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19 septembre 2022

Masses gastro-intestinales chez le chat : pour l'essentiel des néoplasies malignes

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Une étude rétrospective allemande vient de passer en revue la nature histologique des néoplasies de 870 masses gastro-intestinales chez le chat, confirmant l'importance des lmphomes. Ici, coupes longitudinale et transverse d'une lésion iléale pariétale circonferentielle (lymphome) (cliché J. Besso).
Une étude rétrospective allemande vient de passer en revue la nature histologique des néoplasies de 870 masses gastro-intestinales chez le chat, confirmant l'importance des lmphomes. Ici, coupes longitudinale et transverse d'une lésion iléale pariétale circonferentielle (lymphome) (cliché J. Besso).
 

Pour l'essentiel, les masses abdominales identifiées chez les chats et dont un prélèvement parvient au laboratoire d'histologie sont des néoplasies malignes (97,3 % des cas). Tel est le premier constat d'une étude rétrospective publiée à la mi-septembre et portant sur un nombre élevée de cas. Les auteurs, oncologues et anatomopathologistes vétérinaires allemands, soulignent qu'ils ont intégré dans leur étude des cas de polypes (bénins) du fait de leur importance pour le diagnostic différentiel de l'origine de la masse.  

De 1 à 22 ans

À partir de 85 877 analyses histologiques de prélèvements tissulaires de chats parvenus au laboratoire de diagnostic allemand où exercent 7 des 9 co-auteurs, entre janvier 2013 et avril 2022, ils ont sélectionné les prélèvements pour lesquels ils disposaient :

  • De prélèvements (biopsies ou pièces d'exérèse) histologiques (pas de ponction ni d'autopsie),
  • D'une origine stomacale ou intestinale clairement établie,
  • Des données sur le sexe, l'âge et la race de l'animal,
  • D'un diagnostic final.

Ce faisant, ils ont restreint leur étude rétrospective à 860 cas, ce qui représente toutefois un nombre élevé. La majorité des chats représentais étaient des européens (n=604). Les races les plus fréquemment atteintes étaient des croisés (n=77), British shorthair (n =60) et Maine Coon (n=30), bien que 23 races soient représentées. Les sujets prélevés avaient un âge médian de 11 ans, mais la dispersion allait de 1 à 22 ans. Les deux tiers (65 %) des néoplasmes concernaient des chats de 10 ans ou plus.

Lymphomes : estomac et grêle

Vingt-trois des 860 masses analysées correspondaient à des polypes ; une à un léïomyome. Les 97,3 % restants sont des néoplasies malignes, au premier rang desquelles, c'est connu, figurent les lymphomes (81 %), devant les carcinomes (15 %) et les sarcomes (3,4 %). S'y ajoutent 0,8 % de mastocytomes. Ce qui est inhabituel est la proportion élevée des lymphomes, pouvant atteindre 60 % des cas dans d'autres publications, plus anciennes. Les auteurs proposent que ce soit l'investissement accru des maîtres dans les traitements qui expliquent au moins partiellement l'importance de ces cancers (soumis au laboratoire). Ici, les chats présentant un lymphome (digestif) étaient significativement plus jeunes que ceux atteints des autres malignités (médiane à 10 ans, p< 0,005), toutefois 62 % de ces cas ont plus de 10 ans. Des différences apparaissent pour la localisation anatomique des lymphomes (voir le graphique ci-dessous), en particulier entre l'estomac et le grêle, alors que les carcinomes sont plus fréquents dans le gros intestin que dans l'intestin grêle ou l'estomac. Les mastocytomes sont confinés au grêle. Pour 199 cas, l'envahissement des tissus n'a pas permis de donner une localisation unique.

La fréquence des différentes néoplasies gastro-intestinales félines varie en fonction du site anatomique. Les trois astérisques figurent p<0,001 (Kehl et coll., 2022).

 

Ganglion régional

Si les lymphomes représentent l'essentiel des néoplasies stomacales, les lymphomes du grêle sont les plus fréquents. La masse la plus importante soumise à histologie mesurait 8 x 8 x 4,3 cm. Il n'y a pas d'association statistique entre l'âge du patient et la localisation anatomique de la masse. Dans plus de deux cas sur trois (69,7 %), le nœud lymphatique régional était concerné, indépendamment de la localisation du lymphome. Un marquage (immunohistochimie) a été réalisé pour 91 cas, permettant de distinguer les lymphomes à cellules T, à cellules B ou à cellules B riches en cellules T (aucun cas de cette dernière catégorie n'a été observé dans cette étude). « Les lymphomes à cellules B étaient significativement plus fréquents dans l'estomac et le gros intestin que dans l'intestin grêle (p < 0,001). Dans l'intestin grêle, les lymphomes à cellules T étaient les plus fréquents. Les lymphomes à petites cellules étaient des lymphomes à cellules T, significativement plus souvent (87,5 %) que les lymphomes à moyennes cellules (p = 0,006) ou à grandes cellules (p < 0,001). Ces derniers étaient des lymphomes à cellules B dans 68,4 % des cas ». Et il n'a pas été observé de lymphome à petites cellules dans le gros intestin.

Chats plus vieux

Les carcinomes gastro-intestinaux concernent davantage les vieux chats (trois cas sur quatre ont plus de 10 ans), à 70 % mâles. Plus de la moitié des cas (58 %) sont localisés au gros intestin, le restant dans le grêle. Pour les carcinomes à cellules fusiformes, plus souvent encore chez des vieux chats (médiane à 12 ans), il y avait une grande variété de types cellulaires : 12 cas à cellules fusiformes non différenciées, 8 léïomyosarcomes, 4 hémangiosarcomes, 1 neurofibrosarcome, 1 léïomyome et 3 cas de cellules pléïomorphes. Dans la plupart de ces cas, la pièce d'exérèse n'avait pas concerné la totalité du processus cancéreux. Il n'y a eu que 5 cas pour lesquels le ganglion régional a été soumis ; deux d'entre eux présentaient des métastases. Les 7 mastocytomes provenaient tous de chats européens, et le plus gros avait un diamètre de 4 cm. Les polypes étaient également observés chez les vieux chats (médiane à 12 ans). Ils sont principalement localisés dans les intestins, mais 3 des 23 soumis avaient une localisation stomacale. Seuls 5 d'entre eux avaient fait l'objet d'une exérèse totale (le plus gros mesurait 3,5 x 2,5 x 1,2 cm).

Les auteurs déplorent qu'il n'y ait pas de système de notation pronostique des lymphomes digestifs. Ils recommandent de réaliser « une caractérisation détaillée, comprenant la taille des cellules tumorales, le nombre de mitoses et le phénotype immunologique, pour le bilan individuel du patient ».