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23 juin 2020

Seule la cytologie parvient à différencier les formes asthmatiques ou non des bronchites félines chroniques

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Répartition par âge des chats présentant une inflammation bronchique chronique à dominante éosinophilique, neutrophilique ou mixte. Les barres horizontales matérialisent les moyennes et écarts types. Les chats atteints d'asthme félin (forme éosinophilique) sont significativement plus jeunes. D'après Lee et al., JVIM, 2020.
Répartition par âge des chats présentant une inflammation bronchique chronique à dominante éosinophilique, neutrophilique ou mixte. Les barres horizontales matérialisent les moyennes et écarts types. Les chats atteints d'asthme félin (forme éosinophilique) sont significativement plus jeunes. D'après Lee et al., JVIM, 2020.
 

L'asthme félin est une bronchopneumopathie chronique présumée d'origine allergique. Il se manifeste cliniquement par une toux chronique associée à d'autres signes respiratoires (dyspnée, essoufflement…). Et une radiographie thoracique montre des opacités bronchiques, interstitielles et/ou alvéolaires.

L'asthme se caractérise aussi par une inflammation à dominante éosinophilique, à différencier d'autres formes de ce « syndrome bronchique félin » : à dominante neutrophilique, dont l'origine n'est pas clairement établie, ou mixte. L'analyse biologique d'un lavage broncho-alvéolaire permet de l'établir. Mais pour éviter ce geste, et accélérer le diagnostic, des cliniciens de l'école vétérinaire de l'université de Davis en Californie (UC Davis) ont mené une étude pour tenter d'identifier des paramètres cliniques, sanguins ou radiographiques potentiellement associés aux résultats de la cytologie. Peine perdue ! Comme ils l'expliquent dans leur compte-rendu d'étude (publié en libre accès dans le JVIM).

Étude rétrospective sur près de 50 cas

L'étude, rétrospective, a porté sur 49 cas d'inflammation bronchique chronique, pour lesquels les investigations menées comprenaient impérativement la réalisation d'une bronchoscopie et d'un lavage broncho-alvéolaire (LBA), au niveau de 1 à 3 localisations, pour analyse. Une origine infectieuse, parasitaire, néoplasique ou traumatique avait été écartée et une réponse positive à la corticothérapie avait été observée.

Les résultats de la cytologie sur liquide de LBA étaient utilisés pour catégoriser la forme de la maladie selon les seuils suivants.

  • Forme éosinophilique (asthme félin) : >20 % d'éosinophiles et <14 % de neutrophiles en moyenne, ou >50 % d'éosinophiles sur 1 ou 2 prélèvements ;
  • Forme neutrophilique (bronchite chronique idiopathique) : >14 % de neutrophiles et <20 % d'éosinophiles en moyenne ;
  • Forme mixte : 20 à 50 % d'éosinophiles et >14 % de neutrophiles en moyenne, ou résultats discordants entre 2 prélèvements d'un même animal.

Lorsque disponibles, les images radiographiques étaient analysées et les lésions observées étaient notées selon leur gravité (score total entre 0 et 9).

Une forme asthmatique dans 1 cas sur 2

Parmi les 49 cas recrutés, près de la moitié correspondaient à une forme éosinophilique : 23 cas soit 47 %. Les autres formes étaient présentes dans des proportions voisines : neutrophilique pour 12 cas et mixte pour 14 (24 % et 29 %).

Les paramètres morphologiques et cliniques étudiés n'ont toutefois pas montré de différence significative entre les groupes, à l'exception d'une atteinte de chats significativement plus jeunes pour la forme asthmatique : 4,4 ans en moyenne versus 7,4 ans et 8,8 ans pour les formes idiopathiques et mixtes, respectivement (voir figure en illustration principale).

Cette tendance était attendue des auteurs, car déjà rapportée dans d'autres travaux d'étude. En revanche, contrairement à leurs hypothèses, l'ancienneté des signes cliniques (toux) n'était pas moindre lors d'asthme (environ 6 mois en médiane).

Le sexe, le poids, l'embonpoint, l'accès à l'extérieur ne constituent pas des paramètres discriminants. Au plan clinique, la température corporelle, les fréquences respiratoire et cardiaque ainsi que la gravité de la dyspnée ne présentent pas non plus de différence significative selon les groupes.

Des examens complémentaires sans différence significative

De même, et contrairement à ce qu'ils attendaient, les auteurs ne constatent pas de différence quant à la gravité des anomalies visibles à la radiographie (qu'ils présumaient inférieure pour les cas d'asthme félin). Aucune corrélation n'est détectée entre les scores radiographiques et l'ancienneté des signes cliniques.

Il n'existe pas non plus d'éosinophilie plus marquée chez ces individus atteints d'asthme. Les résultats des numérations et formules sanguines, effectuées chez 42 des 49 chats, ne présentent d'ailleurs pas, globalement, de différence significative.

Ainsi, selon les auteurs, « il est possible que ces formes de bronchite chronique soient différentes manifestations d'un même processus inflammatoire. Que ce processus ait une étiologie identique ou soit multifactoriel reste à déterminer ».