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23 septembre 2021

La cause animale : un enjeu électoral ?

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

« Au moment de voter à l'élection présidentielle, en avril 2022, les propositions des candidats en matière de protection animale pourraient-elles influencer votre vote ? »
Répartition des réponses des personnes inscrites sur les listes électorales (source Ifop).
« Au moment de voter à l'élection présidentielle, en avril 2022, les propositions des candidats en matière de protection animale pourraient-elles influencer votre vote ? »
Répartition des réponses des personnes inscrites sur les listes électorales (source Ifop).
 

La commission des affaires économiques du Sénat a adopté hier la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale. Cette proposition, portée par notre confrère-député Loïc Dombreval, sera discutée au Sénat en séance publique les 30 septembre et 1er octobre prochain. Dans ce contexte, l'Institut Ifop a communiqué les résultats d'une enquête menée pour le site d'information animalier Woopets sur l'attachement des Français à la cause animale. Les réponses confirment que la question prend une place croissante, qui pourrait peser dans les votes aux prochaines élections.

Deux questions de l'enquête portent en effet sur ce point, en vue des élections présidentielles programmées au printemps 2022. Le sondage a été mené mi-septembre auprès d'un échantillon représentatif de la population française (1014 personnes), et fait l'objet d'un rapport de l'Ifop rendu public ce mercredi.

1 Français sur 4 juge « très importante » la protection animale

Selon les résultats, la protection des animaux est désormais considérée comme une cause importante par 84 % des Français. Elle est même « très importante » pour 40 % d'entre eux, ce qui représente 8 points de plus qu'en 2011, et 2 de plus qu'en 2017.

Ce point de vue est plus fréquent chez les femmes (46 % des répondantes versus 34 % des répondants), et par les personnes qui possèdent un animal de compagnie (49 % vs 31 % pour ceux qui n'en ont pas).

Au plan politique, il est également supérieur chez les répondants « qui se sentent écologistes » (47 %). Et lorsque les intentions de vote sont prises en compte (à partir d'une liste de candidats potentiels), la cause animale est jugée très importante pour 61 % des électeurs de Yannick Jadot ; le point de vue est majoritaire aussi chez ceux de Jean-Luc Mélanchon (56 %) et ceux de Marine Le Pen (53 %).

Près d'1 sur 2 voterait en conséquence

À la question d'une éventuelle influence sur leur prochain vote des propositions des candidats en matière de protection animale, 47 % des interrogés répondent par l'affirmative (voir figure en illustration principale).

Ici encore, la tendance est en nette progression, cette proportion étant évaluée à 29 % en 2011 et à 39 % en 2017. Évidemment, une fois dans l'isoloir, les choix peuvent changer. Mais selon l'Ifop, cette évolution est peut-être sous-estimée aujourd'hui par les forces politiques.

La potentielle influence sur le vote aux prochaines présidentielle est plus marquée chez les femmes (53 % vs 40 %), chez les possesseurs d'animaux de compagnie (59 % vs 35 %), mais aussi chez les plus jeunes électeurs (55 % chez les 18-24 ans, 58 % des 25-34 ans, et 34 à 52 % dans les tranches d'âge plus élevées).

Une question portait plus précisément sur la chasse : le soutien affiché d'un candidat aux chasseurs amènerait 45 % des répondants à ne pas voter pour lui et 5 % à voter pour lui. Pour 50 % cette position est sans importance (seules les réponses des personnes inscrites sur les listes électorales étaient considérées). Cette fois, un tel positionnement du candidat inciterait à ne pas voter pour lui pour 56 % des non-possesseurs d'animaux, et seulement 45 % des possesseurs.

Une proposition de loi assez bien connue

Sur ces précédentes questions, les proportions de répondants apparaissant les plus concernés par la cause animale sont aussi plus élevées chez les personnes bien informées quant à la proposition de loi en cours de discussion, ainsi que celles qui adhèrent à ses mesures.

Car une série de questions du sondage évaluait la notoriété de cette proposition de loi. Et les réponses montrent qu'elle est plutôt élevée : 53 % des répondants en ont entendu parler, et 17 % voient précisément de quoi il s'agit. Cette fois, les hommes sont mieux informés que les femmes, avec 56 % en connaissant l'existence, versus 50 % des répondantes.

Une adhésion générale aux mesures

Indépendamment de ce qu'ils en connaissent, 9 répondants sur 10 se disent favorables à cette proposition de loi. Et 4 sur 10 « tout à fait favorables ». Il est intéressant de noter que cette proportion de répondants très favorables est particulièrement élevée – 65 % – chez les personnes en connaissant précisément le contenu.

Lorsque des mesures sont détaillées – y compris certaines qui ne figurent pas dans le texte examiné –, l'adhésion reste globalement très élevée, à l'exception des dispositions à impact financier : un permis de détention payant, un impôt pour les propriétaires d'animaux.

Les deux figures ci-dessous présentent ces réponses. À noter que l'interdiction de vente de chiens et chats en animaleries recueille 69 % d'adhésion, l'interdiction de la corrida 65 %, loin de l'unanimité (cette mesure ne faisant pas partie de la proposition de loi).

 

Source Ifop.

 

Source Ifop.