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21 février 2023
La maladie ataxique (staggering disease) est en fait la rubéole du chat
La maladie du chat ataxique (staggering disease) a été décrite il y a 50 ans, mais son agent causal n'a été identifié que cette année : il s'agit d'un virus inconnu jusqu'ici, apparenté à celui de la rubéole chez l'humain. Ce Rustrela virus (RusV) est hébergé par le mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus), proie connue des chats qui sortent… Au moins pour la Suède, l'Autriche et l'Allemagne.
C'est en 1974 qu'une ataxie féline a été décrite en Suède, sur un chat présentant à l'autopsie une méningo-encéphalite non suppurée (virale). Le cas était localisé « entre Stockholm et Uppsala, une zone qui est restée un point chaud pour la malade du chat ataxique jusqu'à ce jour ». En 1994, plusieurs cas ont été décrits dans la région de Vienne (Autriche), et il y a trois ans, une série de 4 cas a été décrite rétrospectivement en Allemagne. Ces cas se caractérisent par « ataxie de l'arrière-train avec un tonus musculaire généralement accru, entraînant une démarche titubante. Un large éventail d'autres signes neurologiques peut se manifester, notamment l'incapacité de rétracter les griffes, l'hyperesthésie [du dos et de la queue] et, occasionnellement, des tremblements et des crises d'épilepsie. Les altérations comportementales comprennent une vocalisation accrue, un état dépressif, un comportement plus affectueux, et rarement l'agressivité ». L'affection peut évoluer sur quelques jours à quelques mois, voire un an, mais son issue est fatale, l'état de l'animal requérant une euthanasie.
Le tableau histologique est celui d'une méningo-encéphalomyélite non suppurée, lymphohistiocytaire avec des infiltrations en manchons périvasculaires dans la substance grise. Cette unité clinique, histologique et géographique « a toujours fait considérer qu'il pouvait s'agir d'une entité pathologique cohérente avec une étiologie » commune. Un Bornavirus a été un temps incriminé à ce titre. Toutefois, ces virus se manifestent aussi dans des zones géographiques limitées ne recoupant que partiellement celles de la maladie ataxique (pas en Suède) et les chats suédois atteints ne présentaient pas de séropositivité pour ce virus. Or en 2020, des virologistes vétérinaires allemands ont publié dans Nature la découverte d'un nouveau virus animal, nommé Rustrela virus, à partir de l'encéphale de différentes espèces de mammifères d'un zoo du nord de l'Allemagne (avec les mêmes lésions histologiques), mais d'aucun félin. Le virus avait aussi été identifié dans l'encéphale de mulots à collier (Apodemus flavicollis) sains, piégés dans et aux abords du zoo.
La métagénomique permettant d'aller chercher, rétrospectivement, dans des prélèvements, des acides nucléiques permettant d'identifier un pathogène, ces auteurs ont rassemblé des prélèvements d'encéphale congelés ou fixés pour l'histologie, de 29 chats à maladie ataxique confirmée. Il s'agissait de :
Tous ces cas ont été analysés par RT-PCR et par immunohistochimie à la recherche d'un Bornavirus et ont tous été trouvés négatifs. Les auteurs ont aussi choisi des témoins négatifs, prélèvements issus de 8 chats allemands à encéphalite (entre 2017 et 2022) et 21 chats des trois pays, dénués d'encéphalite et décédés entre 2018 et 2022.
En premier lieu, 17 des 29 “cas” ont été analysés en métagénomique et des fragments du génome du RusV ont été identifiés chez chacun, avec la totalité du génome viral obtenue pour trois chats suédois et un chat allemand et la quasi-totalité de ce génome pour deux chats autrichiens. De manière étonnante, les souches autrichienne et suédoise sont plus proches génétiquement que de la souche allemande. Celle-ci (obtenue sur un chat du nord-est du pays) est étroitement apparentée (97 % d'homologie) à la souche identifiée dans le zoo en 2020. À partir de ces éléments, les auteurs ont construit une RT-PCR capable de détecter toutes les souches de RusV, et y ont soumis les 29 prélèvements : les 15 prélèvements suédois, 8 des 9 prélèvements autrichiens et 3 des 5 prélèvements allemands ont fourni un résultat positif. Aucun des prélèvements “témoins” n'a été trouvé positif. Les auteurs ont conforté ce résultat par hybridation in situ (de l'ARN viral) et par immunohistochimie (marquage des antigènes viraux). Ils obtiennent 24 et 27 des 29 sujets positifs, respectivement. Là encore, aucun des encéphales des témoins n'a été trouvé positif par ces méthodes. Tous les sujets positifs avaient un accès extérieur.
Les auteurs se sont alors intéressés au réservoir potentiel de ce virus : ils ont « analysé des échantillons de cerveau provenant de 116 rongeurs qui avaient été collectés entre 1995 et 2019 lors d'études de surveillance [réalisées sur un site] localisé à environ 80 km au sud-ouest de l'origine du chat infecté par le RusV le plus proche détecté dans [la présente] étude ». Aucun des 10 mulots à collier n'a été trouvé positif. En revanche, 8 des 106 mulots sylvestres l'étaient (7,5 %), et aucun d'entre eux ne présentait de lésions histologiques du SNC. Et le génome total de ces souches était très proche de celui issu des chats suédois pour lesquels il était disponible. Pour les auteurs, l'ensemble de ces résultats « confirme sans équivoque l'infection par le RusV chez 27 des 29 chats » à maladie ataxique. Il leur reste à réaliser l'inoculation expérimentale de chats pour le démontrer, mais ils ne disposent pas (pour le moment) d'isolement du RusV. Cela permettrait également d'évaluer dans quelle mesure les chats infectés ont (ou non) excréteurs. Et restera à déterminer l'écologie du virus chez son ou ses réservoirs car la répartition des deux espèces de rongeurs (voir la carte ci-dessous) est loin d'expliquer l'étroitesse de la localisation géographique des cas de maladie ataxique…
Répartition géographique des deux espèces de mulot trouvées suspectées de réservoir pour le Rustrela virus (sources cartes : INPN et UICN).
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