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Elanco & Proplan

9 juillet 2025

Surveillance de la respiration en soins intensifs : moins stressante, une caméra serait plus fiable

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Équiper les cages d'hospitalisation d'une caméra permettrait de surveiller les animaux sans stress (cliché Pixabay).
Équiper les cages d'hospitalisation d'une caméra permettrait de surveiller les animaux sans stress (cliché Pixabay).
 

Souris, tu es filmé ! Dans deux centres hospitaliers vétérinaires suédois, les chiens et chats gardés en soins intensifs étaient surveillés par caméras. L'occasion d'évaluer l'intérêt de ce matériel pour le suivi de la fonction respiratoire, en observant les images vidéo sans déranger les animaux. Les résultats de cette étude, publiés en libre accès dans JSAP, montrent que la fréquence respiratoire ainsi mesurée est moins élevée qu'au cours des mesures visuelles directes.

Mesures toutes les heures puis toutes les 3 heures

La fréquence respiratoire ainsi que la respiration ont effectivement été suivies de manière conventionnelle par le personnel soignant – lequel se tenait alors devant ou proche de la cage pour observer les mouvements de la poitrine de l'animal – et à l'aide des vidéos, chez 41 chiens et 60 chats. Les animaux étaient des adultes (> 1 an), sans autre critère particulier d'inclusion ou exclusion hormis d'avoir été hospitalisés dans l'unité de soins intensifs et d'y être restés au moins 4 heures.

Des mesures toutes les heures, pendant au moins 4 heures, étaient requises, suivies ensuite de mesures toutes les 3 heures (jusqu'à la sortie de l'animal ou son décès). Dans chacune des cliniques, 4 et 11 cages étaient respectivement équipées de caméras filmant en continu, permettant l'obtenir des images de bonne qualité, de jour comme de nuit. Les mesures visuelles directes étaient effectuées de la manière la plus discrète et silencieuse possible, et à un moment de calme pour l'animal (pas juste après une sortie ou des soins).

Fréquences respiratoires moins élevées sur vidéo

Les données ont été comparées sur l'ensemble du séjour (24 heures en médiane) ainsi que dans le temps, en retenant alors les mesures effectuées 1 heure après l'admission puis peu avant la sortie d'hospitalisation (dernière mesure).

Les résultats montrent que les fréquences respiratoires médianes sur l'ensemble du séjour étaient significativement plus faibles lorsque tirées des vidéos, chez les chiens (2,5 mpm de moins) comme chez les chats (2,9 mpm de moins). Elles le sont aussi à l'entrée en soins intensifs, mais moins à la dernière mesure (potentiellement suite à l'habituation des animaux à l'environnement de l'unité et aux interventions du personnel).

Une amélioration est également observée dans le temps : les fréquences respiratoires sont diminuées en fin de séjour par comparaison au moment de l'admission, dans tous les contextes (chiens et/ou chats, mesures visuelles comme sur vidéo). Ce paramètre serait donc d'intérêt pour évaluer l'évolution des cas en soins intensifs et la réponse au traitement (la fréquence respiratoire est effectivement liée aussi au type et à la gravité de l'affection et/ou à la douleur). La population suivie ici était trop diverse pour investiguer davantage ces aspects.

Variations selon le type de maladie

Les auteurs ont également effectué des comparaisons selon le motif d'admission : affection cardiaque congestive (7 chiens et 13 chats), maladies respiratoires (8 chiens et 14 chats) ou autre (troubles digestifs, neurologiques, urinaires, etc. ; 26 chiens et 33 chats).

Les fréquences respiratoires médianes étaient plus élevées lors d'affection cardiaque congestive ou de maladie respiratoire que pour les autres maladies, chez les chiens et chez les chats, indépendamment de la technique de mesure (visuelle ou sur vidéo)

Enfin, l'association avec la respiration (anormale ou non, type dyspnée ou respiration saccadée ou paradoxale) a été évaluée. Les résultats montrent qu'une heure après l'entrée en soins intensifs, la fréquence respiratoire est plus élevée chez les animaux présentant par ailleurs une respiration anormale. À la dernière évaluation avant la sortie, la respiration était normale chez tous les animaux.

Pas d'effet « blouse blanche » des caméras

Le suivi de la fréquence respiratoire est intéressant chez les animaux en soins intensifs. C'est notamment un paramètre utile pour surveiller l'évolution des cas d'affection cardiaque congestive.

Chez l'animal en bonne santé, il a été montré que la fréquence respiratoire est plus élevée lorsqu'elle est mesurée en consultation à la clinique qu'à domicile, suggérant l'effet du stress lié à l'environnement médical (comme pour la pression artérielle chez le chat). Et outre son motif, l'hospitalisation en soins intensifs est évidemment hautement stressante.

Il est donc très probable que la différence observée selon le type de mesure découle du sur-stress généré par l'observation visuelle directe. Une évaluation du score de stress aurait été intéressante en complément. Bien que significatives, ces différences demeurent faibles, et il resterait à déterminer si elles impactent les stratégies de traitement en pratique.