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1er septembre 2022

Le risque de dysfonctionnement cognitif augmente de moitié chaque année chez le chien, et aussi chez les sédentaires

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

D'après Yarborough  et al., Sci. Rep., 2022.
D'après Yarborough  et al., Sci. Rep., 2022.
 

Le syndrome de dysfonctionnement cognitif canin (SDC), voisin de la maladie d'Alzheimer chez l'homme et pour laquelle il peut représenter un modèle animal, fait l'objet d'une étude réalisée dans le cadre du Dog Aging Project, dont les résultats sont publiés en libre accès dans Scientific Reports. Ce projet d'études américain, débuté en 2018, porte sur une large cohorte de chiens adultes de toutes races (plusieurs dizaines de milliers de sujets recrutés, voir aussi LeFil du 10 mai 2022).

Présence et gravité du SDC

L'objectif poursuivi est d'évaluer la prévalence et la gravité du syndrome selon l'âge des chiens. Les signes cliniques du SDC associent des troubles de la mémoire et des apprentissages, de l'orientation dans l'espace, du sommeil, et une altération des relations sociales. Le diagnostic repose ainsi sur un questionnaire d'évaluation, afin de distinguer la maladie des signes d'un vieillissement normal. Ce type d'outil a déjà été utilisé pour évaluer la prévalence du SDC, mais sur de relatives petites cohortes de chiens. L'un des intérêts de la présente étude est de l'avoir appliqué à un très large groupe : environ 15 000 sujets retenus parmi la cohorte (15 019 exactement).

Le questionnaire utilisé comprend 13 items. La présence des troubles ainsi que leur fréquence étaient renseignées (de 0 « jamais », à 5 « plusieurs fois par jour »). Une éventuelle évolution sur les 6 derniers mois pouvait être signalée. Le score final obtenu est compris entre 16 et 80 ; les chiens présentant un score de 50 ou plus sont considérés comme atteints du SDC, ce qui est le cas pour 1,4 % de la cohorte étudiée.

Répartition par quartile d'espérance de vie

La longévité des chiens étant variable selon les races, la détection du SDC se fera plus rapidement chez des chiens de grand format, dont l'espérance de vie est généralement plus réduite.

Les auteurs ont donc travaillé en considérant, pour chaque animal, l'espérance de vie moyenne lui correspondant (selon son format, son sexe et son statut sexuel). Ces durées de vie estimées ont été découpées en quartiles, et chaque chien a ensuite été assigné au quartile lui correspondant, selon son âge et son espérance de vie propre. Environ 20 % de la cohorte se situe ainsi dans son dernier quartile de vie. 24 % des chiens du groupe sont dans le 3e quartile, 27 % dans le second et 29 % dans le premier.

Exercice et santé pris en compte

Les auteurs se sont également basés sur d'autres données récoltées (notamment celles relatives à la santé et à l'activité des animaux, en complément de leurs données démographiques) afin d'identifier les facteurs de risque du syndrome.

Les chiens étaient ainsi répartis par sexe, type de race (8 types, par exemple terrier, toy, chien de chasse, etc.), région de vie… Mais aussi selon l'intensité de leur activité physique sur l'année écoulée : non actifs, modérément actifs, très actifs. Et la présence de comorbidités était signalée par groupes de maladies (cancers, affections cutanées, infections, traumatismes…).

Risque x52 % à chaque anniversaire

Les résultats confirment le lien entre le SDC et l'âge : en considérant ce paramètre isolément, le risque de SDC augmente de près de 70 % pour chaque année d'âge supplémentaire.

Dans l'analyse multivariée, tenant compte de l'influence des variables associées à la maladie (race, stérilisation, comorbidités, activité), le risque de SDC augmente encore de 52 % à chaque anniversaire.

Mieux vaut rester actif

L'analyse montre en revanche que le niveau d'activité est inversement corrélé au risque de SDC : plus le chien est actif, moins le risque est important. Tout autre paramètre équivalent par ailleurs, le risque augmente ainsi d'un facteur 6,5 pour les chiens non actifs par comparaison aux très actifs. Toutefois, il est possible qu'inversement, la maladie entraîne une réduction de l'activité de l'animal. Et l'influence du propriétaire (moteur ou non) n'a pas été prise en compte ici, ni l'éventuel impact de la crise Covid et ses périodes de confinement.

Dans l'historique médical du chien, trois groupes de maladies sont également associés à un sur-risque de SDC : les troubles neurologiques, oculaires et auriculaires, ce qui ne sont pas des surprises et rapportés chez l'homme aussi.

La modélisation par quartile confirme par ailleurs que le seuil de 50 retenu dans le score du questionnaire d'évaluation de la maladie est approprié en termes de capacité prédictive du syndrome.