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25 juin 2020

Un vaccin Carré spécifique aux furets est développé par Virbac. Que faire pour remplacer Pexion° en rupture…

par Eric Vandaële

Temps de lecture  5 min

Comme pour un chiot, la maladie de Carré peut être mortelle chez un furet. Sa vaccination est donc recommandée. Photo : espacebuzz.com
Comme pour un chiot, la maladie de Carré peut être mortelle chez un furet. Sa vaccination est donc recommandée. Photo : espacebuzz.com
 

Dans sa dernière lettre mensuelle, l'Agence française du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) signale qu'elle a octroyé, le 5 mai dernier, une AMM pour un premier vaccin spécifique aux furets contre la maladie de Carré : Musteligen° D. Ce vaccin n'est pas encore commercialisé en centrales.

La même agence vient aussi de signaler « la rupture critique » en centrales des comprimés Pexion° d'imépitoïne (Boehringer Ingelheim) jusqu'en septembre ou octobre 2020.

Musteligen° D : premier vaccin pour furets contre la maladie de Carré

Développé par Virbac, Musteligen° D est le premier vaccin contre la maladie de Carré indiqué chez les furets. Jusqu'à présent, pour vacciner les furets contre la maladie de Carré, comme cela est recommandé, il est nécessaire de recourir, dans le cadre de la cascade « hors AMM », à un vaccin destiné aux chiens contenant la valence « Carré », Ces vaccins canins sont tous multivalents avec des valences qui ne sont donc pas recommandées pour les furets.

La composition antigénique de nouveau vaccin monovalent pour les furets diffère assez peu des vaccins Canigen° de Virbac pour cette valence contre la maladie de Carré (souche Lederlé). Ce vaccin vivant atténué est présenté en lyophilisat dans des flacons unidoses associés aux flacons de solvant (1 ml d'eau ppi) par boîtes de 2 doses ou de 5 doses.

Furets de 9 semaines d'âge et pesant plus de 300 ou 350 g

Il est indiqué chez les furets âgés de 9 semaines ou plus en « prévention de la mortalité et des signes cliniques causés par le virus de la maladie de Carré ». En fait, la vaccination est recommandée « pour les furets mâles de plus de 350 g et les femelles de plus de 300 g. Car une tolérance plus faible a été observée chez les animaux de poids inférieur ».

La primovaccination comprend deux injections SC (1 ml) espacées de 4 semaines. Le délai d'apparition de l'immunité est de 3 semaines après la seconde injection. Les rappels sont annuels, correspondant à une durée d'immunité validée d'un an.

« Son utilisation n'est pas recommandée durant la gestation ou la lactation des furets » en l'absence de la démonstration de son innocuité.

Des effets indésirables assez fréquents

Les effets indésirables observés dans les études d'innocuité sont« très fréquents » [> 10 %] et correspondent à « une légère apathie transitoire, une hyperthermie, des troubles digestifs (diarrhées, diminution de l'appétit ou anorexie, vomissements) ». Ils régressent spontanément sans traitement.

Les réactions locales au point d'injection sont qualifiées de « fréquentes » [1 à 10 %] avec un « gonflement modéré (< 1,5 cm), parfois associé à de la douleur, et se résorbant spontanément en un jour dans les études d'innocuité ».

Enfin, de très rares cas [< 0,01 %] de « réaction d'hypersensibilité, nécessitant, le cas échéant, un traitement symptomatique » ne sont pas exclus.

Produit au Mexique, Pexion° est en rupture jusqu'à l'automne

L'Agence du médicament vétérinaire vient aussi de signaler une rupture « critique avérée » jusqu'à septembre ou octobre 2020 sur les comprimés Pexion à 100 ou 400 mg d'imépitoïne. Le titulaire de l'AMM, Boehringer Ingelheim, rapporte des « difficultés de production et d'approvisionnement depuis l'usine située au Mexique ».

Les comprimés Pexion à 100 et 400 mg d'imépitoïne sont indiqués :

  • Depuis 2013, comme traitement au long cours des chiens épileptiques dans le but de prévenir les crises ou d'en réduire le nombre,
  • Et, plus récemment (2018), en prévention (de courte durée) de l'anxiété et des phobies associées à des bruits (feux d'artifice…). Contre ces phobies liées aux bruits et à l'approche des feux d'artifice du 14 juillet, un autre médicament, le gel buccal Sileo° (Orion, Zoetis) de dexmédétomidine est disponible en centrale dans une indication similaire.

Une rupture critique pour les chiens épileptiques à rééquilibrer

Cette rupture est donc surtout « critique » pour le traitement des chiens épileptiques équilibrés avec cette molécule. Car la substitution avec un autre antiépileptique, comme le phénobarbital ou le bromure de potassium, n'est pas facile. Elle nécessite de rechercher un nouvel équilibre avec la dose minimale efficace de phénobarbital ou de bromure de potassium (KBr). La substitution nécessite donc un suivi clinique « rapproché » du chien, voire un suivi biologique sur la « phénobarbitalémie ».

Les gammes indiquées contre l'épilepsie canine de comprimés avec AMM vétérinaire à base de phénobarbital ou de bromure de potassium (KBr) sont les suivantes :

  • Chez TVM, Soliphen° (phénobarbital) et Solibrom (KBr) [TVM dispose aussi du comprimé Crisax° associant les deux molécules et indiqué comme sédatif],
  • Chez Dechra, Phenoleptil (phénobarbital) et Libromide° (Kbr),
  • Chez Osalia, Epityl° (phénobarbital).

Remplacer l'imépitoïne par le phénobarbital, le Kbr ou… le lévétiracétam

Avec cette rupture sur Pexion°, l'Agence recommande aux vétérinaires :

  1. De ne pas démarrer de nouveaux traitements de chiens épileptiques avec Pexion jusqu'à ce que la rupture soit résolue ;
  2. De remplacer l'imépitoïne par un autre médicament avec AMM vétérinaire et une indication similaire, c'est-à-dire, des comprimés à base de phénobarbital ou de bromure de potassium (KBr).

Et, si le phénobarbital ou le bromure de potassium, seuls ou associés, « ne permettent pas la stabilisation des crises sans effet secondaire », il devient possible, dans le cadre de la cascade, de recourir à un antiépileptique à usage humain tel que le lévétiracétam (Keppra° ou génériques). La dose habituelle est de 20 mg/kg trois fois par jour avec éventuellement une dose de charge à 60 mg/kg. En cas d'association avec le phénobarbital, il convient de ne pas diminuer les doses, mais à l'inverse de les augmenter du fait d'une clairance plus élevée (et donc une élimination plus rapide). Aucun suivi biologique n'est recommandé pour le lévétiracétam, du fait de sa bonne sécurité d'emploi.