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27 juin 2023
Attention : le risque de morsure de chien est plus élevé les jours chauds, ensoleillés et pollués
Le réchauffement climatique ne se solde pas seulement par un risque accru de coups de chaleur chez les chiens : une étude de la Harvard Medical School (USA) montre aussi que le vétérinaire est directement concerné. En effet, le risque de morsure de chiens augmente linéairement avec la température moyenne de la journée.
Les épidémiologistes de Harvard expliquent avoir eu l'idée de rechercher l'effet des journées chaudes sur les morsures de chiens en raison des nombreux travaux qui ont déjà démontré que les agressions violentes entre humains augmentent de manière significative avec la température et la pollution de l'air. D'autres travaux ont aussi identifié une augmentation de la probabilité d'agression entre individus d'une même espèce associée à une élévation de la température chez le macaque rhésus, chez la souris et chez le rat. Pour les agressions interspécifiques, des épidémiologistes chinois avaient décrit en 2017 une augmentation de la fréquence des consultations d'urgence pour morsure de chien à Beijing les jours froids (seulement pour les enfants < 14 ans) et les jours chauds (tous les âges), mais sans explorer le rôle éventuel d'autres facteurs comme la pollution. Or chez l'humain, les teneurs de l'air en ozone et en microparticules (diamètre < 2,5 µm) sont également trouvées associées à une augmentation de l'incidence des crimes violents.
Les auteurs ont donc recueilli les signalements quotidiens de morsures d'humains par des chiens dans 8 villes de l'ensemble des USA, de Houston à New York et de Chicago à Baton Rouge. Au total, ils ont collecté 69 625 signalements sur 2009-2018 : 3 morsures par jour en moyenne étaient enregistrées sur la population et la période étudiées. Ils ont croisé ces données avec les données météo (température maximale, précipitations, ensoleillement) et les mesures de pollution de l'air (ozone, microparticules). Comme chaque ville a une population différente et un mode d'enregistrement différent, les comparaisons statistiques ont porté sur l'incidence quotidienne relative des morsures par ville. Leur modèle lisse l'effet saison, des weekends et des vacances (pollution) et la tendance longue au réchauffement moyen des températures. Sans surprise, l'incidence des morsures de chiens diminue avec l'importance des précipitations et pendant les congés.
À l'inverse, l'incidence des morsures canines augmente linéairement avec :
La pollution de l'air par les microparticules n'a pas d'effet significatif sur l'incidence des morsures.
Pour ce qui est des mécanismes à l'œuvre, les auteurs rappellent qu'une exposition aux UV augmente le concentrations en hormones sexuelles (démontré chez l'humain et en modèle souris). Pour l'ozone, ils rappellent que ce gaz a une forte odeur et qu'elle induit une oxydation importante des muqueuses, se soldant par une élévation des cytokines inflammatoires dans la sphère pulmonaire. « Il est possible que le comportement soit influencé par la réponse générale au stress déclenchée par les médiateurs de l'inflammation pulmonaire ». Elle a aussi un effet direct sur le SNV, affectant le turnover de la dopamine dans le striatum (impliqué dans la motricité involontaire ou automatique, les comportements appétitifs ou aversifs, etc.). Comme la pollution de l'air à l'ozone se produit aussi bien en hiver qu'en été, elle peut contribuer de manière indépendante aux morsures survenant sur ces deux saisons.
Les auteurs ont délibérément arrêté leur période d'analyse de données avant les confinements du Covid-19. Or sur cette période, la pollution de l'air a diminué mais les consultations d'urgences pédiatriques pour morsure ont augmenté. « C'est indicateur que d'autres facteurs, en particulier la proximité contrainte, peut être un déterminant plus important [que la météo ou la pollution] des agressions de chiens sur l'humain ». Car l'étude statistique ne permet pas de conclure que la chaleur, l'ensoleillement ou l'ozone ont un effet sur le comportement du chien, plutôt que de son maître et/ou de la personne mordue. Enfin, les auteurs préviennent que « les polluants atmosphériques et la chaleur extrême pourraient contribuer à des charges sociétales et individuelles plus élevées que ce qui est actuellement estimé », d'autant que leurs résultats représentent des sous-estimations puisque toutes les morsures ne donnent pas lieu à déclaration.
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