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13 mars 2023

Deux tests conseillés pour obtenir un diagnostic de certitude de dermatophytose chez le chien et le chat

par Corinne Descours-Renvier

Temps de lecture  3 min

En cas de suspicion de teigne, le test à la cellophane adhésive semble particulièrement intéressant dans l'espèce féline, ainsi que chez les chiens présentant un kérion, selon une étude grecque récente (cliché : Borzywoj).
En cas de suspicion de teigne, le test à la cellophane adhésive semble particulièrement intéressant dans l'espèce féline, ainsi que chez les chiens présentant un kérion, selon une étude grecque récente (cliché : Borzywoj).
 

Moquette, microscope ou ruban adhésif ? Dans un article paru en février dernier dans Veterinary Sciences, des chercheurs de l'école de médecine vétérinaire de Thessalonique et de l'Université de Mytilène (Grèce) évaluent l'intérêt de réaliser un examen cytologique à partir d'un test à la cellophane adhésive (scotch-test) pour diagnostiquer une dermatophytose chez le chien ou le chat. Ils comparent par la même occasion la sensibilité de cette technique avec celles de l'examen des poils au microscope (trichogramme) et de la culture fongique.

Trois méthodes courantes de diagnostic

Si les auteurs utilisent couramment le test à la cellophane adhésive en cas de suspicion de teigne, une seule autre étude avait jusque-là évalué son intérêt chez les animaux de compagnie (elle figure dans les actes du 9e congrès mondial de dermatologie de 2021, mais pas en ligne). À cette occasion, la réalisation d'une cytologie après un scotch-test avait permis d'identifier des éléments fongiques chez 8 des 10 chiens et 10 des 10 chats participant à l'essai. Ici, 30 chiens porteurs de la teigne (19 avec alopécie et 11 avec kérion) ont été inclus dans l'étude, ainsi que 15 chats présentant une alopécie. Chez tous ces animaux, les auteurs ont réalisé à la fois un examen des poils au microscope, un test à la cellophane adhésive et une culture fongique. Pour la mise en œuvre du scotch test, un ruban adhésif (Scotch® Crystal) a été appliqué fermement à trois reprises à la surface des lésions avant d'être placé sur une lame de microscope avec quelques gouttes de coloration Diff-Quick (Hemacolor®).

Une majorité d'animaux positifs à au moins deux des trois tests

Chez 9 chiens (9/30 soit 30 %), les trois tests se sont avérés positifs. Deux tests étaient positifs chez 16 autres animaux (16/30 soit 53,3 %) et seul l'un des tests s'est révélé positif dans les autres cas (5/30 soit 16,7 %). Sans surprise, Microsporum canis est l'espèce la plus souvent identifiée dans cette étude. M. canis a en effet été isolé dans 95,7 % (22/23) des cas où la culture fongique s'est avérée positive. Dans un autre cas (1/23 soit 4,3 %), cette souche était associée à Trichophyton mentagrophytes. Chez 10 des 15 chats de l'étude (66,7 %), tous les tests se sont avérés positifs. Deux tests étaient positifs chez 4 autres félins (4/15 soit 26,7 %) et seul l'un des tests s'est révélé positif chez le dernier chat (1/15 soit 6,7 %). M. canis a été isolé dans 92,3 % (12/13) des cas où la culture fongique s'est avérée positive, alors que T. mentagrophytes n'a été identifié que chez un seul chat (1/13 soit 7,7 %).

Alopécie : pas de différence significative entre tests

Dans les deux espèces, le diagnostic de teigne a bien été confirmé par test à la cellophane adhésive dans 82,2 % des cas (37/45), par culture fongique chez 80 % des animaux (36/45) et par trichogramme chez seulement 66,7 % d'entre eux (30/45). Chez le chat, la sensibilité est meilleure que chez le chien en cas d'alopécie, soit respectivement 80 % dans l'espèce féline versus 73,7 % pour le trichogramme, 86,7 % vs 68,4 % pour la cuture fongique et 93,3 % vs 68,4 % pour le test à la cellophane adhésive. La forte proportion de chatons dans l'étude pourrait expliquer en partie cette différence. Si le scotch-test semble particulièrement intéressant dans l'espèce féline, aucune différence significative n'a cependant été mise en évidence entre les trois tests en cas d'alopécie, chez le chien comme chez le chat (p > 0,05).

Cas particulier du kérion canin

En présence de kérion, la sensibilité de la culture fongique est la même que celle du scotch-test dans cette étude (10 chiens sur 11, soit 90,9 %). Les auteurs conseillent toutefois de privilégier le test à la cellophane adhésive, de précédents travaux décrivant davantage de faux négatifs avec la culture fongique pour ce type de lésions. La sensibilité du trichogramme (4 chiens sur 11, soit 36,4 %) est significativement plus faible en cas de kérion (p < 0,05), ce que les auteurs expliquent par le développement d'une inflammation qui diminuerait localement la charge fongique et compliquerait le diagnostic.

Le scotch-test, un examen simple et bon marché

Simple à réaliser, le test à la cellophane adhésive est rapide, non invasif et occasionne très peu de stress à l'animal. De plus, il permet de recueillir de nombreux éléments (follicules pileux, poils contaminés, cornéocytes, exsudats…) qui facilitent le diagnostic. D'après cette étude, ce test semble particulièrement intéressant dans l'espèce féline, ainsi que chez les chiens présentant un kérion. D'autres travaux, réalisés sur de plus grands effectifs, sont cependant nécessaires pour valider cette hypothèse. Enfin, aucun test n'ayant été reconnu comme significativement plus sensible qu'un autre en cas de teigne, les auteurs conseillent d'en associer systématiquement deux afin d'obtenir un diagnostic de certitude.