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18 octobre 2019
Régimes BARF (viande crue) : prendre des gants… ou de la souris ?
Près des trois quarts des barquettes de viande crue destinée à l'alimentation des chiens achetées au détail en Suisse ne sont pas en conformité avec les critères microbiologiques réglementaires, annonce une équipe de nutritionnistes et microbiologistes de la faculté vétérinaire VetSuisse (Zurich) dans une publication de la mi-octobre.
C'est en raison de la popularité de ces rations ménagères pré-préparées à base de viande et abats crus, dans ce qui est baptisé rations à base de viande crue (raw meat-based diets, RMBDs), ou aliment cru biologiquement approprié (biologically appropriate raw food, BARF), que ces auteurs se sont penchés sur la question. Car les barquettes proposées à la vente sont « des coproduits de l'abattage d'animaux de rente ». Or la production de petfood est réglementée dans l'UE, en particulier par des critères microbiologiques :
Des cas de contamination de maîtres par Salmonella Reading aux USA, par E. coli O157:H7 et par Mycobacterium bovis outre-Manche, en lien avec des viandes BARF sont déjà documentés. Pour évaluer le niveau de contamination de ces aliments, les auteurs « ont acheté, en septembre et octobre 2018, 47 produits BARF dans des pet-shops de 6 villes dans un rayon de 300 km autour de leur laboratoire, et via internet ». Seuls des produits destinés aux chiens ont été choisis. En majorité ils provenaient de Suisse (n=31), mais 20 provenaient aussi d'Allemagne.
Les analyses microbiologiques ont été réalisées à partir de 10 g de viande, broyée, pour quantification de la flore mésophile aérobie. Plus d'un échantillon sur deux (55 %) présentait un dénombrement supérieur à 5 106 UFC/g. L'isolement des entérobactéries a été réalisé pour antibiogramme : 72,5 % des échantillons présentaient plus de 5 103 UFC/g, qui est le seuil réglementaire pour la qualité microbiologique des coproduits destinés à la production de petfood. Par fournisseur, dans le meilleur des cas, 50 % des barquettes n'étaient pas conformes (2 fournisseurs). A l'inverse, tous les échantillons de deux autres fournisseurs ne l'étaient pas ; les 5 autres fournisseurs se situant entre ces deux valeurs. Les viandes concernées étaient le plus souvent d'origine bovine, ovine et de gibier (voir l'illustration principale). La recherche de salmonelles a été mise en œuvre, et trouvée positive pour deux échantillons, l'un contenant de la viande ovine et l'autre de dinde, de deux fournisseurs différents.
Ils obtiennent aussi que 63 % des échantillons de viande comportent au moins une souche bactérienne résistante – dans leur grande majorité (60,8 % du total), le phénotype est celui de résistance aux ß-lactamines à spectre étendu (céphalosporines de 3e ou 4e générations, BLSE+), qui représentent une menace pour la santé publique. Sont particulièrement concernés les coproduits bovins (87 % de positifs) et de volailles (62 %), mais toutes les viandes étaient concernées -y compris le poisson. Selon les fournisseurs, la fréquence de positivité (BLSE+) était de 25 à 100 % des échantillons. Les deux espèces trouvées le plus souvent BLSE+ sont E. coli et Klebsiella pneumoniae. La résistance à la colistine était également représentée (gène mobile mcr-1), ainsi que celle aux aminoglycosides, dans 4 et 2 % des cas, respectivement. Ces résultats « non satisfaisants » et les auteurs encouragent « d'autres pays à tester » la qualité microbiologique de ces produits, qu'ils considèrent dès à présent comme « une menace hygiénique » et « un risque sanitaire pour les animaux et les humains ». Vu leur popularité, « cela représente une voie d'exposition émergente des animaux de compagnie et de leurs propriétaires à des bactéries résistantes ».
Les humains seraient exposés d'une part lors du contact avec les produits en préparant le repas de leur chien et d'autre part, en raison du contact étroit avec l'animal et du partage de l'environnement familial. « Nous recommandons aux propriétaires de chiens et de chats qui tiennent à les alimenter avec un régime BARD de manipuler leur aliment avec précautions et de maintenir des niveaux d'hygiène stricts ». Ils devraient aussi être informés du risque microbiologique, les salmonelles et les germes antibiotésistants pouvant avoir un impact médical important sur des personnes au statut immunitaire compromis. La publication de ces résultats intervient une semaine après celle du compte-rendu, dans le Veterinary Record, d'une virulente présentation opposée aux aliments BARF, tenue à la conférence des vétérinaires officiels britanniques. Ce conférencier souligne que la prétendue naturalité des BARF ne « repose sur aucun fondement scientifique, en particulier pour le chat », mais probablement aussi pour les chiens de petit format.
« Si un chat peut mâcher un morceau de porc, son alter ego sauvage ne chassera probablement jamais du sanglier, du cerf ou même du bovin… ». Pour lui, l'alimentation idéale des chats, ce sont « les souris » et il y aurait des justifications à envisager une telle ration. D'autant que des élevages de rongeurs « existent déjà pour nourrir des reptiles » en captivité. Quant à les éleveur dans des fermes, « nous le faisons déjà pour d'autres espèces. Ce serait être spéciste que de dire que cela peut être fait avec des poulets, mais pas avec des souris »… Il s'arrête là. Pourtant, une start-up américaine travaille sur la mise au point de croquettes à base de cellules musculaires de souris cultivées in vitro. Because Animals Inc. produit du pertfood végan, a annoncé au printemps dernier que sa gamme d'aliments s'élargirait début 2020 « à des produits contenant de la viande cultivée avec une friandise pour chats faite à base de souris, la nourriture ancestrale du chat » (sic).
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