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9 janvier 2020

2021 c'est demain ! Les ENV recruteront 160 lycéens post-bac en prépa intégrée. Un choix à prévoir dès 2020

par Eric Vandaële

Temps de lecture  7 min

L'admission directe de 160 élèves post-bac (bac+0) dans une prépa intégrée d'un an dans les ENV conduira à recruter 800 élèves pour le concours 2021 si l'on y ajoute les 640 élèves en bac+2 ou +3, pour 70 % d'entre eux formés au concours véto dans les classes préparatoires. Mais dès 2022, le numerus clausus sera rétabli à 640, 160 en prépa intégrée et 480 en bac+2 ou +3 par les autres voies d'accès aux ENV.
L'admission directe de 160 élèves post-bac (bac+0) dans une prépa intégrée d'un an dans les ENV conduira à recruter 800 élèves pour le concours 2021 si l'on y ajoute les 640 élèves en bac+2 ou +3, pour 70 % d'entre eux formés au concours véto dans les classes préparatoires. Mais dès 2022, le numerus clausus sera rétabli à 640, 160 en prépa intégrée et 480 en bac+2 ou +3 par les autres voies d'accès aux ENV.
 

Est-ce une refonte, une rénovation ou une révolution ? Sans doute un peu de tout cela à la fois. Dès l'année prochaine en 2021, les quatre écoles nationales vétérinaires recruteront directement en « prépa intégrée », 160 lycéens post-bac, soit, à terme, un quart de leurs effectifs. Les ministères de l'agriculture et de l'enseignement supérieur l'ont annoncé par un communiqué daté du 20 décembre 2019. Et les directeurs des quatre écoles nationales vétérinaires ont précisé le nouveau dispositif le 6 janvier. Car les lycéens aujourd'hui en classe de première qui souhaiteraient devenir vétérinaires devraient déjà prévoir ce choix de la prépa intégrée qui leur sera ouvert l'année prochaine en terminale en sus des traditionnelles classes préparatoires agro-véto.

Explications en questions-réponses.

Les 160 lycéens admis en prépa intégrée des ENV accèderont-ils directement à l'actuelle première année d'école vétérinaires avec les élèves admis en bac+2 ou +3 par les autres voies ?

Non. Ces 160 élèves suivront une « année préparatoire » qui sera intégrée dans une des quatre écoles vétérinaires sur la base de 40 élèves par école.

Le succès aux examens de cette année préparatoire les conduira à retrouver l'année suivante — l'actuelle première année d'école — les 120 autres élèves admis par les autres voies du concours, notamment par la voie A des classes préparatoires actuelles. Les promotions resteront donc aux alentours de 160 élèves par école.

Le numerus clausus sera-t-il augmenté en 2021 et les années suivantes ?

L'objectif n'est pas de former davantage de vétérinaires dans les écoles françaises, mais d'en améliorer le recrutement. Le numerus clausus a déjà été augmenté de 38 % depuis 2012 pour passer de 458 élèves admis chaque année entre 2009 et 2012 à 646 élèves au prochain concours de 2020. C'est déjà près de 200 vétérinaires de plus formés chaque année. Le numerus clausus devrait rester à environ 640 vétérinaires par an.

Toutefois, sur la seule année 2021, il y aura, de fait, une augmentation temporaire du numerus clausus à 800 car les ENV recruteront alors à la fois :

  • Les 160 premiers élèves tout juste bacheliers (bac+0) pour l'année préparatoire intégrée (40 par école),
  • Et les 640 élèves bac+2 ou bac+3, notamment ceux des classes préparatoires classiques (BCPST) qui intégreront, comme aujourd'hui, la première année de la formation vétérinaire (et non l'année préparatoire).

Mais, dès 2022, le numerus clausus global reviendra à 640. Les ENV recruteront alors :

  • Comme en 2021, 160 élèves bacheliers via Parcoursup pour une année préparatoire intégrée,
  • Mais, seulement 480 élèves par les autres voies d'entrée.

Ces 480 élèves, de bac+2 ou bac+3 pour la plupart, rejoindront les 160 élèves (bac+1 en 2022) recrutés en 2021 via Parcoursup pour la prépa intégrée. Pour les élèves issus de la prépa intégrée, la durée des études post-bac sera donc raccourcie d'un ou de deux ans.

