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Elanco & Proplan

10 septembre 2020

Le traitement chirurgical du ligament croisé accorde des chances d'une survie prolongée

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Courbes de Kaplan-Meier illustrant la longévité post-traitement selon l'option thérapeutique choisie. Source : Boge et al., Prev. Vet. Med., 2020.
Courbes de Kaplan-Meier illustrant la longévité post-traitement selon l'option thérapeutique choisie. Source : Boge et al., Prev. Vet. Med., 2020.
 

Bien que les atteintes du ligament croisé antérieur soient fréquentes chez le chien, le résultat à long terme des différentes options thérapeutiques reste peu documenté. C'est donc pour l'évaluer que des cliniciens scandinaves ont mené une étude rétrospective sur une cohorte de plus de 300 chiens. Ils supposaient que les techniques de stabilisation chirurgicale auraient les effets les plus favorables. Et leurs observations, publiées en libre accès dans la revue Preventive Veterinary Medicine, leur donnent raison.

Un suivi prolongé jusqu'à 6 ans

L'étude s'est intéressée à la durée de survie post-traitement, partant aussi du principe qu'une mauvaise récupération (douleur chronique, boiterie persistante, etc.) peut aboutir à une demande d'euthanasie, « si la douleur et la perte fonctionnelle sont insupportables ».

Les auteurs ont analysé rétrospectivement les dossiers médicaux de 333 cas, pris en charge dans les hôpitaux vétérinaires universitaires d'Oslo (Norvège) ou Uppsala (Suède) sur une période de 5 ans (2011-2016). Les cas d'atteinte très bénigne ou, inversement, associée à une lésion du ligament collatéral avaient été exclus.

Parmi les paramètres pris en considération, les cliniciens ont notamment évalué le devenir des chiens : éventuelles complications, atteinte ultérieure du membre controlatéral, date et cause du décès le cas échéant, etc. Ce suivi s'est prolongé à long terme, jusqu'à 6 ans après l'intervention.

8 sur 10 traités par chirurgie

La majorité des chiens ont été traités chirurgicalement, par une technique de stabilisation intra- ou extra-articulaire :

  • Ostéostomie (TPLO) pour 143 chiens (soit 43 % de la cohorte),
  • Suture fabello-tibiale latérale pour 125 (38 %).

Un traitement conservateur (non chirurgical) a été effectué chez les 65 autres chiens (19,5 %).

Au moment de leur prise en charge, 4 chiens sur 10 (134/333) présentaient une maladie concomitante de leur atteinte articulaire, le plus souvent une luxation de la rotule au plan orthopédique, une affection dermatologique dans les autres cas.

18 % de décès

À la fin de l'étude en 2018, près de la moitié des chiens étaient encore en vie (164 soit 49 %). Et parmi les non survivants, 61 décès étaient liés à l'atteinte du ligament croisé, ce qui représente 18 % de la cohorte entière. Les motifs ayant amené à la décision d'euthanasier le chien sont le plus souvent une boiterie persistante (25 cas) et une atteinte de l'autre genou (17 cas).

Selon l'option thérapeutique choisie, ces décès sont répartis comme suit.

  • Traitement conservateur : 19/65 soit 29 % ;
  • TPLO : 23/143 soit 16 % ;
  • Suture fabello-tibiale : 19/125 soit 15 %.

Toutefois, la maladie concomitante de l'animal a « contribué » à la décision d'euthanasie dans 9, 7 et 6 cas, respectivement.

Moindre risque de décès suite à une chirurgie

Les cliniciens ont également calculé la durée de survie post-traitement, et ont recherché les paramètres associés. L'analyse a été menée en excluant les chiens encore en vie à la fin de l'étude et ceux décédés d'autres motifs : les résultats montrent que le risque de décès relatif à la maladie articulaire est plus élevé lors de traitement conservateur (voir en illustration principale les courbes de survie de Kaplan-Meier). La longévité est prolongée dans les cas de traitement chirurgical, quelle que soit la technique suivie sans différence significative entre les deux. Cet écart en faveur de la chirurgie est retrouvée aussi lorsque l'analyse est effectuée sur tous les chiens décédés, quel que soit le motif (n=169). Elle conforte les conclusions d'autres travaux rapportant les bons résultats de la prise en charge chirurgicale d'une rupture du ligament croisé, notamment la TPLO, mais menés sans comparaison avec un traitement non chirurgical.

Ces constats doivent toutefois être relativisés, car de nombreux paramètres entrent en ligne de compte dans le choix du traitement, médicaux comme financiers, entre autres, ce qui constitue un biais notable de cette étude.

Les autres facteurs augmentant le risque de décès (prématuré) associé à la lésion du ligament croisé sont :

  • La présence d'une maladie concomitante (qui peut démotiver le propriétaire),
  • Un âge plus avancé du chien (potentiellement pour les mêmes raisons),
  • Un poids plus élevé, au moment du diagnostic.