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Elanco & Proplan

12 octobre 2022

Atlas. Les revenus des vétos libéraux ont bondi de 10 %. La rurale rapporte 30 % de plus que la canine ou l'équine

par Eric Vandaële

Temps de lecture  6 min

Cartes des déserts vétérnaires en « rurale » (cantons ocre et rouges)
Ces deux cartes illustrent la progression en un an des déserts vétérinaires ruraux matérialisés sur les cartes par des cantons colorés en rouges ou orangés (atlas 2022 à gauche, atlas 2021 à droite). Sur ces cartes, les zones vertes correspondent à des cantons avec, a minima, l'équivalent d'un vétérinaire rural (temps plein) pour 10000 bovins ou UGB (unités gros bétail). Plus le vert est foncé, plus la densité vétérinaire est élevée, jusqu'à plus d'un vétérinaire rural pour 1000 UGB. Dans les zones ocres ou rouges, il y a moins d'un vétérinaire rural pour 10000 UGB dans le canton. Plus le canton est rouge foncé, plus le nombre d'UGB dans ce canton sans vétérinaire rural en nombre suffisant est important, jusqu'à plus de 20000 UGB dans les cantons rouge foncé. En moyenne, un canton regroupe une vingtaine de communes pour environ 30 000 habitants. Sources : Altlas 2022 et 2021
Cartes des déserts vétérnaires en « rurale » (cantons ocre et rouges)
Ces deux cartes illustrent la progression en un an des déserts vétérinaires ruraux matérialisés sur les cartes par des cantons colorés en rouges ou orangés (atlas 2022 à gauche, atlas 2021 à droite). Sur ces cartes, les zones vertes correspondent à des cantons avec, a minima, l'équivalent d'un vétérinaire rural (temps plein) pour 10000 bovins ou UGB (unités gros bétail). Plus le vert est foncé, plus la densité vétérinaire est élevée, jusqu'à plus d'un vétérinaire rural pour 1000 UGB. Dans les zones ocres ou rouges, il y a moins d'un vétérinaire rural pour 10000 UGB dans le canton. Plus le canton est rouge foncé, plus le nombre d'UGB dans ce canton sans vétérinaire rural en nombre suffisant est important, jusqu'à plus de 20000 UGB dans les cantons rouge foncé. En moyenne, un canton regroupe une vingtaine de communes pour environ 30 000 habitants. Sources : Altlas 2022 et 2021
 

Le Conseil national de l'ordre des vétérinaires (CNOV) a récemment publié l'atlas démographique 2022 de la profession vétérinaire édité par l'Observatoire national qui inclut aussi la caisse de retraite (CARPV), les écoles vétérinaires, la direction générale de l'alimentation (DGAL) et le Conseil général de l'agriculture (CGAAER). Pour la plupart, les données qui y sont présentées sont actualisées au 31 décembre 2021.

Richement illustré de multiples cartes et diagrammes, l'atlas 2022 compte cette année 354 pages — un record ! — avec :

  • Une centaine de pages de statistiques nationales,
  • Et près de 250 pages de statistiques régionales (voire départementales) avec une vingtaine de pages de statistiques pour chacune des 12 régions ordinales.

Seules les statistiques nationales sont analysées dans ce Fil.

La canine aspire 90 % des entrants, mais la rurale ne perd plus de diplômes

Le nombre de vétérinaires inscrits à l'ordre — environ 20200 — continue de croître de 3,4 % par an (+667 inscrits) avec davantage d'entrants (+1364) que de sortants (-697). Néanmoins, il manque des vétérinaires dans tous les secteurs d'activités. La pénurie est réelle.

En cinq ans, dans la plupart des départements, les effectifs vétérinaires ont augmenté, souvent de plus de 10 % (soit en moyenne de 2 % par an). Mais, dans une dizaine de départements de centre et de l'est de la France, les effectifs ont diminué. Et dans une douzaine d'autres, leur progression est inférieure à 5 % sur 5 ans.

