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22 juillet 2021
Les antiépileptiques n'altèrent pas la qualité de sommeil du chien
Indispensables, les antiépileptiques ne sont pas dénués d'effets indésirables sur le comportement du chien traité : sédation, léthargie, baisse d'activité. Qu'en est-il de la qualité de sommeil ? Elle est réputée altérée chez les personnes épileptiques sous traitement, avec des épisodes d'insomnie, d'apnée du sommeil…, ce qui finalement favorise les crises…
Est-ce le cas chez le chien ? Il semble que non, selon les résultats d'une étude prospective menée aux USA et publiée (en libre accès) dans le JVIM. Ce qui en a finalement étonné les auteurs.
Ces universitaires de Madison (Wisconsin) avaient en effet posé l'hypothèse que le niveau d'activité et la qualité de sommeil des chiens épileptiques seraient diminués par leur traitement. Pour cela, ils ont recruté 62 chiens atteints d'épilepsie, et 310 chiens non atteints (groupe témoin) d'âges et de races équivalents (5 pour 1 malade).
Dans le premier groupe, les chiens devaient être traités depuis au moins 6 mois. Et aucun ne devait présenter de maladie concomitante susceptible d'altérer la vigilance.
Les chiens épileptiques ont été équipés d'un capteur d'activité (accéléromètre) fixé au collier, permettant d'évaluer, pendant 12 semaines, leur niveau d'activité, ainsi que la qualité de sommeil (score de sommeil établi d'après le temps passé inactif sur une période nocturne de 4h). Le dispositif utilisé était destiné à un usage chez le chien, avec ses limites : le chien peut être éveillé sans être actif, ce qui est analysé comme du sommeil. L'analyse s'est donc portée sur l'agitation nocturne, évocatrice d'un sommeil de mauvaise qualité. Dans l'idéal, les mesures de l'accéléromètre pourraient être couplées à celles d'un électroencéphalographe, voire à des images vidéo, afin d'affiner l'évaluation du sommeil, ce qui n'a pas été réalisé ici.
Pour les témoins, des enregistrements similaires étaient disponibles (pendant 12 semaines aussi).
Les chiens épileptiques étaient de races, sexe et âges variables, ce qui était l'objectif recherché pour être représentatifs.
Leur traitement était variable aussi, avec 22 monothérapies et 40 polythérapies, associant 2 (n=16), 3 (n=19) ou 4 molécules (n=5), à des doses différentes. Les antiépileptiques les plus fréquemment utilisés étaient le phénobarbital, le bromure de potassium, le zonisamide, le lévétiracétam. Quelques cas étaient sous gabapentine, topiramate ou imépitoïne.
Les résultats montrent bien que le niveau d'activité des chiens traités est diminué par comparaison aux témoins, suivant une baisse estimée à -18 % en moyenne (voir figure ci-dessous). Ils sont cohérents avec les effets des antiépileptiques observés en humaine.
L'analyse par sous-groupes (selon le traitement administré) montre aussi que la baisse est significativement plus marquée chez les chiens traités par l'association phénobarbital et bromure (-28 %). Selon les auteurs, cet effet est éventuellement à prendre en considération dans le traitement de l'épilepsie des chiens de travail.
Les dosages (en mg/kg), en revanche, ne sont pas trouvés associés à des différences significatives.
Par ailleurs, et contrairement aux attentes, les scores de sommeil des chiens des deux groupes (épileptiques et témoins) ne sont pas différents (voir figure en illustration principale). En pratique, les chiens traités ne présentent pas davantage d'activité nocturne (agitation) que les autres, un effet qui pourrait gêner ou inquiéter le propriétaire.
Aucune différence statistique n'est observée non plus selon la nature du traitement administré. Seul le dosage de bromure de potassium est corrélé à une baisse de qualité de sommeil (plus il est élevé, plus l'activité nocturne augmente). Cette observation étonne également les auteurs compte tenu du mode d'action de la molécule, susceptible au contraire de favoriser la somnolence.
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