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24 avril 2019
Propositions scandinaves d'outils de détection et surveillance de l'infection par Mycoplasma bovis et d'évaluation de son impact sur les jeunes animaux
Deux études scandinaves, par des équipes différentes, viennent documenter l'effet de l'infection par Mycoplasma bovis sur les jeunes animaux. La première, danoise, identifie un sur-risque de décès/réforme des génisses amouillantes associé à l'augmentation de prévalence de l'infection dans le troupeau. La seconde, finlandaise, propose une stratégie diagnostique pour la détection et la surveillance de l'infection : il ne faut pas se limiter aux mammites.
Dans l'étude épidémiologique danoise, les auteurs ont réalisé un suivi de cohorte des veaux femelles et génisses au sein de 36 élevages laitiers (dont 8 non infectés), au travers de 4 visites vétérinaires réalisées à trois mois d'intervalle. A chaque visite :
Les auteurs utilisent comme critère le départ précoce non désiré de l'élevage (DPND) : mort ou réforme (euthanasie ou abattoir). Ils obtiennent 63 animaux DPND+, la majorité des réformes se sont produisant après le suivi (à partir de 18 mois d'âge), alors que l'essentiel de la (très faible) mortalité se produisait entre 3 et 9 mois d'âge. Les analyses sérologiques (sérum) et de lait (vaches adultes) étaient réalisées avec une trousse Elisa du commerce pour la détection d'anticorps anti-M. bovis. La trousse n'étant pas validée pour des sérums de veaux de moins de 90 jours d'âge, les veaux les plus jeunes prélevés avaient 3 mois.
La séroprévalence individuelle était supérieure chez les génisses DPND+ (0,48) par rapport à celles restées dans l'exploitation (DPND-, 0,43). En analyse multivariée, les auteurs calculent que :
« Cela suggère que l'exposition à et l'infection par M. bovis augmentent le risque que les génisses aient à être retirées de l'élevage laitier avant leur premier vêlage ».
A partir des données collectées, les auteurs calculent aussi, bien que ce ne soit pas prévu dans le protocole initial de l'étude, que le décès/l'euthanasie des veaux de moins de 3 mois n'est pas associé à la séroprévalence chez le jeunes (3-12 mois) du même élevage, mais bien avec la prévalence chez les vaches laitières (risque x 9,3 si la prévalence chez les vaches est supérieure à 0,35 - p=0,03). Comme M. bovis « peut être transmise par ingestion de lait contaminé, ou par contact direct, il est plausible que les jeunes animaux soient plus affectés par leur mère que par leurs congénères ». Car, pour les vaches laitières, les auteurs estiment qu'un résultat Elisa positif sur lait « reflète la présence d'infection à M. bovis dans la mamelle et pas un autre signe clinique, comme l'arthrite ou la pneumonie ». Pour cela, il aurait fallu prélever le sang des laitières, ce qui n'a pas été prévu.
L'étude finlandaise a été facilitée par deux facteurs. D'une part, le pays était indemne d'infection à M. bovis jusqu'en 2012 et un programme d'élimination a été mis en place dès 2013. Ainsi, dans les exploitations avec un cas index de mammite, les sujets atteints sont isolés et réformés dans les jours suivant la détection (les auteurs indiquent qu'un départ 9 jours plus tard est « tardif »). D'autre part, la taille des élevages laitiers est relativement limitée. Ce sont donc 19 exploitations infectées (18 à 268 vaches), détectées dans le cadre du programme national de surveillance, qui ont donc été suivis sur deux ans à partir du cas index (visite vétérinaire semestrielle). Les prélèvements étaient réalisés de manière à pouvoir comparer PCR quantitative, culture et Elisa (les auteurs ont comparé la même trousse du commerce que l'étude danoise et leur propre Elisa in-house, mais ce dernier fournissant de « nettement » meilleurs résultats, ils se sont focalisés sur ce dernier). Les prélèvements réalisés étaient des écouvillons nasaux puis nasopharyngés sur les veaux (culture + qPCR), des prises de sang (toutes classes d'âge) pour sérologie et tous les laits de quartiers présentant une mammite clinique ou subclinique, ainsi qu'un prélèvement mensuel de lait de tank pour qPCR (trousse 16-plex du commerce) et Elisa (in-house) sur le lait de tank (dilué au 1/20e). Enfin, les éleveurs pouvaient envoyer au laboratoire d'analyses un veau malade ou mort pour lequel ils suspectaient l'infection, où des prélèvements étaient réalisés après autopsie, pour bactériologie.