Évolution (%) du nombre d'inscrits par département en cinq ans.

En cinq ans, seule une dizaine de départements (en rouge) a perdu des vétérinaires. Les trois quarts des départements (vert foncé) en ont gagné plus de 10 %.

Source : Atlas 2022

 

Comme en 2020, la rurale n'a pas perdu de vétérinaires en 2021, mais en a même gagné presque trente (28 exactement), surtout à des vétérinaires mixtes et non « purs ruraux ». Néanmoins, c'est toujours la canine qui bénéfice à 90 % de cette balance positive (+618 diplômes).

Dans les sortants, la moitié ont moins de 40 ans (à 72 % des femmes). Les départs en retraite (≥ 60 ans) ne pèsent que pour 32 % dans le nombre total de sortants.

Deux tiers des praticiens sont des canins purs

Les deux tiers des vétérinaires inscrits sont en canine pure (médecine féline incluse). Seulement 18 % des vétérinaires n'exercent pas du tout en canine, sans grande modification finalement par rapport aux derniers atlas.

Pour la rurale et les productions animales, l'exercice rural « exclusif » diminue au profit d'un exercice mixte à prédominance rurale ou d'un exercice rural occasionnel à prédominance canine ou équine. Les jeunes vétérinaires de moins de 40 ans (à 62 % des filles) représentent 38 % des vétérinaires ruraux (versus 44 % au global). Les jeunes vétérinaires femmes ne délaissent donc pas la rurale.

La pratique équine progresse fortement en nombre de vétérinaires qui s'y intéressent. Mais seulement un tiers (35 %) sont des praticiens équins « exclusifs » ou à prédominance équine. 40 % des vétérinaires équins sont des jeunes femmes âgées de moins de 40 ans, dont les revenus sont, en moyenne, les plus faibles de l'ensemble des vétérinaires libéraux.

Répartition et nombre de vétérinaires canins, ruraux en équins en comparaison avec les des populations animales ciblées (chiens-chats, équins et bovins)

Source : Atlas 2022.

 

L'explosion des très grosses structures à plus de vingt vétérinaires

Le nombre d'établissements de soins stagne voire diminue aux alentours de 6500 avec une perte en un an de 100 établissements de soins ou DPE (domicile professionnel d'exercice). Quatorze établissements sont déclarés comme des centres hospitaliers vétérinaires (ou CHV), soit trois de plus en un an. La France compte désormais trois CHV en médecine équine (contre deux il y a un an).

Les autres structures — à presque 60 % des cliniques (3800) pour 40 % de cabinets (2700) — sont aussi de plus en plus grosses en termes de nombre de vétérinaires y exerçant. Encore 35 % des DPE n'emploient qu'un seul vétérinaire. Les petites structures avec un ou deux vétérinaires diminuent en nombre chaque année.

À l'inverse, la progression des très gros établissements de plus de 20 vétérinaires est fulgurante avec, aujourd'hui, presque 600 établissements contre 400 deux ans plus tôt en 2020. Ces très grosses structures sont d'ailleurs les seules dont le nombre progresse significativement dans l'atlas 2022.

Évolution des statistiques sur les établissements de soins (cabinets, cliniques, CHV)

Tableau LeFil d'après les données des atlas 2020, 2021 et 2022. Certains effectifs bruts de ce tableau sont estimés à partir de pourcentages publiés dans l'Atlas. Ils peuvent donc ne pas être rigoureusement exacts à quelques unités près correspondant à des arrondis sur les pourcentages.

 

Minoritaire, le statut de collaborateur libéral progresse même chez les jeunes

L'exercice libéral (non salarié) représente toujours 60 % des vétérinaires avec une décrue continue des vétérinaires en exercice individuel (11 % des inscrits), un maintien des vétérinaires exerçant en association (aux alentours de 42 % des inscrits) et une légère hausse constante des collaborateurs libéraux (presque 7 %).

