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23 juillet 2021

Pancytopénie féline outre-Manche : des mycotoxines ?

par Vincent Dedet

Temps de lecture  2 min

L'épisode de pancytopénie féline identifié début mai dès les 10 premiers cas outre-Manche a donné lieu à une alerte nationale à la mi-juin. Son bilan ne cesse d'augmenter depuis, et deux cas sur trois sont fatals (LeFil, d'après la page consacrée à l'affection par le Royal Veterinary College).
L'épisode de pancytopénie féline identifié début mai dès les 10 premiers cas outre-Manche a donné lieu à une alerte nationale à la mi-juin. Son bilan ne cesse d'augmenter depuis, et deux cas sur trois sont fatals (LeFil, d'après la page consacrée à l'affection par le Royal Veterinary College).
 

Le bilan du nombre de chats atteints de pancytopénie outre-Manche continue de monter, au fil des mises à jour publiées tous les 2 à 3 jours par le Royal Veterinary College de Londres. A la mi-juillet, le cap des 500 cas a été franchi, et au 22 juillet, le total était à 521 cas (voir le graphique principal). Le pic de cas semble toutefois être passé : la semaine du 14 juin, 100 cas ont été recensés, alors que seuls 7 cas l'ont été la semaine commençant le 12 juillet (voir le graphique ci-dessous).

Evolution hebdomadaire du nombre de cas de pancytopénie féline identifiés par le Royal Veterinary College, à la mi-juillet (source : RVC).

 

Près de 2 décès pour 3 malades

La létalité se réduit par rapport aux premières annonces, relayées dans LeFil les 18 juin et 2 juillet, mais reste conséquente à près d'un cas sur trois (63 %). Les épidémiologistes et cliniciens continuent d'inciter les praticiens à déclarer en ligne des cas de pancytopénie féline, même rétrospectivement. Outre ce décompte, la principale nouveauté est la détection de mycotoxines « dans un petit nombre d'échantillons » de l'aliment du commerce qui a été rappelé, selon une mise à jour publiée par la Food Standards Agency (équivalent de l'Anses).

Dépistage élargi

La nature des mycotoxines détectées n'est pas précisée, simplement que « les mycotoxines sont largement présentes dans certains types d'aliments, pour les humains comme pour les animaux, et n'indiquent pas, en tant que telles, qu'elles soient la cause de la pancytopénie ». La FSA indique procéder à un plus grand nombre d'analyses, sur un plus grand nombre d'échantillons d'aliment, « pour un dépistage élargi de toutes les toxines possibles ». Toutefois, la page consacrée au sujet par le Royale Veterinary College ne fournit de détails que sur une famille de toxines : les trichotécènes.

Trichothécènes

Il s'agit « d'une grande famille chimique, reliée aux mycotoxines produites par des champignons comme Fusarium, Trichoderma, Trichothecium et autres. Les trichotécènes de type A comprennent les toxines T-2 et HT-2 ». Celles-ci « peuvent induire un large éventail d'effets toxiques chez les animaux, y compris une perte de poids, d'appétit, une réduction des numérations en cellules sanguines (lignées blanche, rouge et plaquettes), conduisant à un risque accru d'infections et/ou de saignements ». Les chats sont particulièrement sensibles à ces deux mycotoxines, « mais le manque de données a empêché l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de proposer une valeur légale seuil pour leur concentration dans l'alimentation féline ».

La foire aux questions de la PetFood Manufacturers' Association (PFMA) mise à jour le 16 juillet dernier explique que le groupe de mycotoxines identifié par la FSA « doit faire l'objet d'explorations soutenues. Jusqu'à présent, aucun lien indiscutable n'a été identifié, et les investigations sur d'autres sources [de maladie] continuent au même rythme ». Si la piste des mycotoxines se confirmait, il s'agirait donc d'une anadémie (intoxication alimentaire d'une origine unique sur un grand nombre de sujets sans lien géographique).