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2 décembre 2022

Angiostrongylose canine : 3 prélèvements sur 1 jour plutôt qu'1 pendant 3 jours, pour le diagnostic par coproscopie

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Angiostrongylus vasorum, observé ici dans un échantillon de sang d'un chien (cliché Wikimedia Commons).
Angiostrongylus vasorum, observé ici dans un échantillon de sang d'un chien (cliché Wikimedia Commons).
 

Chez le chien, l'excrétion fécale des larves d'Angiostrongylus vasorum est intermittente, et il est habituellement conseillé de recueillir des échantillons de fèces durant 3 jours successifs pour le diagnostic de l'angiostrongylose par coproscopie. Selon les résultats d'une nouvelle étude, il serait toutefois préférable de prélever 3 échantillons, mais le même jour. Car la quantité de larves vivantes dans le prélèvement diminue fortement en 48 heures, et a fortiori en 72 heures, même si l'échantillon est conservé au frais.

La sensibilité de l'analyse est importante, car les signes d'infestation sont d'importance très variable, les chiens pouvant rester longtemps asymptomatiques avant de présenter des signes respiratoires, hémorragiques ou neurologiques pouvant être graves. Un diagnostic précoce permet de mettre en place rapidement un traitement adapté, afin d'augmenter les chances de guérison et limiter les lésions pulmonaires.

Coproscopies successives durant 4 jours

Pour cette étude, réalisée en Suisse (faculté Vetsuisse, université de Zurich), les auteurs ont recueilli des échantillons de fèces de 21 chiens naturellement infestés. Ils les ont analysés par la technique de Baermann, technique la plus utilisée en pratique vétérinaire courante.

Le premier objectif était d'évaluer la sensibilité du test dans le temps, c'est-à-dire lorsque l'analyse est différée. En pratique en effet, l'analyse des échantillons recueillis durant 3 jours est effectuée au même moment, le premier prélèvement étant ainsi conservé au moins 72 heures avant analyse.

Un échantillon de selles a donc été prélevé chez chaque chien durant 4 jours consécutifs (J0 à J3). Une partie était analysée le jour même, en laissant les larves migrer (dans l'entonnoir du dispositif) durant 12 ou 24 heures. Le reste était conservé au frais (à 4 °C), et analysé le jour suivant en même temps que l'autre prélèvement, puis le jour suivant avec les 2 autres, etc., jusqu'à J4 (voir figure ci-dessous).

Schéma du protocole d'étude

Figure reproduite de Oehm & Schnyder, Vet Parasitol, 2022.

°

Migration 12 ou 24h : sans différence

Les résultats montrent que le temps de migration est sans impact sur la quantité de larves observées ensuite au microscope (exprimée en larves par gramme) : les différences ne sont pas significatives entre les mesures effectuées après 12 ou 24 heures de migration, lors de chacun des 4 jours.

En pratique, il apparaît donc possible d'effectuer l'examen microscopique dès après 12 heures de migration.

Réduire au maximum la durée de stockage avant analyse

Le temps de conservation au frais avant analyse, en revanche, affecte le résultat. Entre les examents faits à J1 et J2, les quantités de larves vivantes ont tendance à diminuer. Et les jours suivants, la diminution devient significative :

  • Entre J1 et J3, les quantités de larves observées diminuent de plus de 55 % ;
  • Et le taux de réduction atteint 93,5 % entre J1 et J4.

Ainsi, conseiller d'effectuer 3 prélèvements 3 jours consécutifs pour éviter les faux-négatifs liés à l'intermittence de l'excrétion ne serait finalement pas optimal. Et en pratique, les auteurs proposent de préférer prélever à plusieurs reprises, mais sur une seule journée. Encore faut-il que le chien soit coopératif, et émettent des selles suffisamment fréquemment.

Dans tous les cas, une analyse la plus rapide possible (dès réception du 3e prélèvement) est recommandée, afin de limiter le temps de stockage et la réduction du nombre de larves survivantes.

La sensibilité du test demeure toutefois limitée en début d'infestation : l'excrétion fécale n'étant observée que 6 à 8 semaines après la contamination.

Corrélation entre charge parasitaire et excrétion

Les autres objectifs de l'étude étaient d'évaluer la corrélation entre la charge parasitaire des chiens et l'excrétion fécale (quantité de larves observées), ainsi qu'avec les taux d'anticorps ou d'antigènes détectés par sérologie (test Elisa). Ici, les auteurs ont utilisé les données de travaux antérieurs (étude suivant un protocole d'infestation expérimentale, chez 45 chiens).

Selon leurs résultats, une corrélation (modérée) est établie entre la charge parasitaire de l'animal et l'excrétion fécale : plus l'animal est parasité, plus les quantités de larves détectées par coproscopie sont élevées. Cette corrélation est intéressante sur le plan clinique afin d'évaluer le niveau d'infestation du chien et les risques de lésions.

En revanche, aucune corrélation n'est établie ici (contrairement à d'autres études) entre la charge parasitaire et les résultats des sérologies (antigènes ou anticorps mesurés par test Elisa), même si ces dernières ont été positives pour tous les chiens, attestant ainsi leur sensibilité et leur intérêt dans le diagnostic de l'angiostrongylose, en alternative ou en complément de la coproscopie, notamment. Les anticorps sont produits rapidement après l'infestation, ce qui permet un diagnostic précoce. Ils ne protègent toutefois pas l'animal contre les réinfestations.