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5 janvier 2023
Le miel médical peut aider à guérir les plaies d'extraction dentaire chez les chats
Le protocole utilisé par les auteurs, praticiens néerlandais, cliniciens de la faculté vétérinaire de Gand (Belgique) et spécialistes néerlandais d'orthodontie humaine est solide. Seuls les chats ayant subi une extraction symétrique de dents ont été inclus dans cette étude prospective. Si l'effectif reste faible, la qualité du protocole rend ses résultats fiables : le miel médical peut être utile à la guérison des alvéoles après extraction dentaire.
Les maladies dentaires restent une dominante de la pathologie féline, avec une prévalence de 70 % chez les chats adultes. Ces pathologies varient d'une maladie parodontale mineure à des troubles plus sévères, tels que la parodontite (PD), les lésions résorptives (RL) ou la gingivite ou stomatite chronique. Leur prise en charge se solde souvent par des extractions dentaires, conduisant inévitablement à des plaies intra-buccales qui peuvent être douloureuses, associés au traumatisme chirurgical. L'objectif des auteurs était d'évaluer si le recours à une application topique de miel médical après l'extraction pouvait limiter ces conséquences négatives pour les patients. Dans cette conception à « bouche divisée », les canines ou (pré)molaires étaient divisées : le traitement n'était appliqué d'un seul côté, permettant à chaque animal d'être son propre témoin. Vingt-et-un chats atteints d'une pathologie dentaire sévère nécessitant des extractions dentaires bilatérales des dents homologues – complexe “gingivite stomatite féline” (FGSC), RL et/ou PD – ont été inclus dans l'étude. Ceux âgés de 7 ans ou plus ont subi des analyses sanguines de routine avant chirurgie, pour exclure des maladies sous-jacentes comme le diabète, la maladie rénale ou l'hyperthyroïdie. Les chats souffrant de l'une de ces affections ont été exclus.
Après extraction chirurgicale des dents, les alvéoles dentaires d'un même côté ont été remplies d'une pommade à base de MGH (L-Mesitran Soft°), tandis que le côté controlatéral n'a reçu aucun traitement (témoin). Le côté à traiter a été tiré au sort. Après extraction, les arêtes vives de l'os alvéolaire ont été lissées avec la fraise et les alvéoles ont été débridées à l'aide d'une curette chirurgicale, ce qui a été suivi d'un rinçage à l'eau distillée. Les alvéoles du côté traité ont été complètement remplies de pommade, appliquée à l'aide d'une seringue ou d'une spatule (voir l'illustration ci-dessous). Un lambeau mucopériosté a été utilisé des deux côtés, et de simples sutures monofilamentaires interrompues ont été posées. Aucun antibiotique n'a été administré. Les paramètres cliniques (inflammation/rougeur, viabilité du lambeau et cicatrisation) ont été analysés subjectivement les jours 3 et 7 après l'extraction, par un vétérinaire aveugle au traitement.
Application d'une pommade à base de miel de qualité médicale (MGH) à l'aide d'une seringue dans les alvéoles suite à l'extraction de trois dents (les dents homologues controlatérales ont aussi été extraites mais laissées non traitées). Le cliché de droite montre les alvéoles remplies de MGH (clichés : Pleeging CCF et coll., 2022).
Lors de l'inspection buccale chez le chat éveillé aux jours 3 et 7 après traitement, les deux côtés ont été comparés selon quatre critères : rougeur, viabilité des lambeaux, cicatrisation des plaies et qualité des sutures. Une comparaison gauche/droite a été effectuée et des notes ont été attribués aux différents paramètres (voir l'illustration ci-dessous).
Les auteurs notent que la fuite des alvéoles traitées au MGH vers les lambeaux mucopériostés controlatéraux ne pouvait être exclue, ce qui aurait pu conduire à une sous-estimation des résultats. Ils suggèrent également que, comme l'évaluation de la douleur par l'échelle de grimace féline devient plus courante chez les chats, elle pourrait être incluse à de futures études sur cette même intervention.
Notation des différents paramètres de la plaie liée aux extractions dentaires. Les points verts représentent les cas de lésions résorptives, les points bleus les cas de parodontite et les points rouges les cas de complexe de gingivite stomatite féline. **p <0,01 (d'après Pleeging et coll., 2022).
Ainsi, le miel de qualité médicale pourrait contribuer à atténuer l'inflammation et favoriser la cicatrisation de ces plaies. Contrairement au miel non transformé, le MGH respecte des critères stricts pour garantir la sécurité pour le patient et son efficacité dans le traitement des plaies. L'effet antimicrobien du MGH est en partie lié à son osmolalité intrinsèquement élevée, ainsi qu'à son faible pH. Il contient aussi plusieurs composants bactéricides, tels que la génération locale de H2O2, le méthylseringate, le méthylglyoxal, les composés polyphénoliques et la défensine-1 des abeilles. Le MGH affecte aussi positivement la migration et la prolifération des cellules, la production de matrice de collagène et la chimiotaxie, accélérant ainsi la cicatrisation des plaies. L'ensemble de ces effets sont détaillés dans une revue de synthèse bibliographique publiée en 2021. Bien sûr, le potentiel thérapeutique du miel dans le traitement des plaies et des ulcères était déjà reconnu dès 2100–2000 avant notre ère, de l'Égypte ancienne à la Grèce et Rome. Il a connu un regain de popularité à partir du XX siècle. Des études expérimentales chez les animaux et des études cliniques récentes chez l'Homme ont montré des effets bénéfiques de l'utilisation topique intra-alvéolaire de MGH après extraction dentaire. Il s'agit de la première étude d'une telle application chez le chat.
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