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24 mai 2016

Le bison : nouvel emblème national des États-Unis

par Agnès Faessel

Temps de lecture  5 min

Bison d’Amérique du Nord
Le bison américain (Bison bison), nouveau « mammifère national » des États-Unis, est à ne pas confondre avec le bison européen (Bison bonasus), espèce protégée qui fait l’objet d’un programme de réintroduction dans plusieurs pays d’Europe (crédit photo : Agricultural Research Service, USDA).

Depuis le 9 mai 2016, le bison d’Amérique est officiellement adopté comme mammifère national des USA. Son cousin européen est progressivement réintroduit sur notre continent.

 
Bison d’Amérique du Nord
Le bison américain (Bison bison), nouveau « mammifère national » des États-Unis, est à ne pas confondre avec le bison européen (Bison bonasus), espèce protégée qui fait l’objet d’un programme de réintroduction dans plusieurs pays d’Europe (crédit photo : Agricultural Research Service, USDA).
 

Le bison américain vient d’être adopté par les États-Unis comme symbole officiel. C’est le second animal à devenir emblème national du pays, après le pygargue à tête blanche (faux-aigle) en 1782. Le 9 mai 2016, le président Obama a signé le projet de loi actant cette reconnaissance, à la suite de son vote par le Congrès américain, fin avril.

Espèce sauvée de l’extinction

Le bison était déjà un symbole historique du pays, fortement relié à l’économie et la spiritualité des tribus ancestrales d’Indiens. Il est représenté sur les drapeaux de 2 États et déjà reconnu comme emblème par 3. Il est la mascotte de plusieurs équipes sportives.

Le bison, sacré mammifère national en 2016, figurait sur le sceau du Département intérieur des USA depuis 1912.

Le texte de loi fédéral précise qu’il demeure une source d’économie locale et contribue à l’équilibre écologique des prairies. L’espèce était menacée d’extinction à la fin du 19e et doit sa sauvegarde à un mouvement de conservation orchestré alors par des gardes forestiers (rangers).

Sa réintroduction à l’état sauvage est un exemple de succès.

En devenant « mammifère national », le bison rejoint donc le pygargue à tête blanche – l’oiseau national – et deux symboles officiels de la flore : le chêne et la rose (depuis 2004 et 1998, respectivement).

La nouvelle loi n’apporte pas de mesure particulière de protection de l’espèce. Sa reconnaissance officielle, purement honorifique, est néanmoins une consécration pour les organismes œuvrant pour sa préservation.

Le bison des plaines, la sous-espèce concernée (Bison bison bison), n’est plus une espèce menacée d’extinction. Évoluant au Canada, le bison des bois (Bison bison athabascae), en revanche, est encore inscrit en annexe II de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) qui liste les espèces qui pourraient devenir menacées. Il devrait toutefois en sortir à la prochaine Conférence mondiale organisée en fin d’année en Afrique du Sud.

‘Buffalo’ pour bison découle du ‘bœuf’ français

Le Département intérieur des États-Unis annonce sur son blog la signature de l’acte de loi. Il présente l’animal à ses concitoyens, en 15 points.

  1. Le bison est le plus grand mammifère d’Amérique du Nord.
  2. Malgré sa taille, il est agile et rapide (il peut atteindre une vitesse de 56 km/h). Il peut franchir de hauts obstacles et nage très bien.
  3. Il est herbivore et utilise la bosse saillante de son épaule pour déblayer la neige et brouter l’herbe en hiver.
  4. Sa longévité est de 10 à 20 ans. Les femelles se reproduisent à partir de l’âge de 2 ans. Elles mettent bas un seul bisonneau. Les mâles se reproduisent surtout entre 6 et 10 ans.
  5. Le bison se roule dans la poussière pour se protéger des mouches piqueuses. C’est également un comportement sexuel chez le mâle.
  6. Les mouvements de sa queue indiquent son humeur. Dressée, elle doit faire craindre qu’il va charger.
  7. La vue du bison est mauvaise, mais son odorat et son ouïe sont très développés.
  8. Sa dénomination sous le terme buffalo proviendrait du mot français bœuf.
  9. Le chien rouge (red dog) est le surnom du bébé bison, à cause de son pelage rouge-orangé qu’il conserve quelques mois.
  10. Le Département intérieur agit pour la conservation de l’espèce depuis la fin du 19e siècle. Le territoire national qu’il gère compte 17 troupeaux (10 000 têtes environ) dans 12 États. Mais des bisons sont présents dans chacun des 50 États (parcs nationaux, refuges pour faune sauvage, élevages privés).
  11. C’est Theodore Roosevelt, parti pourtant le chasser, qui a initié ce mouvement de conservation du bison, alors en voie d’extinction. Il a formé l’American Bison Society en 1905 avec William Hornaday.
  12. Le troupeau du Parc national de Wind Cave (sud Dakota) initialement formé par 14 bisons en 1913 est à l’origine du repeuplement du reste du territoire américain (et du Mexique).
  13. L’histoire des bisons est intimement liée à celle des populations autochtones. L’animal est fortement présent dans la culture des tribus indiennes, qui l’utilisaient pour sa viande, sa graisse, ses os et sa peau, et lui accordent une importante valeur spirituelle.
  14. Le Parc national de Yellowstone est le seul périmètre où les bisons ont survécu depuis les temps préhistoriques.
  15. Le bison d’Amérique descendrait d’un ancêtre de format bien plus imposant, venu de l’Asie du sud à l’époque du Pliocène, il y a 400 000 ans.

Des bisons en Europe

Le bison d’Europe (Bison bonasus), l’autre espèce de bison, fait actuellement aussi l’objet de programmes de réintroduction en milieu naturel dans plusieiurs pays, Allemagne et Pays-Bas pour les plus proches.

Il y a quelques semaines, début mars, 4 spécimens ont ainsi été remis en liberté dans la réserve naturelle de Maashorst aux Pays-Bas dans le cadre d’un projet coordonnée par l’organisme Rewilding Europe avec le soutien du WWF (fond mondial pour la nature). Un premier troupeau sauvage avait déjà été constitué en 2007 dans une autre réserve du pays (Kraanvlak). En 2014 puis 2015, des bisons ont également été réintroduits dans les Carpates en Roumanie.

Car la plupart des pays abritant des bisons sauvages se situent en Europe de l’Est : Roumanie donc, mais aussi, Slovaquie, Ukraine, Lituanie, Russie… et surtout Pologne, où évolue le plus gros effectif de bisons en liberté.

Bison d’Europe

Le bison d’Europe est plus élancé et haut sur pattes que son cousin d’Amérique. Sa bosse est moins prononcée et sa croupe plus horizontale. Ses cornes dépassent le haut de la tête (crédit photo : Domaine des grottes de Han).

Cette espèce, éteinte à l’état sauvage à la fin de la première guerre mondiale, doit sa survie à son élevage en parcs zoologiques. Sa réintroduction en milieu naturel a débuté en Pologne en 1954. La France fait partie des pays qui fournissent les individus ainsi relâchés. Des bisons y sont élevés dans plusieurs zoos, parcs animaliers ou réserves.

La France compte aussi quelques dizaines d’élevages de bison – bison américain cette fois – qui commercialisent sa viande et sa peau.