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22 novembre 2021

Othématome : 13 races prédisposées, 21 protégées - et une histoire de port d'oreilles

par Vincent Dedet

Temps de lecture  2 min

Incidence annuelle (en %) et sur-risque de survenue de l'othématome selon les races de chien, par rapport aux sujets croisées, en 2016 outre-Manche (O'Neill et coll., 2021).
Incidence annuelle (en %) et sur-risque de survenue de l'othématome selon les races de chien, par rapport aux sujets croisées, en 2016 outre-Manche (O'Neill et coll., 2021).
 

Le bull terrier, le Saint-Bernard et le bouledogue français sont les trois races les plus à risque d'othématome, mais en tout 14 races présentent un sur-risque pour cette affection. Telle est l'un des principaux enseignements sur l'othématome lié à l'analyse épidémiologique des dossiers médicaux électroniques anonymisés de 887 cliniques vétérinaires britanniques sur 2016 (programme VetCompass).

Un cas sur 400

Une étude de cohorte sur un an a été établie à partir des dossiers de 905 544 chiens ayant consulté leur vétérinaire généraliste sur la période d'intérêt. Les auteurs ont obtenu 4 598 dossiers de sujets présentant une mention d'othématome, qu'ils ont relus un par un, ne retenant au final que 2 249 cas confirmés, soit une incidence de 0,25 % des consultations sur l'année. Il s'agit dans la majorité des cas (77,7 %) de chiens de race, sans prédominance de sexe ni du statut castré. Plus de la moitié des cas (54,6 %) présentaient une otite externe concomitante à l'othématome, et un peu plus d'un sur 10 (11,3 %) présentaient une affection cutanée.

Le bull terrier champion

Pour être prise en compte dans l'analyse, une race devait comprendre plus de 3 000 représentant dans la population initiale de dossiers médicaux, et au moins 7 cas d'othématome. Les auteurs identifient, en régression multivariée, 13 races présentant un sur-risque significatif de survenue d'othématome, par rapport aux chiens croisés (voir l'illustration principale). Les auteurs identifient aussi 21 races protégées au regard du risque de survenue de l'othématome, tout particulièrement les Greyhound, chihuahua, teckel miniature, loulou de Poméranie et Lhassa Apso. Quelle que soit la race, si le chien était plus lourd que le poids moyen pour sa race et son sexe, le risque de survenue de l'othématome était de 42 % supérieur aux chiens sous ce poids moyen. Pour les auteurs, ce serait lié à la force supérieure que ces chiens exercent sur leur pavillon auriculaire quand ils secouent la tête ou se grattent (par rapport à des chiens plus légers). Enfin, l'âge est significativement associé à ce sur-risque, celui-ci augmentant significativement pour chaque année à partir de 2-4 ans, jusqu' à la classe d'âge de 10-12 ans (alors x 5,8). Après 12 ans, le sur-risque reste élevé (x 3,6).

Oreilles tombantes en V

Lorsqu'ils regroupent les races pour leur port d'oreille, les auteurs distinguent :

  • celles à l'oreille tombante en V (par exemple le braque hongrois à poil court), qui sont celles présentant le sur-risque le plus élevé de survenue d'othématome (x 2,0) ;
  • celles à oreille semi-dressée (comme le colley), avec un sur-risque x 1,6,
  • par rapport à celles à oreille dressée (par exemple le berger allemand).

Les races à oreille pendante (comme le basset Hound) présentent un facteur de protection significatif (de 41 %). Les auteurs proposent comme explication au sur-risque dans les races à port d'oreille tombante en V que le cartilage de la conque auriculaire soit prédisposé à se fracturer sur sa pliure. A l'inverse, les oreilles tombantes (non pliées) ont un cartilage beaucoup plus souple. Ils proposent que l'étiologie des othématomes soit donc liée à la répétition de petites ruptures du cartilage, se produisant surtout lorsque l'oreille est pliée. Enfin, le fait d'être brachy- ou dolichcéphale est également un facteur de protection (-33 et -16 %, respectivement), par rapport aux mésocéphales.