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22 septembre 2022

Maladie des griffes du chat : les formes atypiques pas si rares chez les enfants

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

La saisonnalité de la maladie des griffes du chat est forte chez les enfants, au centre-sud des États-Unis, selon une étude rétrospective sur 9 ans dans un centre de référés pédiatriques (Amin et coll., 2022).
La saisonnalité de la maladie des griffes du chat est forte chez les enfants, au centre-sud des États-Unis, selon une étude rétrospective sur 9 ans dans un centre de référés pédiatriques (Amin et coll., 2022).
 

La maladie des griffes du chat affecte 13 000 personnes par an aux États-Unis, estime le Centre pour le contrôle des maladies (CDC), et près du tiers des cas (32,5 %) se produit chez des enfants de moins de 14 ans. Les formes dites classiques se résument à une lymphadénite (ganglion drainant la zone anatomique griffée ou léchée), qui guérit spontanément en quelques semaines chez les sujets immunocompétents. Les formes atypiques (nerveuses, oculaires, hépatiques, endocardites, articulaires…) sont fréquentes chez les adultes, et de prise en charge médicale plus complexe.

304 cas pédiatriques en 9 ans

Des infectiologues et épidémiologistes américains viennent de rechercher les cas de maladie des griffes du chat dans les dossiers électroniques de patients d'une structure de référés pédiatriques d'Atlanta, entre 2010 et 2018 inclus. Sur ces 9 années, ils identifient 304 cas (tous de moins de 18 ans), chacun étant avéré soit par sérologie soie par PCR comme positif au regard de Bartonella henselae. Les auteurs ont passé en revue le contenu de chaque dossier, sur les signes cliniques et les résultats des examens complémentaires, dans l'idée de « faire progresser les connaissances sur l'épidémiologie de la » maladie des griffes du chat.

Moins de 14 ans

De fait, alors qu'une étude antérieure (mais réalisée sur des patients de tous âges) avait identifié deux pics d'incidence annuelle ; chez les enfants les auteurs ne retrouvent qu'un pic automnal (d'août à novembre, voir l'illustration principale). Les auteurs précisent qu'il s'agit de la période de pullulation la plus importante des puces. L'âge médian des enfants au moment du diagnostic était de 8,1 ans, toutefois 90 % de ces patients avaient moins de 14 ans. Le diagnostic avait été établi à l'occasion d'une hospitalisation dans la majorité des cas (46 %), devant l'admission aux urgences (41 %). Chez les autres patients, le diagnostic n'a pas été suivi d'une hospitalisation.

Splénomégalie

Le signe clinique le plus fréquent (79 % des cas) était une lymphadénopathie (durant depuis 9 jours au moment de la consultation – valeur médiane), dans un cas sur deux en région cervicale. La localisation axillaire était observée pour un quart des cas (24 %), et la région inguinale dans 14 % des cas. Il y a eu biopsie ganglionnaire pour 11 % des cas (sans que cela contribue au diagnostic). Sur 55 patients pour lesquels une imagerie de l'abdomen avait été réalisée, plus du tiers (36 %) présentaient une splénomégalie et 38 % avaient des micro-abcès spléniques et/ou hépatiques. Un cas sur 10 (9 %) présentait une lymphadénopathie abdominale.

Une forme atypique sur 5 cas

Près d'un cas identifié sur deux (46 %), avait une fièvre qui durait depuis 5 jours au moment de la consultation (valeur médiane). Les formes atypiques (sans adénopathie) représentent tout de même 21 % des cas pédiatriques. Cela va des ostéomyélites aux anomalies oculaires, en passant par des cas de méningite aseptique, voire de pneumonie (un cas). Les auteurs relèvent que cette proportion est particulièrement élevée, par rapport à d'autres études. Selon eux, il pourrait y avoir un biais de recrutement des cas (réalisé a posteriori) parce que les cas les plus sévères (que sont les formes atypiques) font l'objet de plus d'explorations médicales, minorisant les cas banals et sans gravité. Sur l'ensemble des cas, 86 % ont reçu une antibiothérapie (azithromycine dans la majorité des cas), sur 4 à 10 jours (médiane à 4 jours). Toutefois, il n'y avait pas de différence sur l'évolution (vers la guérison) entre les patients ayant reçu un antibiotique et ceux n'en ayant pas reçu (p=0,13).

Chatons… et chiens

Pour 86 % des patients inclus dans cette étude rétrospective, une exposition à un chat (au moins) était renseignée : 24 % à un/des chatons, 45 % à un/des chats adultes et le restant aux deux. Pour près de deux cas sur trois (64 %), aucune exposition à une autre espèce animale était déclarée. Pour 22 % des cas, une exposition à un chien était également reconnue. Les auteurs ont recherché auprès de la faculté vétérinaire d'Athens la proportion d'animaux diagnostiqués positifs pour B. henselae en sérologie ou PCR entre 2018 et 2020 : ils n'ont trouvé qu'un chat positif, les autres animaux positifs étant… des chiens.

Au bilan, les auteurs recommandent le recours à l'imagerie chez des enfants suspects de présenter une maladie des griffes du chat… et d'inclure les chiens dans les facteurs d'exposition lors du recueil de l'anamnèse.