Les vétérinaires salariés en secteur libéral représentent presque 37 % des inscrits : en légère hausse d'un point, soit environ 400 diplômes de plus exerçant comme salarié en 2022. Ce statut salarié se développe surtout chez les femmes vétérinaires en « canine » (près de la moitié des femmes vétérinaires inscrites).

Les jeunes vétérinaires de moins de 35 ans représentent un tiers des vétérinaires inscrits (à 76 % des femmes) avec, évidemment, une grande proportion de salariés (70 %), mais avec, là aussi, aussi une progression du statut de « collaborateur libéral ».

Les revenus des vétérinaires libéraux ont bondi de 10 % en un an

Les revenus 2021 des vétérinaires libéraux (non salariés) ont fortement augmenté, de plus de 10 %, pour atteindre en moyenne près de 80000 € (voir le tableau ci-dessous). Ce revenu net (DSI) déclaré aux Urssaf et à la CARPV peut être comparé au revenu net des vétérinaires salariés (charges sociales équivalentes). Cette progression des revenus des libéraux est parfaitement en ligne avec la progression du chiffre d'affaires des vétérinaires en 2021 selon l'Insee (+10,6 %).

La croissance des revenus des vétérinaires libéraux est plus élevée chez les vétérinaires les plus âgés (+20 % chez les plus de 60 ans) et en canine (+11 à 12 %) qu'en rurale (+8 à 9 %). Toutefois, les purs ruraux gagnent toujours près de 30 % de plus que les purs canins (95800 € en moyenne pour les ruraux contre 74800 € pour les canins).

Sur la base des données Insee de 2019 (et non de 2021), les revenus des vétérinaires salariés sont en moyenne, à charges sociales équivalentes, deux fois inférieurs à ceux des vétérinaires libéraux : 1,9 fois par rapport aux revenus des libéraux de 2019 et 2,1 fois par rapport aux revenus de 2021. Les salariés sont toutefois en moyenne douze ans plus jeunes (36 ans) que les vétérinaires libéraux seuls ou associés (48 ans) en charge de la gestion de leurs entreprises.

En libéral comme en salarié, les hommes gagnent 50 % de plus que les femmes

Statistiques 2022 sur les vétérinaires, leurs statuts, leurs activités, leurs revenus…

Les principales données statistiques nationales de cet atlas sont résumées dans ce tableau. Certains revenus annuels sont arrondis à 1000 € près car ils ont été estimés à partir des histogrammes publiés dans l'atlas. Ces estimations ne sont donc pas parfaitement exactes. Certains effectifs bruts sont estimés à partir de pourcentages publiés dans l'Atlas. Ils peuvent donc ne pas être rigoureusement exacts à quelques unités près correspondant à des arrondis sur les pourcentages.

Tableau LeFil d'après les données de l'Atlas 2022.

 

Le différentiel entre les revenus hommes/femmes reste très important en libéral comme en exercice salarié, les revenus des hommes sont souvent 1,5 fois plus élevés que ceux des femmes, voire deux fois plus élevés en médecine équine avec, là aussi, probablement un différentiel d'âge important.

Toutefois, même dans les mêmes tranches d'âge, les revenus libéraux des hommes restent, en moyenne, 1,5 fois plus élevés que ceux des femmes. Chez les vétérinaires salariés, l'écart se réduit à un facteur de 1,2.

Statut en vogue, le collaborateur libéral gagne un peu moins qu'un salarié

Les revenus des collaborateurs libéraux sont comptabilisés dans ces statistiques avec ceux des vétérinaires libéraux installés (seuls ou associés). À charges sociales équivalentes, ils sont plus faibles que ceux des salariés sur la même année 2019 notamment chez les femmes vétérinaires avec un écart de 25 % en faveur du salariat. Les revenus 2021 des collaborateurs libéraux sont donc aussi beaucoup plus faibles que ceux des vétérinaires libéraux installés seuls ou associés avec un écart de revenus de 33 % à 50 %. Les revenus des collaborateurs libéraux ont toutefois, en moyenne, progressé de 14 % entre 2020 et 2021.