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23 novembre 2022
À +10 % en un an, les chiens et chats sont les mauvais élèves du plan EcoAntibio. Et les résistances grimpent…
Verre à moitié vide ou verre à moitié plein ?
Dans son webinaire du 17 novembre (à la veille du 18 novembre, the antibiotic day au niveau européen), l'Anses a présenté ses bilans annuels pour l'année 2021, la dernière année du second plan EcoAntibio 2017-2021.
Le bilan des ventes 2021 d'antibiotiques alerte sur les hausses de consommation de + 10 % en an chez les chiens et les chats, ainsi qu'une poussée de 18 % chez les chevaux, même si les équidés restent très peu traités aux antibiotiques (voir ce lien).
Plus inquiétant, le bilan du Resapath sur les résistances des pathogènes en 2021 (voir ce lien) alerte sur les résistances chez les chiens et les chats qui augmentent presque dans les mêmes proportions.
Les données de l'année 2021 sont importantes puisqu'il s'agit de la dernière année du plan quinquennal EcoAntibio2 2017-2021 après le plan EcoAntibio1 2012-2016. Le plan EcoAntibio3 (2022-2026) n'a pas encore été publié. Les trois objectifs « chiffrés » de réduction du Plan EcoAntibio2, sont atteints et sont détaillés ci-dessous.
Toutes espèces animales confondues Les niveaux d'exposition n'ont jamais été aussi bas qu'en 2021
Source : Webinaire Anses du 17 novembre 2022.
Sur les ventes d'antibiotiques en 2021, par rapport à 2020, les expositions n'ont jamais été aussi faibles. Presque comme chaque année, elles baissent à nouveau en 2021 aussi bien en indice d'exposition (-3,2 % en Alea) qu'en tonnages (-11 %).
Toutes espèces animales confondues, l'objectif de « maintien dans la durée de la tendance à la baisse » est atteint quel que soit l'indice retenu pour cette analyse :
Dans ces figures par espèce animale, la ligne pointillée noire correspond à l'évolution de l'indice d'exposition (Alea) toutes espèces animales confondues. Cela permet de mieux cerner les filières animales vertueuses (en dessous de la ligne pointillée, comme les volailles et les porcs) de celle qui réduisent moins le recours aux antibiotiques (les chiens et les chats).
Source : Webinaire Anses du 17 novembre 2022.
Mais les résultats sont beaucoup plus contrastés par espèce animale.
Chez les chiens et les chats, la baisse observée pendant le plan EcoAntibio1 (-20 %) a été complètement effacée durant les cinq ans du plan EcoAntibio2 (+24 %). En indice d'exposition, l'année 2021 est donc l'année où l'exposition aux antibiotiques a été la plus élevée depuis 2011, année du début du plan EcoAntibio1. Avec un Alea à 0,75, les chiens et les chats s'installent comme les espèces animales les plus fréquemment traitées aux antibiotiques en France, toutefois loin derrière les lapins de chair (1,75).
Chez le cheval, l'Anses rapporte une hausse de 18 % de l'exposition aux antibiotiques avec un Alea qui reste très faible (0,26), aussi faible que chez les bovins.
Comme en médecine humaine, les difficultés à diminuer le recours aux antibiotiques semblent plus élevées en médecine « individuelle », celle des chiens, des chats et des chevaux, qu'en médecine collective. En outre, une meilleure médicalisation des chiens ou des chats et, peut-être (?) des chevaux de plus en plus âgés puisque de moins en moins destinés à l'abattoir en fin de carrière, peut sans doute conduire à davantage de traitements par des antibiotiques et par d'autres médicaments (AINS…).
Ainsi, selon l'Insee, l'activité des vétérinaires a augmenté de 9,9 % (en volumes) entre 2020 et 2021, ce qui correspond exactement à l'augmentation du taux d'exposition aux antibiotiques en canine entre 2020 et 2021.
Chez les bovins, la réduction est très faible : -0,9 % en Alea entre 2020 et 2021. Sur les 5 ans de plan EcoAntibio2, l'indice est resté quasi « stagnant », +1,6 % depuis 2016 (plan EcoAntibio2), -23 % depuis 2011 (plans EcoAntibio 1 et 2). Il est donc possible de considérer que l'objectif de -25 % du plan EcoAntibio1 est juste atteint.
En outre, en valeurs absolues, avec un Alea à 0,25, un bovin est toujours trois fois mois traités aux antibiotiques qu'un chien ou un chat (Alea à 0,75). Toutefois, les traitements intramammaires ne sont pas pris en compte dans le calcul de l'Alea. Ils ont fortement chuté de 12,7 % en 2021, mais après avoir fortement augmenté en 2020 (+8,8 %).
