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Elanco & Proplan

7 juillet 2025

Pas si mignons que ça les brachycéphales ? Les propriétaires préfèrent des conformations moins extrêmes

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Avec sa face plate, sa queue en tire-bouchon et sa peau plissé, le carlin incarne le chien « mignon » qui fait sa popularité (cliché Pixabay).
Avec sa face plate, sa queue en tire-bouchon et sa peau plissé, le carlin incarne le chien « mignon » qui fait sa popularité (cliché Pixabay).
 

Bouledogues français, carlins et autres chihuahuas… Malgré leur prédisposition à de multiples troubles de santé, les races brachycéphales sont très populaires. Leur apparence physique, et notamment leur « tête de bébé », plaît. Semble plaire en tout cas. Car les résultats d'une étude menée au Royaume-Uni révèlent qu'en fait, les caractéristiques morphologiques poussées à l'extrême de ces chiens ne gagne(raie)nt pas la préférence des propriétaires. Alors ? Pas si adorables que ça ces chiens ?

Questionnaire en ligne

L'étude s'est cantonnée au territoire britannique, et les participants (n=4899) étaient en large majorité des participantes (91 % de femmes, et 22 % âgés de 45-54 ans), ce qui limite la généralisation de ses résultats, publiés en libre accès dans VetRecord. Toutefois, l'engouement pour les races brachycéphales hypertypées dépasse les frontières du Royaume-Uni, et ce type d'enquête recueille souvent une majorité de réponses de la part de femmes. Les résultats obtenus restent donc très intéressants.

L'enquête (en ligne) s'est déroulée au premier trimestre 2024. Elle a reposé sur un questionnaire en plusieurs parties, permettant de recueillir des informations sur :

  • les données démographiques du répondant ;
  • son historique de propriétaire, avec le type de chien détenu – notamment brachycéphale ou non, de race pure ou croisé –, présentement ou par le passé, et sa volonté ou non d'adopter un chien à l'avenir (pour les non-propriétaires) ;
  • les motivations pour adopter un chien et les attentes associées ;
  • et enfin ses préférences relatives aux 3 races choisies, à partir de clichés en présentant 3 versions.

Les propriétaires actuels ou passés d'un chien brachycéphale (pure race) représentaient 26 % des participants.

Différents degrés de conformation extrême

Ainsi, des images de 3 bouledogues français, carlins et bulldogs anglais ont été générées artificiellement (avec l'aide de logiciels spécialisés), afin d'en présenter une version typique de la race ainsi que des versions peu ou, inversement, très extrêmes (voir ci-après). Les manipulations portaient notamment sur : la longueur du museau, les yeux (taille et forme), la plissure de peau (ridée), la queue (longueur).

De haut en bas les images d'un bulldog anglais, d'un bouledogue français et d'un carlin, avec au centre une conformation typique de la race, à gauche une conformation moins extrême et à droite une conformation très extrême (reproduit de Youens et al., VetRecord 2025).

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Jugement sur la beauté, la santé, l'éthique…

Les répondants notaient chaque cliché de 1 à 10 en réponse à 5 questions :

  1. « À quel point ce chien vous procure-t-il du bonheur à le regarder ? »
  2. « À quel point vous semble-t-il attrayant ? »
  3. « À quel point vous apparaît-t-il en bonne santé ? »
  4. « Dans quelle mesure pensez-vous qu'il a été élevé de manière éthique (c'est-à-dire en privilégiant la santé et le tempérament plutôt que l'apparence ou la rentabilité financière) ? »
  5. « À quel point aimeriez-vous posséder ce chien ? »

Ils devaient aussi indiquer si un cliché représentait un chien de pure race, et dans ce cas lequel.

Préférences univoques pour les moins extrêmes

De manière univoque et significative, pour toutes les questions et pour les 3 races de chiens présentées, de meilleurs scores ont été globalement attribués aux chiens de conformation moins extrême par comparaison à la conformation typique, et à ceux de conformation typique par comparaison à la conformation très extrême.

Les propriétaires de chiens brachycéphales ont toutefois systématiquement attribué des scores plus élevés (exprimant donc des avis plus positifs) à toutes les questions, pour tous les clichés. Leur préférence va tout de même également aux conformations les moins extrêmes.

Dans l'analyse multivariée, la détention d'un chien brachycéphale reste significativement associée à la notation, ainsi que le degré d'extrémité des caractéristiques de ces chiens.

Le chien de conformation moins extrême était désigné comme le chien de pure race par 29 % des participants pour le bulldog anglais, par 33 % pour le carlin et par 43,5 % pour le bouledogue français. Inversement, celui de conformation très extrême était considéré comme de pure race par 70 % (bulldog), 46 % (carlin) et 40 % (bouledogue) des répondants, respectivement.

Faire évoluer les stratégies d'élevage

Divers facteurs influencent le choix d'une race à l'achat, notamment le format ainsi que les spécificités liées à la santé et au caractère. S'agissant des races brachycéphales, l'apparence physique compte particulièrement beaucoup. Un museau aplati avec de grands yeux globuleux, un cou court, une peau plissée, une petite taille, des pattes courtes et une petite queue tire-bouchonnée sont des caractéristiques appréciées de ces chiens.

Pourtant, cette enquête montre que lorsqu'un choix leur est proposé, les propriétaires expriment une forte préférence pour des chiens brachycéphales de conformation moins extrêmes – qu'il s'agisse de propriétaires actuels de ce type de chiens, ou d'acquéreurs potentiels.

Les auteurs se réjouissent de ces résultats. Et selon eux, il conviendrait ainsi d'encourager les éleveurs à produire des chiots répondant à des conformations moins extrêmes (en favorisant l'outcrossing par exemple, aux résultats plus rapides que la sélection génétique), lesquelles sont au moins autant voire plus attrayantes que les hypertypes aux yeux des propriétaires, et sont bénéfiques à la santé et aux bien-être de ces chiens.