titre_lefil
logo_elanco

18 septembre 2019

Mise à jour sur l'épisode de diarrhée hémorragique sévère en Norvège : toujours pas de coupable

par Vincent Dedet

Temps de lecture  5 min

L'étiologie de l'épisode de diarrhées hémorragique sévère (à fatale) identifiée en Norvège début septembre reste mystérieuse. Cet épisode se poursuit.
L'étiologie de l'épisode de diarrhées hémorragique sévère (à fatale) identifiée en Norvège début septembre reste mystérieuse. Cet épisode se poursuit.
 

Depuis le 9 septembre, date de la première mise au point officielle sur l'épisode de diarrhées hémorragiques aiguës en Norvège, l'Autorité norvégienne de sécurité sanitaire des aliments a réalisé une mise à jour quasi-quotidienne des nouveaux développements de ce qui, en Scandinavie, est présenté comme une crise sanitaire.

Le 10 septembre, la première mise à jour sur l'épisode a lieu sur le site de l'Autorité de sécurité sanitaire des aliments de ce pays. Deux cas ont été autopsiés, qui vont tous deux fournir l'isolement de Providencia alcalifaciens, l'une des deux bactéries (avec Clostridium perfringens) isolée de la majorité des cas décédés et autopsiés jusqu'au 8 septembre. Il est demandé aux vétérinaires qui examineraient des cas suspects (diarrhée hémorragique avec ou sans vomissements) d'envoyer un écouvillon fécal à l'institut national vétérinaire.

Le 11 septembre, une étude est lancée pour rechercher P. alcalifaciens chez des chiens en bonne santé, dont des résultats préliminaires « indiquent que certains d'entre eux peuvent l'héberger ». Les experts ne tranchent pas sur la nature du phénomène : « épizootie, série de petits épizooties ou série de cas individuels » ayant une même origine (anadémie). Plus tard dans la journée, une nouvelle mise à jour fait état du signalement de 5 nouveaux cas, dans autant de provinces différentes. L'institut national vétérinaire est en mesure de considérer que les algues et les maladies à tiques sont « probablement » hors de cause, « tout comme le charbon et la tularémie ».

Le 12 septembre, deux nouveaux cas ont fait l'objet d'une autopsie (soit 12 au total). Sur les 10 cas pour lesquels les résultats d'analyses post-mortem ont été obtenus, 9 ont permis l'isolement de P. alcalifaciens. Il est indiqué que des expériences sont en cours (probablement en modèle cellulaire ou souris) pour « déterminer si cette bactérie peut provoquer une maladie de cette nature ». Plus tard le même jour, une seconde mise à jour indique le signalement de 8 nouveaux cas, provenant de 5 provinces différentes. Une soixantaine de retours ont été obtenus du questionnaire envoyé aux praticiens norvégiens le 8 novembre, pour tenter d'identifier les facteurs de risque de cette affection. Elle fournit une indication de la létalité de l'affection : « sur 60 cas, 46 sont déjà guéris », soit au plus (si les autres cas ne sont pas en convalescence) 23 % de létalité… L'autorité norvégienne de sécurité sanitaire signale comme « positif que, dans la plupart des cas où plusieurs chiens vivent dans le même foyer, un seul ait développé l'affection. Cela semble indiquer qu'elle n'est pas très contagieuse entre chiens ».

Le 13 septembre, l'Institut vétérinaire norvégien estime qu'il est en « mesure d'exclure le Parvovirus canin, Giardia et Cryptosporidium des causes possibles » de l'épisode de diarrhées hémorragiques canines. La recherche de parvovirose a été réalisée « depuis le début », mais n'a jamais fourni de résultat positif, pas même « pour un [Parvo]virus mutant ». La « caractérisation des bactéries identifiées » antérieurement « va être réalisée de manière détaillée », probablement par séquençage intégral de leur génome. La mise à jour du nombre de cas rapporté est à 102 sur l'ensemble du pays. Les questionnaires envoyés aux praticiens ont été retournés, mais l'analyse « va prendre du temps ».

Le 16 septembre, la confrontation des premiers retours des questionnaires aux praticiens (envoyés le 8 novembre) « confirme les résultats de l'analyse des statistiques de diagnostics : le début de l'augmentation des cas sévères de diarrhées hémorragique a commencé aux alentours du 20 août, dans le Centre-Est du pays ». Le résultat des deux autopsies réalisées vendredi 13 septembre sont connus : « les mêmes signes [macroscopiques] ont été observés et dans un cas Providencia alcalifaciens a été » cultivée.

Le 17 septembre, 7 nouveaux signalements de cas ont été envoyés à l'Autorité norvégienne de sécurité sanitaire, dont deux décès. L'épisode se poursuit donc et a priori dans ce seul pays.

Une page du site web de l'Autorité norvégienne de sécurité sanitaire synthétise l'ensemble des éléments saillants de cette crise, qui est mise à jour plusieurs fois par jour. En particulier, elle propose une conduite à tenir (faire l'examen clinique dans la voiture du propriétaire, prendre des précaution hygiéniques s'il faut faire entrer le chien dans la structure vétérinaire…), de recommandations de traitement (symptomatique) et un guide de prélèvement et soumission d'échantillons. Elle présente aussi des questions-réponses sur les faits et rumeurs liés à la crise, en particulier le rôle de l'aliment : « il n'y a aucun élément en faveur [d'une telle hypothèse]. Au contraire, une grande variété d'aliments sont représentés parmi les informations collectées, ce qui souligne la complexité du problème. L'aliment ne reste qu'une piste parmi les autres, comme l'eau, les bactéries, virus, etc. ».