Enfin, dans les filières porcs, volailles, lapins, la baisse reste très importante et continue avec des Alea qui sont de plus en plus faibles chez les porcs (Alea à 0,458) et les volailles (Alea à 0,323). Les lapins de chair ont beaucoup diminué le recours aux antibiotiques. Mais ils restent de loin les plus traités aux antibiotiques (Alea à 1,75)
Le bilan 2021 du Resapath sur les résistances des pathogènes met encore plus en lumière cette année les corrélations entre « les hausses du recours aux antibiotiques » et « les hausses des résistances ».
Au global, sur la base des 62000 antibiogrammes enregistrés en 2021, la tendance générale reste à la baisse des résistances des pathogènes comme pour le recours aux antibiotiques.
L'augmentation des résistances à l'amoxicilline et l'amoxi-clav est toutefois observée dans toutes les espèces animales. Dans la mesure où cet antibiotique est, de très loin le plus utilisé en médecine humaine, cette résistance chez les animaux sera sans doute très surveillée dans les années à venir.
Point très intéressant : Resapath on line. Les tendances de résistances et les taux de sensibilité du Resapath par espèce animale de chaque pathogène peuvent être consultés sur le site Resapath on line accessible sur ce lien : https://shiny-public.anses.fr/resapath2/
L'objectif de réduire de moitié le recours à la colistine, par rapport à la moyenne des années 2014 et 2015, est largement dépassé chez les porcs et les volailles. Mais, il est à peine atteint chez les bovins à -47 %.
Source : Webinaire Anses du 17 novembre 2022.
Le second objectif du plan EcoAntibio était de baisser de 50 % le recours à la colistine en 2021 par rapport à la moyenne des années 2014-2015 sur la base de l'indice d'exposition (Alea). Toutes espèces animales confondues, l'objectif est très largement dépassé avec une chute de 69 % au global dans les trois espèces principales concernées : -76 % en porcs, -68 % en volailles et -47 % en bovins.
Cette réduction des usages de colistine est aussi corrélée avec une augmentation de la sensibilité des souches à la colistine dans toutes les espèces.
Pour les antibiotiques critiques, la chute de 90 % a été considérable depuis 2013 :
Les niveaux d'utilisation de ces antibiotiques critiques sont devenus quasi-nuls depuis 2017. Il est donc observé en 2021 des augmentations par rapport à 2020 qui peuvent apparaître très importantes en pourcentages alors qu'elles sont insignifiantes en valeurs absolues, surtout si on les compare aux niveaux des années 2010 à 2013.
Les augmentations les plus importantes en % entre 2020 et 2021, mais quasi inexistantes en valeurs absolues, sont les suivantes :
Troisième objectif du plan EcoAntibio2, diminuer de moitié (-50 %), dans les viandes des poulets, la prévalence des E. coli BLSE (les résistances aux céphalosporines récentes à spectre large). Cet objectif sur la prévalence des résistances BLSE au stade de la distribution semblait plus incertain. Car il ne découle que très indirectement de la réduction des usages des antibiotiques. Il n'apparaissait pas si évident que les seules réductions des antibiotiques soient suffisantes pour provoquer une telle diminution des résistances BLSE.
Cet objectif a été très largement dépassé puisque la prévalence des E. coli BLSE isolés au stade de la distribution a été divisée non pas par deux, mais par cinq. Le taux d'E. coli BLSE était très élevée en 2016 (année de référence du plan Ecoantibio2) : 63 %. Il a ensuite diminué en 2018 à 25,5 % et en 2020 à 11,1 %.
Dans le cadre du « pacte vert pour l'Europe », la Commission européenne a fixé un objectif de réduction de 50 % des usages d'antibiotiques d'ici à 2030 dans les productions animales : les animaux d'élevage et d'aquaculture. L'indice retenu est celui des rapports européens de l'Agence européenne du médicament (Esvac) soit le mg/kg (mg/PCU). L'année de référence est l'année 2018.
Pour le moment, sur les années 2019, 2020 et 2021, la baisse régulière des ventes d'antibiotiques dans les productions animales en France est en ligne avec cet objectif.
Les chiffres des années 2019, 2020 et 2021 sont en ligne avec ce nouvel objectif européen.
Source : Anses.
Le pacte vert pour l'Europe (ou green deal) inscrit de très nombreux objectifs chiffrés dits « zéro pollution pour 2030 » (voir ce lien).
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