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14 janvier 2020
Fentanyl vs morphine : l'hypothermie postopératoire est moindre avec le fentanyl chez le chien
Utilisés pour leur action analgésique en chirurgie, les opioïdes affectent aussi le centre de la thermorégulation du corps. Et il en résulte une hypothermie aux conséquences potentiellement délétères durant la phase postopératoire (sur la cicatrisation et la coagulation, notamment).
Les chirurgiens de l'école vétérinaire de Taichung à Taïwan ayant observé chez le chien de telles hypothermies induites, mais d'importance différente selon la molécule utilisée (morphine ou fentanyl), ils ont mené une étude pour le confirmer et le quantifier. Ils publient leurs résultats en libre accès dans le dernier numéro de l'American Journal of Veterinary Research (numéro de janvier 2020).
L'hôpital vétérinaire universitaire utilise en effet deux combinaisons de molécules dans ses protocoles d'analgésie chirurgicale : une association de lidocaïne et kétamine, et de morphine, ou cette même association lidocaïne et kétamine, mais combinée au fentanyl.
Pour comparer leurs effets sur la température corporelle des chiens opérés, les chirurgiens ont sélectionné 32 animaux, amenés par leur propriétaire pour des chirurgies « non urgentes » (stérilisation, mastectomie, cystotomie, etc.). Ces chiens étaient en bon état de santé par ailleurs : ils étaient exclus en cas de troubles pouvant interférer avec les effets ou le métabolisme des morphiniques (maladie endocrinienne ou inflammatoire, hépatique ou rénale, neurologique, digestive, etc.). Ils ne devaient pas être sous traitement analgésique (AINS par exemple). Ils pesaient 15 kg au maximum et n'étaient ni maigres ni obèses, afin d'éviter les variations liées à la masse graisseuse et à la surface de peau (rapportée au poids) sur l'hypothermie.
La moitié de l'effectif (n=16) a reçu de la morphine et l'autre moitié du fentanyl, dans le mélange analgésique. Celui-ci était administré en perfusion continue, durant toute l'anesthésie, de l'induction à la fin de l'intervention (extubation) :
L'administration était ensuite prolongée pendant 12h, à mi-dose.
Une prémédication avait été effectuée au préalable, par une association de morphine (0,5 mg/kg IM) ou de fentanyl (5 microg/kg IV), et de midazolam (0,2 mg/kg IV).
Le cas échéant, en cas de détection d'une douleur (augmentation du rythme cardiaque), un bolus supplémentaire de fentanyl était administré (à la dose de 1 microg/kg par voie IV). Cette analgésie complémentaire n'a pas été requise pour aucun chien durant la période post-chirurgicale.
En complémentent des relevés habituels du monitorage de l'anesthésie (fréquences cardiaque et respiratoire, pression artérielle, score de sédation…), la température rectale était mesurée :
Un résultat inférieur à 37°C était considéré comme indicateur d'une hypothermie au sens strict.
Les résultats montrent que la température corporelle est en moyenne significativement inférieure à la valeur de référence à T0 (extubation) dans les deux groupes.
Durant la phase postopératoire, elle demeure significativement inférieure à cette valeur de référence pendant toutes les 12h dans le groupe traité avec de la morphine, mais seulement pendant 3h dans le groupe traité avec du fentanyl.
Excepté à T0, la baisse de la température est significativement moindre dans le groupe fentanyl, à chaque mesure (voir courbe en illustration principale).
Au plan individuel, une véritable hypothermie (valeur < 37°C) a été observée à 27 reprises (9 chiens) dans le groupe morphine, et une seul fois (1 chien) dans l'autre groupe.
Les chiens n'ont pas montré de différence significative, en revanche, concernant les scores de douleur et de sédation, également mesurés pendant 12h.
Selon les auteurs de l'étude, la variation de l'effet des molécules sur la température corporelle pourrait s'expliquer par leur différence d'action sur les récepteurs kappa aux opiacés. Et elle pourrait se révéler importante en pratique dans le cadre de la prévention de l'hypothermie post-chirurgicale.
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