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25 avril 2019

Diagnostic de la giardiose : combiner test Elisa et coproscopie par flottaison optimise la sensibilité

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Trophozoïtes de Giardia intestinalis (anciennement G. duodenalis) observés au microscope optique. Cliché Josef Reischig, Wikimedia.
Trophozoïtes de Giardia intestinalis (anciennement G. duodenalis) observés au microscope optique. Cliché Josef Reischig, Wikimedia.
 

Le diagnostic de la giardiose n'est pas facile. Et les symptômes de la maladie (une diarrhée chronique dans les cas où elle ne reste pas subclinique) ouvrent un large diagnostic différentiel. Différentes méthodes diagnostiques sont disponibles, dont des techniques réalisables à la clinique (observation directe, coproscopie, test Elisa). Une étude américaine a comparé les résultats de plusieurs d'entre elles.

Ces travaux sont financés par la société Techlab qui commercialise un nouveau test Elisa de laboratoire (VetChek° Elisa, non disponible en France). Mais leur analyse, publiée en libre accès dans le JVIM, présente l'intérêt de confirmer la fiabilité de ces tests en s'appuyant sur la méthode actuelle de référence pour le diagnostic de la giardiose chez le chien et le chat : l'épreuve d'immunofluorescence directe (test IFA).

Près de 400 échantillons de selles

Cette étude a utilisé 388 prélèvements de fèces provenant de chiens (n=261) ou de chats (n=127), collectés dans les laboratoires de parasitologie de trois écoles vétérinaires américaines (au Colorado, en Oklahoma et en Virginie). La sélection a favorisé l'inclusion d'échantillons positifs. Une coproscopie par flottaison a été réalisée pour chacun, ainsi qu'un test IFA (Merifluor° Cryptosporidium/Giardia, Meridian Bioscience) et 3 tests Elisa :

  • VetChek° Elisa (Techlab) donc,
  • Vetscan° Giardia (Abaxis), réalisable au chevet de l'animal, développé seulement pour l'espèce canine et non commercialisé en France non plus,
  • Snap° Giardia (Idexx), réalisable au chevet de l'animal, disponible en France.

La technique historique, l'examen microscopique direct, n'a pas été effectuée car l'excrétion intermittente des parasites impose de la réaliser sur un mélange de fèces prélevées sur plusieurs jours. L'observation nécessite en outre un œil averti pour reconnaître les kystes ou les éventuels trophozoïtes présents (voir photo).

Bonne concordance des résultats

Parmi l'ensemble des échantillons, 108 étaient positifs avec chacun des 5 tests ou examens pratiqués, et 210 étaient négatifs pour les 5. Cela montre ainsi que les résultats sont parfaitement concordants à 82 % (pour 318 des 388 échantillons analysés).

Chez le chien, comparés au test IFA, les tests Elisa présentent une sensibilité de 82 % (VetScan), 90 % (Snap) et 94 % (VetChek), et une spécificité de 97 %, 95 % et 92 % respectivement.

Les différences sont moindres dans l'espèce féline, avec 93 % de sensibilité et 99 ou 95 % de spécificité pour les tests Snap et VetChek respectivement (par comparaison au test IFA).

Meilleure sensibilité en couplant Elisa et copro

La coproscopie par flottaison est réalisable à la clinique à condition de disposer d'une centrifugeuse. Ses résultats ne sont pas aussi immédiats que les tests Elisa de clinique. En pratique néanmoins, elle peut être couplée à l'un de ces tests pour en améliorer la sensibilité. Les résultats de cette étude le confirment. En effet, la combinaison a été testée pour le test Snap dans les deux espèces canine et féline, et pour VetScan chez le chien, en considérant le résultat positif si l'un des deux tests au moins (coproscopie et Elisa) était positif. Et les résultats montrent une augmentation de la sensibilité, atteignant alors 96 à 98 %.

Test IFA : un gold standard imparfait

Le test IFA est connu pour être plus sensible et plus spécifique pour le diagnostic de Giardia duodenalis (désormais G. intestinalis) que la coproscopie par flottaison. Il est ainsi considéré comme une technique de référence.

Ce test n'est pas réalisable à la clinique. Et il ne représente pas un gold standard au sens strict. Pour palier son imperfection, il peut s'utiliser toutefois pour l'évaluation des autres outils diagnostiques au travers d'une analyse bayésienne (une technique statistique dans laquelle les résultats sont progressivement affinés en s'appuyant sur des lois de probabilité). C'est ce qui a été réalisé dans cette étude, et qui en fait l'originalité selon ses auteurs.

Suivant cette analyse et conformément aux attentes, le test IFA est identifié chez le chien comme le plus sensible (99,4 %) et le plus spécifique (99,8 %). Le moins sensible est le VetScan (83,3 %), mais il est aussi le plus spécifique après l'IFA (99,3 %). Le test Snap présente une sensibilité de 90,5 % et une spécificité de 98,7 % (la meilleure après l'IFA).

Pour le chat, l'IFA est à nouveau le plus performant (sensibilité de 99,9 % et spécificité de 99,8 %). Le Snap présente encore la meilleure spécificité après lui (98,8 %), et une sensibilité de 91,1 %.

Globalement, les auteurs de l'étude saluent les bonnes performances de chacun des tests évalués. Mais ils appuient l'intérêt de coupler Elisa et coproscopie par flottaison dans la pratique quotidienne. Ils rappellent également que la coproscopie permet de détecter la présence d'autres parasites digestifs.