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23 octobre 2020
Antibiotiques vétérinaires en Europe en 2018 : la majorité des pays réduisent leur consommation, y compris les “poids lourds” des productions animales
Cela « sauve des vies ». C'est un satisfecit que s'octroie le programme de surveillance de la consommation d'antibiotiques vétérinaires en Europe (ESVAC) pour sa 10e année d'existence (et son 8e rapport), à propos des antibiotiques critiques. De fait, le rapport publié ce 22 octobre et qui porte sur l'année 2018 (104 p.) fait état à la fois d'un recul de 70 % de l'exposition à la colistine et de 24 % sur les céphalosporines de 3e et 4e générations (C3/C4G) sur la période 2011-2018 et pour les 25 pays européen ayant transmis leurs données sur cette période.
Même si ces résultats sont favorables (voir l'illustration principale), le rapport met aussi en avant le niveau élevé de variation entre les pays, dont cinq pour lesquels les antibiotiques critiques (C3/C4G, fluoroquinolones et colistine) représentent plus de 10 % du total de l'exposition des productions animales :
Plus sage, la France se situait en 2018 sous la barre des 4 %, avec 1,8 mg de colistine par kg de biomasse animale (sous le premier seuil européen défini pour les pays à consommation historiquement élevée), 0,1 mg/kg de fluoroquinolones et 0,02 mg/kg de C3/C4G.
Toutefois, au classement annuel des pays pour l'exposition de leurs productions animales aux antibiotiques (mesurée en mg de matière active par kg de biomasse animale, toutes espèces ensemble y compris les chevaux et les poissons), la France n'a pas progressé (64,3 mg/kg) et reste à 17 places du pays le plus économe, la Norvège (2,9 mg/kg - voir le graphique ci-dessous). Elle est tout de même parmi les 22 pays qui se situent sous la moyenne européenne d'exposition, à 103,2 mg/kg, elle-même en recul de 3,5 % sur un an. Par rapport au classement de 2017, celui de 2018 n'est pas bousculé, à une exception près : le Royaume-Uni. Ce pays avait déjà nettement progressé sur les années précédentes. En 2018, il réduit encore ses consommations (-9,2 %) et est prêt à intégrer le club jusque-là très scandinave des pays les plus économes en antibiotiques. D'autant que les consommations ont augmenté dans deux des quatre pays qui le précèdent : la Suède (+ 5,9 %) et l'Islande (+6,5 %). C'est une belle réussite pour un pays au 3e rang des productions animales européennes (7 215 000 t toutes espèces confondues) alors qu'aucun des 4 pays qui le précède n'a moins de 10 fois la biomasse d'animaux terrestres du Royaume-Uni.
Aux deux extrémités de ce spectre européen figurent toujours les mêmes acteurs : la Norvège et Chypre, avec une exposition de 2,9 et 466,3 mg/kg de biomasse animale, respectivement. Le nombre de pays présentant un recul de l'indicateur est majoritaire : ils sont 20, sur les 31. La Suisse est neutre (+0,2 %) et les 10 restants sont en progression, faible (Pologne : +1,3) à importante (Malte : +24,7 %, Portugal, +38,4 %). La situation de ces deux pays est toutefois particulière : pour Malte, ce n'est que la seconde année de transmission de données au sein d'ESVAC, et les rapporteurs préviennent qu'il faut au moins 4 années successives pour évaluer une évolution dans un pays. Pour le Portugal, les rapporteurs prévenaient dans le rapport de 2019 (portant sur 2017) qu'il n'occupait probablement pas la bonne place suite à des « sous-déclarations » observées cette année-là. De fait, le Portugal est plus proche en 2018 (186,6 mg/PCU) de son niveau d'exposition de 2016 (208 mg/PCU) que de celui de 2017 (134,8). Deux points saillants toutefois (voir le graphique ci-dessous) :
Bien que les pratiques de prescription varient selon les pays, les trois classes d'antibiotiques qui dominent à l'échelle européenne (elles représentent plus des deux tiers des ventes) sont les tétracyclines (30,7 %), les pénicillines (28,8 %) et les sulfamides (8,4 %), devant les macrolides (7,7 %). La part des traitements collectifs est dominante (87,7 %) et plus de la moitié des médicaments vendus pour cela sont des poudres orales (51,8 % de l'exposition), devant les prémélanges médicamenteux (26,9 %) et les poudres orales (9 %). Le rapport comporte aussi les données relatives à la vente de comprimés, qui sont, eux, quasi exclusivement destinés aux animaux de compagnie (hors animaux élevés pour leur fourrure) et exclus du calcul d'exposition par kg de biomasse. A l'échelle des 31 pays européens, la majorité des comprimés vendus en 2018 concernait des pénicillines (42 %), toutefois les rapporteurs signalent que, dans six pays, l'association avec l'acide clavulanique représente « 100 % des ventes de comprimés contenant de la pénicilline ». En France, cela représente 95 % des ventes ; en Suède 13 %. L'autre classe la plus représentée est celle des céphalosporines de 1e et 2e génération (22,4 %), loin devant les macrolides (7,1 %) et les sulfamides potentialisés (5,8 %). Ces derniers représentent plus de la moitié de la matière active vendue en comprimés en Pologne et Slovénie, et plus de 40 % en Grèce.
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