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26 novembre 2024
Troubles comportementaux, brachycéphalie et milieu défavorisé : 3 facteurs de risque de décès prématuré des chiens et des chats
Les problèmes de comportement, on le savait, sont un motif majeur d'abandon ou d'euthanasie des chiens. Les races brachycéphales, on le savait aussi, présentent des troubles de santé potentiellement fatals. L'intérêt de cette nouvelle étude, réalisée sur un large échantillon de chiens et de chats décédés au Royaume-Uni, permet de quantifier ces risques. Elle mesure aussi l'impact du niveau social et des moyens financiers des propriétaires sur la longévité de leurs animaux.
Exploitant les données du réseau national SAVSNET (réseau de surveillance vétérinaire des animaux de compagnie, qui récolte les dossiers médicaux auprès de plus de 250 cliniques volontaires, et dont la base de données est utilisée à but de recherches), l'étude a porté sur 28 159 chiens et 24 006 chats déclarés décédés, de mort naturelle ou par euthanasie (à 99 %). Leurs données ont été comparées au sein d'une population plus large d'environ 143 000 chiens et 93 000 chats.
L'objectif des chercheurs était de déterminer les facteurs de risque d'une mortalité précoce, en tenant compte de la race des animaux : des âges seuils au décès étaient établis selon les races, limites sous lesquelles le décès était considéré comme prématuré. Ces seuils sont ainsi par exemple de 10 ans pour un beagle, de 9,8 ans pour un cavalier king-charles, de 7,5 ans pour un bouledogue français… et de 11,2 ans pour les chiens croisés. Ils sont de 12,5 ans pour un chat persan, de 8,1 ans pour un oriental short hair, de 12,2 ans pour les croisés, etc.
L'impact des maladies sur le nombre « d'années de vie perdues » est pondéré, exprimé en pourcentage. Les risques étaient également évalués par tranches d'âge.
Dans cette cohorte, l'âge moyen des chiens au décès est de 12,6 ans, et la médiane est de 13,1 ans ; pour les chats, l'âge moyen est de 14,4 ans et l'âge médian de 15,2 ans.
Les liens entre un décès précoce et les paramètres relatifs à la conformation des animaux et à la cause du décès (types de maladies) ont été explorés.
Les résultats montrent que les chiens brachycéphales vivent moins longtemps : 11,6 ans au décès en médiane ici (contre 12,7 ans pour les dolichocéphales et 13,2 ans pour les mésocéphales). En revanche, étonnamment, les chats brachycéphales vivent plus longtemps : 14,8 ans (contre 14 et 14,6 ans, respectivement).
Par comparaison aux témoins (animaux décédés à un âge « normal »), le risque de mortalité précoce est ainsi significatif, augmenté d'un facteur 1,2 chez les chiens brachycéphales, tandis que la différence n'est pas significative chez les chats.
En analysant les causes de la mort, chez les chats, les maladies tumorales sont identifiées comme celles les plus associées aux années de vie perdues, notamment dans les tranches d'âges les plus élevées (elles contribuent à hauteur de 12 % pour les 11-12 ans).
Chez les jeunes (0-5 ans), ce sont les maladies infectieuses et parasitaires.
L'impact des maladies endocriniennes, nutritionnelles ou métaboliques augmente avec l'âge (de moins de 5 % pour les 0-7 ans et 7 % ensuite). Les maladies respiratoires, digestives ou de la sphère génito-urinaire sont responsables de décès prématurés parmi toutes les tranches d'âge, les premières étant plus impactantes chez les chatons puis chez les séniors.
Chez le chien, ce sont les troubles comportementaux (et du développement neurologique) qui prédominent dans les causes de décès prématurés, depuis les 0-2 ans, avec un impact pesant pour 31 %, jusqu'aux 6-7 ans. Le risque de décès prématuré est augmenté d'un facteur 5,7 chez les chiens, alors qu'il ne fait « que » doubler chez le chat.
L'impact des maladies tumorales augmente avec l'âge, pour atteindre 12 % à 12-13 ans.
Celui des maladies respiratoires est élevé chez les jeunes (11 %) puis diminue et se stabilise vers 7-8 % avant de remonter à 13 % chez les 12-13 ans.
Des variations sont observées selon la conformation des chiens. Ainsi, par exemple, chez les brachycéphales, les anomalies du développement pèsent le plus chez les 0-2 ans : 14 %, soit le double par comparaison aux autres races, chez lesquelles les troubles du comportement pèsent pour 19 à 20 %.
Ces constats appuient encore, si besoin était, l'importance de l'impact délétère sur la santé et le bien-être des hypertypes.
En médecine humaine, l'espérance de vie des habitants des régions économiquement riches est supérieure à celle des personnes vivant dans des zones plus pauvres. Les chercheurs ont donc évalué aussi l'impact de ce paramètre sur l'espérance de vie de leurs animaux. En effet, pour l'homme, les données de mortalité peuvent refléter les conditions sociales, économiques et environnementales dans lesquelles les individus vivent, et servent de base pour étudier les inégalités en termes de soins, puis évaluer l'effet des mesures prises pour y remédier.
Les dossiers médicaux de la base de données SAVSNET comprennent le code postal des propriétaires (sinon, il s'agissait d'un critère d'exclusion). La répartition géographique des animaux montre ainsi une diminution significative du risque de mortalité prématurée dans les régions les moins défavorisées du Royaume-Uni sur le plan socio-économique, pour les chiens comme pour les chats. Et comme chez l'homme donc.
Selon les auteurs, différentes hypothèses peuvent l'expliquer : la facilité d'accès aux soins et la fréquence des visites chez le vétérinaire, les moyens financiers pour assumer les frais vétérinaires, notamment la capacité à financer des examens ou des traitements coûteux, la souscription d'une assurance (plus fréquente dans les régions les plus favorisées), la qualité de l'alimentation des animaux. Les auteurs proposent d'affiner les recherches sur l'impact de ces inégalités en matière de soins, afin de pouvoir proposer des mesures d'amélioration et de favoriser la médicalisation de tous.
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