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10 mai 2022

Et si, nourrir le chien une fois par jour, même quand il vieillit, lui faisait du bien… ?

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

Niveau de risque relatif (le cercle indique la valeur moyenne et les barres l'intervalle de confiance à 95 %) pour les 9 groupes de troubles de la santé, chez des chiens nourris une fois par jour. Lorsque l'intervalle de confiance est <1, le risque relatif est statistiquement significatif – et protecteur (Bray et coll., 2022).
Niveau de risque relatif (le cercle indique la valeur moyenne et les barres l'intervalle de confiance à 95 %) pour les 9 groupes de troubles de la santé, chez des chiens nourris une fois par jour. Lorsque l'intervalle de confiance est <1, le risque relatif est statistiquement significatif – et protecteur (Bray et coll., 2022).
 

Une fois par jour, un point c'est tout. C'est ce qui ressort de l'analyse transversale des données collectées régulièrement sur les plusieurs milliers de chiens inclus dans le suivi de cohorte du Dog Ageing Project, aux USA. Car le croisement de ces données permet aux auteurs d'identifier que la santé des chiens vieillissants a tout à gagner à rester à un repas par jour.

> 24 000 chiens

La cohorte analysée recense des chiens intégrés au projet entre fin décembre 2019 et fin décembre 2020. Lors de l'inclusion, les maîtres ont rempli un premier questionnaire, généraliste sur la démographie du chien, de sa famille et différents aspects de sa vie quotidienne et de son environnement. C'est à partir de ces réponses que deux catégories de chiens ont été distinguées : ceux alimentés une seule fois par jour… et les autres (quelle que soit la fréquence, y compris à volonté) : les 24 238 chiens inclus avaient de 1 à 18 ans d'âge. Ce questionnaire renseignait aussi sur les affections connues du chien. Plus de la moitié des chiens inclus (55 %) étaient des croisés, impliquant qu'il n'y avait pas de sur-représentation des pathologies liées à une race donnée (100 races représentées dans les 45 % restants). Les auteurs ont retenu 9 groupes d'affections pouvant être liées à l'alimentation. Pour les auteurs, l'hypothèse la plus probable expliquant ces associations serait qu'une prise alimentaire quotidienne est associée à une restriction calorique, mais cela ne peut être validé à partir de ces données.

Mieux pour le foie, les reins, etc.

L'analyse statistique, après correction des biais, identifie un effet protecteur significatif de la fréquence de 1 repas par jour pour 5 des 9 troubles analysés (voir l'illustration principale). Les affections présentant un effet protecteur particulièrement marqué sont celles du foie et du pancréas (près de 60 % de moins de risques), loin devant les maladies gastro-intestinales (35 % de protection) et rénales/urinaires (29 %). A noter que pour les quatre autres affections, le risque relatif reste < 1 (effet protecteur), bien que cet effet ne soit pas significatif. Ce qui implique que, pour les 9 groupes d'affections considérés, aucun n'est favorisé par un régime à 1 repas par jour. Lorsqu'ils refont le calcul pour les seuls chiens croisés, ou pour les chiens croisés et les 10 races les plus représentées, les auteurs obtiennent des résultats comparables. Lorsqu'ils comparent les chiens alimentés une fois par jour et ceux à volonté, les différences ne sont plus statistiquement significatives pour les affections rénales/urinaires et dentaire/orales.

1x/j : moins de dysfonctionnement cognitif

Entre une semaine et quelques mois après avoir répondu au premier questionnaire, les maîtres des chiens âgés de 6 ans et plus ont été invités à remplir un questionnaire permettant d'évaluer le niveau de dysfonctionnement cognitif de l'animal (l'échelle de dysfonctionnement cognitif canin : plus la note est élevée, de 16 à 80, et plus le dysfonctionnement est important). Les auteurs reconnaissent qu'ils en détournent l'usage pour en faire une variable quantitative, utilisation qui n'a pas été validée, mais ils assument ce choix. Ils en ont aussi modifié le nom, pour que le terme de dysfonctionnement cognitif n'apparaisse pas aux répondants. Les données complètes étaient disponibles pour 10 274 chiens : la note moyenne était de 36,4. Mais l'analyse statistique montre que, après correction pour les biais, « les chiens nourris une fois par jour avaient, en moyenne, une note de dysfonctionnement cognitif inférieure de 0,62 point à celle des chiens nourris plus d'une fois par jour (intervalle de confiance à 95 % : 0,27 -  0,97 ; p<0,001) » (voir le graphique ci-dessous).

Données croisées de note de dysfonctionnement cognitif en fonction de l'âge avec calcul des tendances en fonction de la fréquence des repas (Bray et coll., 2022).

 

Vers le prospectif

Ces résultats sont assez robustes car dans le modèle de calcul, les auteurs ont ajusté les données pour le sexe (il n'y avait que des animaux stérilisés/castrés), la race (76 races pour lesquelles au moins 10 chiens étaient inclus), la taille pour les croisés, et l'apport supplémentaire d'acides gras oméga-3. Pour l'évaluation cognitive, un ajustement a été réalisé pour l'activité physique et l'entraînement (si chien de travail). Pour l'impact sur la note de dysfonctionnement cognitif, une régression logistique a été appliquée, tandis que pour les troubles de la santé, une régression linéaire l'était. Enfin, le questionnaire de santé sera rempli annuellement par les participants. Les auteurs peuvent donc compter sur un suivi de cohorte prospectif pour affiner les associations, significatives ou non, identifiées dans cette étude transversale et observationnelle. Prudents, les auteurs préfèrent attendre de telles confirmations avant « de revoir la recommandation actuellement prédominante, selon laquelle les chiens adultes doivent être nourris deux fois par jour. La raison d'être de cette recommandation est d'ailleurs obscure ».