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Elanco & Proplan

6 février 2024

Crises d'épilepsie non convulsives : difficiles à détecter et souvent fatales

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Tracés EEG et ECG de l'un des chiens de l'étude : un chihuahua mâle de 6 ans atteint d'épilepsie structurelle. Le tracé révèle un status epilepticus sans mouvements convulsifs associés et réfractaire aux médicaments anticonvulsivants administrés (d'après Tästensen et al., JVIM, 2024).
Tracés EEG et ECG de l'un des chiens de l'étude : un chihuahua mâle de 6 ans atteint d'épilepsie structurelle. Le tracé révèle un status epilepticus sans mouvements convulsifs associés et réfractaire aux médicaments anticonvulsivants administrés (d'après Tästensen et al., JVIM, 2024).
 

Les crises épileptiques non convulsives se caractérisent par l'existence d'une activité cérébrale anormale, détectable à l'électroencéphalogramme (EEG), sans mouvements moteurs – sans convulsions donc – mais associées généralement à une altération de l'état mental. Leurs signes cliniques sont variables, allant de contractions discrètes de muscles faciaux, par exemple, à un coma, parfois un simple changement de comportement…

L'EEG détecte alors des décharges épileptiformes durant au moins 10 secondes. Lorsqu'elles dépassent 10 minutes, il s'agit d'un status epilepticus non convulsif.

Ces troubles non convulsifs sont fréquents chez les patients humains épileptiques (jusqu'à 50 % des personnes hospitalisées en soins intensifs). Et les résultats d'une étude chez les carnivores domestiques, montrent qu'ils sont fréquents aussi dans ces espèces.

EEG systématique avant d'autres investigations cliniques

Cette étude, rétrospective, a été menée en Allemagne (hôpital vétérinaire de l'Université de Leipzig), sur la période juin 2021-décembre 2022. Les 38 animaux inclus avaient été pris en charge en service de neurologie pour des crises d'épilepsie répétées (convulsives) : 12 chats (âge médian 6 ans) et 26 chiens (âge médian 6,5 ans). Dans 26 cas, il s'agissait des premières crises.

Un EEG avait été réalisé une fois les crises apparemment stoppées, pendant au moins 10 minutes (45 minutes en médiane : l'examen étant naturellement prolongé en cas d'anomalie). Il avait été pratiqué avant l'anesthésie générale de l'animal, réalisée dans l'objectif de mener d'autres investigations à but diagnostique (examens d'imagerie).

Crises non convulsives dans près d'1 cas sur 3

Les résultats des enregistrements révèlent la survenue de crises non convulsives chez 11 animaux (29 %) : 9 chiens et 2 chats. Ces crises ont été observées après un délai variable : entre 5 et 39 minutes.

Un status epilepticus non convulsif a été identifié chez 6 animaux (16 %) : 4 chiens et 2 chats. Dans 5 cas, il s'agit d'une évolution des crises non convulsives. Le traitement anticonvulsivant, bien qu'agressif, n'est souvent pas efficace, seule une anesthésie générale permet alors de stopper l'état de status epilepticus.

Crises cliniquement discrètes

Parmi les 11 cas de crises non convulsives, 5 ne manifestaient aucun signe clinique particulier. Les 6 autres présentaient des signes discrets : contraction isolée d'un muscle facial, d'une oreille, d'un membre.

Une altération du niveau de conscience était manifeste dans 6 cas, mais sans différence significative avec les animaux n'ayant pas développé de telles crises non convulsives à l'EEG. Ce signe n'est donc pas spécifique.

Un taux de mortalité avoisinant les 75 %

Chez ces animaux, le taux de mortalité est très élevé : 73 % chez les animaux ayant développé des crises non convulsives (8/11) et 67 % en cas de status epilepticus (4/6). Il est de 27 % « seulement » chez les animaux ne manifestant pas de crises non convulsives. Toutefois, les crises ne sont généralement pas à l'origine directe du décès ; l'euthanasie de l'animal est souvent préférée face à l'étiologie de l'affection et/ou à l'évolution du cas et au mauvais pronostic associé.

Ces observations n'ont malheureusement que peu de conséquences pratiques sur la prise en charge des animaux épileptiques, hormis de les placer, lorsque possible, sous suivi par EEG afin de pouvoir détecter et donc traiter les crises, en pratiquant une anesthésie générale le cas échéant.