titre_lefil
logo_elanco

27 novembre 2020

Chats à souffle cardiaque asymptomatique : les mâles à souffle fort candidats à l'échographie

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

Probabilité d'un diagnostic de maladie cardiaque à partir de l'analyse rétrospective du dossier médical de 163 chats référés pour souffle asymptomatique (108 confirmations). D'après Franchini et coll., 2020.
Probabilité d'un diagnostic de maladie cardiaque à partir de l'analyse rétrospective du dossier médical de 163 chats référés pour souffle asymptomatique (108 confirmations). D'après Franchini et coll., 2020.
 

Deux chats sur trois présentant un souffle cardiaque découvert par hasard, alors qu'ils sont en bonne santé, et qui ont été référés pour échographie, se sont vus confirmer la présence d'une maladie cardiaque. Telle est l'observation d'une étude rétrospective réalisée à la faculté vétérinaire de Virginie (USA), qui s'est également attachée à identifier des facteurs prédictifs de cette confirmation.

Peu de galops

La répartition de l'intensité des murmures cardiaques (notée de 1 à 6) était normale, avec 2 % des 163 chats de l'étude notés 1, 1 % noté 6 et une majorité (53,4 %) notée 3. Pour un quart des chats (25,8 %), le souffle cardiaque était variable, et c'est alors l'intensité maximale qui était notée. Pour tous les chats sauf deux, le souffle était systolique et pour 21 chats (12,9 %), un galop était noté (intermittent chez 8 d'entre eux).

Surtout des cardiomyopathies

Dans une minorité des cas (15,3 %), il a fallu sédater le chat avant de procéder à l'échographie cardiaque. Une maladie cardiaque a été confirmée par cet examen (mode M, bidimensionnel et doppler) chez près de deux chats sur trois (62,2 %). Plus précisément :

  • 80,5 % présentaient une cardiomyopathie hypertrophique,
  • 8,3 % présentaient une hypertrophie ventriculaire gauche, attribuée à une hyperthyroïdie ou à de l'hypertension,
  • 7,4 % présentaient une maladie cardiaque congénitale (dont les deux cas de souffle continu),
  • et 3,7 % présentaient « un insuffisance mitrale de cause indéterminée » (pas d'hypertrophie ventriculaire).

Pour les 55 chats pour lesquels l'échographie n'a pas conclu à une maladie cardiaque, des anomalies de flux sanguin ont été détectées pour 30 d'entre eux. Pour les autres, « le souffle était jugé innocent ».

Chat mâle, lourd et à fort souffle

Il n'y avait pas de différence statistiquement significative pour l'âge entre les chats identifiés comme présentant une maladie cardiaque et les autres. En revanche, ceux à maladie cardiaque présentaient plus de chances :

  • d'être mâles (69,4 % vs 49,1 % chez les non malades p=0,016),
  • d'être plus lourds (5,12 vs 4,5 kg, p<0,01),
  • d'avoir un souffle plus fort (noté 3 ou plus, 82,4 vs. 65,5 %, p=0,019).

La présence d'un galop ou d'un souffle d'intensité variable n'étaient pas associés à une maladie cardiaque. Lorsqu'ils réalisent une régression logistique multivariable (pour éliminer les biais d'association entre variables), les auteurs calculent que, présentent sur-risque significatif de maladie cardiaque, les chats asymptomatiques mâles (x 2,5 - p=0,01), et ceux dont le souffle a une intensité d'au moins 3/6 (x 2,6 - p=0,01). Les auteurs ont présenté ce résultat sous forme de tableau (voir l'illustration principale).

Chats adultes bien portants

Pour arriver à ce résultat, les auteurs, tous cardiologues, ont recherché dans les dossiers de patients en échocardiographie à la faculté vétérinaire entre 2006 et 2016 ceux qui correspondaient à des chats en bonne santé référés du fait de la découverte d'un souffle. Sur les 684 cas de chats dont le dossier indiquait la découverte d'un souffle comme motif de l'échographie cardiaque, les auteurs en ont exclu les trois quarts. Les critères d'inclusion étaient les sujets de plus d'un an, ne recevant pas de médicament pour une maladie cardiaque, ne présentant pas d'affection chronique, étaient en bonne santé au moment de la consultation ayant découvert le souffle et si, lors de l'échographie, la taille de l'oreillette gauche était mesurée. Bien sûr, la description du souffle était également nécessaire : au final, les auteurs ont travaillé à partir de 163 dossiers, en grande majorité (87,7 %) correspondant à des chats “croisés” (européens). Un peu moins des deux tiers (62 %) étaient des mâles.