexe ou le poids, en revanche, ne les influence pas.

Effets secondaires et complications

Une élévation des ALAT et des PAL a pu être observée suite à l'administration orale d'un antifongique.

Les principales complications rapportées sont un emphysème sous-cutané (suite à la trépanation sinusienne), une pneumonie par aspiration, une épistaxis, une dysphagie, quelques cas de crises convulsives… et des cas de mortalité. Les plus graves s'observent principalement après les interventions plus invasives (trépanation, sino/rhinotomie), mais qui sont aussi entreprises dans les cas graves, et font plutôt suite à l'absence de réponse au traitement qu'au traitement lui-même.