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11 mai 2021

Les fructosamines : mauvais indicateurs du contrôle du diabète chez le chien

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

D'après Zeugswetter et al., Vet. Rec., 2021.
D'après Zeugswetter et al., Vet. Rec., 2021.
 

Le dosage des frutosamines chez le chien diabétique s'envisage comme un outil de suivi du contrôle de la maladie. Il est déjà utilisé, surtout chez le chat, pour détecter les cas d'hyperglycémie transitoire (liée au stress), il reflète en effet les concentrations en glucose dans le sang sur les 8 à 15 jours précédents.

Ce dosage serait ici une alternative simple et pratique à d'autres méthodes contraignantes ou parfois mal tolérées à long terme : la mesure régulière de la glycémie par le propriétaire, ou la réalisation de courbes de glycémie (technique de référence). Face à l'inconsistance des données sur la fiabilité de ces dosages, l'analyse des résultats obtenus chez 24 cas a été menée. Et malheureusement, les observations confirment celles d'études antérieures : les fructosamines ne sont pas un bon indicateur d'un diabète contrôlé.

Mesure en continu sur 2 semaines

Les chiens inclus étaient donc atteints de diabète sucré et traités par des injections d'insuline, de diverses natures et depuis 3 mois en médiane (entre 1 mois et 32 mois pour le plus ancien).

Dans le cadre de leur suivi, tous les animaux avaient bénéficié d'une mesure en continu du glucose interstitiel pendant plusieurs jours (système dit flash glucose monitoring), le dispositif comprenant un capteur sous-cutané positionné au niveau du cou. Le capteur est ainsi resté actif 13 à 14 jours chez la plupart des chiens (80 %), la durée la plus courte étant de 8 jours (pour un seul chien).

L'interprétation de ces mesures suivait deux procédés. Le premier s'appuie sur la concentration médiane en glucose, selon les seuils suivants : <12,8 mmol/l (bon contrôle du diabète), entre 12,8 et 17,6 mmol/l (contrôle moyen) et >17,6 mmol/l (contrôle insuffisant). Selon le second mode de calculs, un bon contrôle correspondait à plus de 60 % des mesures dans l'intervalle visé (3,3-11,1 mmol/l) et moins de 30 % au-dessus.

Un dosage des fructosamines était effectué en parallèle, au retrait du capteur sous-cutané. Et un questionnaire était complété par le propriétaire pour rechercher des signes de défaut de contrôle du diabète (polyuro-polydipsie, apathie, perte de poids, crise d'hypoglycémie, etc.).

Pas de détection des diabètes mal contrôlés

Les résultats montrent que les fructosamines ne permettent pas de distinguer les chiens dont le diabète est bien contrôlé. Ainsi, 17 cas ont présenté des épisodes d'hypoglycémie (glucose interstitiel sous le seuil de 3,3 mmol/l), sans que les valeurs de fructosamines chez eux ne présentent de différence significative avec celles des 7 autres chiens.

Il est observé par ailleurs que les réponses des propriétaires au questionnaire n'aboutissent pas à un score différent chez ces chiens. Sur ces critères, la perception du contrôle de la maladie de leur animal n'est donc pas fiable non plus.

De plus, une très faible corrélation existe entre les résultats des dosages de fructosamines et les taux de glucose médians mesurés (voir figure en illustration principale).

Enfin, les valeurs des fructosamines apparaissent comparables chez les chiens classés comme bien, moyennement ou insuffisamment contrôlés.

Pour les auteurs, les fructosamines utilisées seules pour évaluer le contrôle du diabète chez des chiens traités ne sont donc pas fiables. Et elles ne peuvent pas être un critère sur lequel décider les ajustements des doses d'insuline.

Toutefois, elles restent potentiellement un indicateur intéressant dans le suivi à long terme des chiens diabétiques. Un dosage pour établir une valeur de référence chez le chien en bonne santé, par exemple, pourrait être exploité ultérieurement, suite au développement de la maladie. Mais cela reste à évaluer.