Les auteurs regroupent les exploitations selon six statuts sanitaires, définis par la persistence de la détection de M. bovis (ou des anticorps anti-M. bovis) sur les deux années du suivi post-détection (voir le tableau ci-dessous). Pour 11 exploitations, la détection de M. bovis était effective plus d'un an après la détection initiale du pathogène. Les auteurs observent que toutes les exploitations qui semblent avoir éliminé M. bovis en moins d'un an (certaines avec la seule réforme du cas index de mammite) avaient moins de 70 vaches. Ce qui confirme des observations d'autres auteurs indiquant les difficultés d'élimination du pathogène dans les grands troupeaux.
Sur les exploitations de statut S0 et S1, la réduction du nombre de veaux séropositifs après la première visite était significative. De même dans les élevages S2 après V2. En revanche, pour les autres statuts, plus de 80 % des veaux restaient séropositifs pendant la période de l'étude. Quant aux vaches, de 80 à 100 % étaient séropositives sur toute la durée de l'étude, indépendamment du statut de l'exploitation. Les auteurs rappellent aussi que dans deux exploitations laitières, aucun cas de mammite à M. bovis n'a été détecté, alors que la bactérie circulait dans ces exploitations (statuts S1 et Sx) et que les vaches étaient séropositives. Elles avaient donc été exposées, mais sans fournir d'infection mammaire. Dans deux autres exploitations, les cas index étaient des mammites et la circulation de la bactérie a été mise en évidence sur un an, mais jamais dans les mamelles. Aussi, « la surveillance continue des échantillons de lait de mammite cliniques et subcliniques ne suffit pas à détecter la présence de M. bovis dans un troupeau, bien que ce soit crucial pour la détection des mammites cliniques » liées à ce pathogène.
Sur la période d'étude, « 3 268 échantillons de lait de quartier ont été analysés, et 51 vaches ont été confirmées comme ayant une mammite à M. bovis ». Très peu de mammites cliniques ont été détectées, et à 88 % elles survenaient dans les 8 semaines suivant la confirmation des cas index.
Les 263 laits de tanks analysés ont fourni 7 PCR positives, dans 5 exploitations. Dans presque tous les cas, les échantillons positifs dataient de <4 semaines après la confirmation du cas index. Le dernier cas est une exploitation ayant eu un seul lait de tank positif, 5 mois après la confirmation du cas index. Dans cette même exploitation, tous les laits de quartiers ont été trouvés négatifs, mais deux écouvillons ont été trouvés positifs sur veaux. Les auteurs estiment donc que « les résultats de qPCR négatifs sur lait de tank ne sont pas une méthode précise pour déterminer l'absence de M. bovis dans un troupeau et n'est donc pas adapté comme seul test de dépistage, même s'il convient à la détection des mammites à M. bovis ».
Le très faible nombre de cas détectés à partir des écouvillons fait rejeter par les auteurs ce mode de prélèvement dans le cadre de la détection du pathogène. Mais ils soulignent que des prélèvements répétés peuvent être utilisés pour évaluer les mesures de biosécurité mises en œuvre dans un troupeau.
Enfin, 10 exploitations ont soumis des veaux pour analyses (n=22) ; 12 veaux ont été trouvés infectés (provenant de 7 exploitations), en culture (confirmée en qPCR), ce qui là encore ne couvre pas l'étendue des élevages atteints.
Au bilan, « une garantie optimale du statut infectieux des troupeaux ne peut être obtenue que par la surveillance régulière de M. bovis dans des échantillons de cas de mammite clinique et de pneumonie des veaux, associés à des écouvillons nasaux en suivi longitudinal chez les veaux, pour la recherche du génome de M. bovis par qPCR et de sérums pour la recherches d'anticorps anti-M. bovis avec l'Elisa in-house ». Le recours au dépistage sur lait de tank par l'Elisa in-house est un complément possible à cette approche. Ensemble ils constituent « un outil diagnostic convenable au dépistage et à l'évaluation des programmes de contrôle » de M. bovis.
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