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26 juin 2019
La répartition du risque de maladie de Lyme en France en 2050 dépendra de la capacité à enrayer le réchauffement climatique
Si les accords de Paris sur l'atténuation du réchauffement climatique sont appliqués, la répartition du risque de maladie de Lyme en France (et plus largement en Europe) devrait se contracter d'ici 2050. A l'inverse, si le réchauffement n'est pas enrayé et atteint +1,4° C sans que des politiques de réduction des inégalités ne soient mises en œuvre, cette répartition va nettement progresser qu'il s'agisse du risque estival (gagnant le littoral du nord du pays, de la Bretagne aux Hauts-de-France) ou hivernal (la quasi-totalité du territoire serait alors à risque, voir l'illustration principale).
Tel est en substance le résultat d'une modélisation britannico-belgo-chinoise qui a tenté de de projeter, à partir des données collectées pour 2010 dans les pays européens, l'évolution géographique du risque de contracter la maladie de Lyme selon l'ampleur de ces changements. Ce risque est assimilé à « la densité de nymphes infectées » dans chaque unité statistique du territoire européen (de 1,1 à 2,8 104 ha) car la majorité des cas humains de maladie de Lyme est associée à une morsure de nymphe (plutôt que de larve ou d'adulte). Pour alimenter leur modèle, les auteurs utilisent les résultats d'autres projets de recherche, qu'il s'agisse du réchauffement climatique ou des évolutions du couvert végétal (cultures dans les plaines, forêts) ou encore des impacts de ces paramètres sur le cycle d'Ixodes ricinus. Par exemple, le développement des surfaces boisées favorise les cervidés, qui sont l'hôte le plus favorable pour la reproduction des tiques. Dans leurs calculs, les auteurs font varier trois hypothèses de changement climatique climatiques (RCP 2.6, 4,5 et 8,5) et quatre changements socioéconomiques (SSP1, SSP3, SSP4 ou SSP5, voir le tableau ci-dessous). Ils obtiennent 6 scenarii potentiellement crédibles.
Le scénario le plus conservateur est celui du respect des accords de Paris, conduisant à maintenir le réchauffement sous les 1° C en 2050 tout en mettant réellement en œuvre la transition énergétique (SSP1 x RCP2,6). Dans ce cas (mais aussi au cas où la transition énergétique soit appliquée mais avec un réchauffement de +1,4° C), la répartition du risque de maladie de Lyme se contracterait en France – et dans la plupart des pays européens. Dans les quatre autres éventualités (SSP3 × RCP4,5, SSP4 × RCP4,5, SSP3 × RCP8,5 et SSP5 × RCP8,5), cette répartition irait grandissant, mais pas forcément en corrélation avec le réchauffement, ni de manière homogène en Europe (voir la figure ci-dessous).
Ainsi, en Scandinavie, quelle que soit la combinaison ce changement climatique et d'évolution socio-économique, le risque de maladie de Lyme augmente du fait de l'augmentation de densité des nymphes infectées et de l'étendue de leur répartition, toutefois le Danemark reste indemne. Lorsque les changements sont limités (accords de Paris), ce risque reste absent en hiver. Pour l'été, les zones de densité modérée en 2010 deviennent des zones à risque élevé. En Europe du Sud (Italie, Portugal, Grèce), les 6 scénarios produisent une réduction du risque, par exemple par perte du couvert végétal (sécheresse, feux, intensification agricole…) et donc de la réduction de l'espace habité par les tiques pour l'été, mais une étendue de ce risque en hiver en Grèce et au Portugal. A l'échelon européen, le scénario se produisant par l'augmentation la plus élevée du risque est SSP4 × RCP4,5, ce qui n'est pas le plus extrême en termes de réchauffement et de changements attendus, mais fait tomber Grande-Bretagne et Danemark dans la besace de Borrelia burgdorferi. C'est parce qu'il produit à la fois des conditions climatiques favorables aux tiques (+1,4° C) et à l'extension du couvert forestier (+21,7 %) et donc à leurs hôtes (+79 % pour les cervidés, +87 % pour les rongeurs). Du fait de ces facteurs, la répartition et la densité des nymphes infectées augmenteraient alors également en hiver, partout sauf au Portugal (-7,1 %). Cette augmentation serait particulièrement marquée aux Pays-Bas, au Danemark et en Hongrie (> 40 %). Mais c'est en période chaude à risque que l'augmentation serait alors la plus importante, en particulier au Danemark, aux Pays-Bas et en Lituanie.
Les auteurs soulignent que leurs résultats s'adressent aux décideurs en santé publique, afin de prendre des mesures préventives. Ce travail est publié la même semaine qu'un constat plus sombre outre-Atlantique, où le développement de la maladie de Lyme est qualifié de « seconde plus importante épidémie de maladie vectorielle de l'histoire récente des USA », aux côtés du paludisme. Cet article analyse en quoi l'éradication du paludisme a été couronnée de succès avant 1950 alors que « 40 ans après sa découverte, l'incidence de [la maladie de Lyme] continue d'augmenter, tout comme celle d'autre maladies à tiques comme l'ehrlichiose, la babésiose et l'anaplasmose ». Cet échec est associé à différents facteurs, dont le fait que la maladie n'est pas mortelle, au fait que les mesures reposent sur la protection individuelle et que les actions de plus grande ampleur peuvent être stoppées par de petits groupes d'opposants. Aussi, ces auteurs estiment-ils que « il faut changer de paradigme », avec cinq propositions :
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