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24 septembre 2018

Pas de frein à opérer pour un ligament croisé chez un chien pourtant amputé

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Bien qu'amputé, un chien supporte bien une nouvelle chirurgie orthopédique ce qui, selon les auteurs de cette étude, facilite le conseil d'opérer, lors de dysplasie des hanches ou de rupture du ligament croisé, par exemple (auteur du cliché : Hundehalter ; source : wikimedia).
Bien qu'amputé, un chien supporte bien une nouvelle chirurgie orthopédique ce qui, selon les auteurs de cette étude, facilite le conseil d'opérer, lors de dysplasie des hanches ou de rupture du ligament croisé, par exemple (auteur du cliché : Hundehalter ; source : wikimedia).
 

Les chiens amputés d'un membre, quelle qu'en soit la raison, sont sujets aux affections orthopédiques. Notamment celles touchant les ligaments croisés ou les hanches, comme beaucoup de chiens, finalement. L'objet d'une nouvelle étude sur une série de cas n'est pas d'examiner si les changements liés à la locomotion sur trois pattes favorisent ces affections. Ses auteurs se sont intéressés à des cas où une chirurgie a été pratiquée, pour en évaluer les bénéfices et le risque de complications. Et leurs observations sont plutôt positives : l'évolution à moyen-long terme est satisfaisante chez tous les chiens suivis sauf un.

Ces données peuvent contribuer à modérer l'appréhension des propriétaires quant aux difficultés et aux résultats d'une telle chirurgie sur leur animal déjà handicapé, et faciliter – pour le vétérinaire également – le conseil et la prise de décision d'opérer.

11 chiens sur 17 amputés d'un antérieur

L'étude (américaine) est publiée dans le dernier numéro de la revue Topics in Companion Animal Medicine (article en libre accès). Elle a analysé rétrospectivement 17 cas de chiens amputés d'un membre et chez qui une chirurgie orthopédique a été effectuée par la suite. 11 étaient amputés d'un antérieur et 6 d'un postérieur, le plus souvent suite à un traumatisme (10 cas) ou une néoplasie (5). Le suivi des chiens, au moins à court terme (3-6 mois) devait être renseigné.

La durée entre l'amputation et la chirurgie orthopédique varie de 15 jours à 9 ans (médiane : 10 mois). Elle est globalement plus courte lorsque la cause de l'amputation est d'origine tumorale (6 mois vs 16 en médiane lorsqu'elle est traumatique) ; mais les chiens sont alors amputés plus âgés (plus de 6 ans vs 5 mois).

Et 11 sur 17 opérés pour une lésion des ligaments croisés

Tous les chiens ont été opérés sur un membre postérieur, voire les deux dans 4 cas, et en plus sur un antérieur pour 1 (dysplasie du coude), ce qui représente 22 chirurgies au total. Les interventions chirurgicales effectuées sur les pattes arrières l'étaient en majorité sur le genou, pour traiter une atteinte du ligament croisé antérieur : 11 cas (14 chirurgies), dont 2 associés à une luxation de la rotule. Dans 5 autres cas, les opérations concernaient l'articulation coxo-fémorale (7 chirurgies).

Une issue satisfaisante chez quasiment tous les chiens

En règle générale, ces chirurgies ont donné de bons résultats :

  • Postopératoires (jusqu'à 3 mois après l'intervention) pour 15 chiens sur 17,
  • À « court terme » (3-6 mois) pour 16 sur 17,
  • Et, surtout, à « moyen-long terme » (plus de 6 mois) pour 14 des 15 cas pour lesquels cette information était disponible.

Ces appréciations étaient tirées du dossier médical du chien et/ou de l'avis de son propriétaire (interrogé par e-mail ou ayant répondu aux questionnaires envoyés).

Le seul animal chez qui le résultat clinique n'est pas satisfaisant à long terme (alors qu'il l'était à moyen terme) était amputé d'un antérieur et avait été opéré des deux genoux par la suite. Inversement, celui opéré des deux genoux et du coude a présenté des résultats insuffisants à moyen terme, mais satisfaisants ensuite.

Trois complications majeures

Les quelques complications survenues n'étaient « catastrophiques » pour aucune. Les trois plus graves – toutes chez des chiens amputés d'un antérieur – étaient 2 cas d'infection du membre opéré (tous deux atteints concomitamment d'un ostéosarcome) et 1 cas de douleur persistante (réfractaire aux traitements). Des complications « comparables à celles rapportées chez des chiens "quadrupèdes" lors d'interventions similaires ».

Les propriétaires ne regrettent rien

L'avis de 12 propriétaires a pu être récolté. Et tous se disent satisfaits de la ou des chirurgies orthopédiques pratiquées sur leur chien. Tous affirment aussi qu'ils « recommanderaient la chirurgie à d'autres propriétaires de chiens amputés » si leur animal présentait la même affection que le leur. Cet enthousiasme et ces résultats encouragent ainsi les vétérinaires et leurs clients à considérer la chirurgie comme une option « faisable », selon les auteurs de l'étude. Ceux-ci restent toutefois prudents et reconnaissent que des études prospectives, comparatives, sur de plus larges effectifs et incluant d'autres types d'interventions chirurgicales seraient désormais nécessaires pour l'appuyer.