Quelle sera la nouvelle répartition du recrutement dans les ENV ?

À partir de 2022, la répartition du recrutement des 640 élèves admis chaque dans les ENV devrait être la suivante :

  • 160 élèves bacheliers de l'année (25 %) en « préparation intégrée » à l'ENV,
  • 300 élèves (47 %) des classes préparatoires agro-véto (BCPST), en théorie en bac+2, souvent en bac+3, au lieu de 460 en 2020,
  • Et, sans changement, environ 180 élèves (28 %) bac+2 ou +3 par les autres voies du concours (universités, lycées agricoles…).

Le recrutement des 160 élèves post-bac sera donc déduit du nombre de places offertes aux élèves des classes préparatoires agro-véto. Mais cette voie de la « classe préparatoire aux grandes écoles » restera de loin la plus importante en nombre d'élèves admis dans les ENV, aux alentours d'un étudiant sur deux contre sept sur dix aujourd'hui et huit sur dix en 2017.

Comment seront sélectionnés les 160 élèves de la prépa intégrée dans les ENV ?

Ce recrutement sera fait via Parcoursup parmi les élèves des classes de terminale (sous réserve de l'obtention du bac). En terminale, les futurs bacheliers qui souhaitent devenir vétérinaires pourront donc déposer sur Parcoursup plusieurs vœux :

  • Un seul pour la prépa intégrée des ENV (il ne sera compté qu'un seul vœu pour les quatre écoles),
  • Et les vœux habituels pour entrer dans l'une des classes préparatoires agro-véto dans les lycées qui les proposent.

Pour entrer en prépa intégrée, environ 700 lycéens de terminale seront d'abord sélectionnés sur la base d'un bon dossier scolaire, notamment en SVT, physique-chimie, mathématiques, en langue vivante et en français. Puis, les épreuves d'admission d'une durée d'une demi-journée pour un élève auront lieu courant avril en région parisienne sur la base de sept ateliers thématiques de 10 minutes devant des examinateurs. Les entretiens seront aussi destinés à évaluer les capacités des candidats à structurer une argumentation, à mettre en place rapidement un raisonnement sur des questions de santé ou de bien-être animal… Dans ces entretiens, une connaissance de la réalité des métiers de vétérinaire sera sans doute appréciée.

La prépa intégrée n'est pas ouverte aux élèves de terminale redoublants ni à ceux qui auraient déjà obtenu le bac les années précédentes. Les élèves des classes préparatoires BCPST ne peuvent donc pas postuler pour entrer en prépa intégrée.

La réglementation limite aujourd'hui le nombre de présentations au concours d'entrée dans les ENV à deux fois, quelle que soit la voie d'entrée. Le fait de présenter le vœu dans « Parcoursup » n'est pas considéré comme une présentation au concours. Si le candidat n'est pas sélectionné aux épreuves d'admission, il pourra encore présenter deux fois le concours par les autres voies. En revanche, s'il est refusé après les épreuves d'amission, il ne pourra plus se présenter qu'une seule fois au concours d'entrée dans les ENV.

Quelles spécialités choisir au lycée en première et en terminale ?

Pour être admis en prépa intégrée, « les écoles nationales vétérinaires recommandent aux lycéens » de première et de terminale de choisir les spécialités suivantes :

  • En classe de première, SVT (ou biologie-écologie en lycée agricole) puis physique-chimie et mathématiques
  • En classe de terminales, SVT, physique chimie avec l'option « mathématiques complémentaires ».

D'autres combinaisons de spécialités sur la base SVT, physique-chimie et mathématiques ne sont pas exclues.

Quel sera le programme de la prépa intégrée dans les ENV ?

Le programme de cette année préparatoire n'est pas encore totalement défini. Les disciplines enseignées porteront sur « la biologie, la biochimie, la zoologie, l'écologie, la chimie, la physique et les mathématiques appliquées dans les sciences vétérinaires, l'e-santé, des sciences humaines faisant appel à l'éthique, la philosophie, l'histoire, la géographie, l'anglais ». Une immersion en milieu professionnel est prévue.

Quels sont les objectifs et les enjeux de la prépa intégrée ?

Les objectifs sont nombreux. Le projet piloté par Marc Gogny, directeur adjoint d'Oniris-Nantes, a été préparé par de nombreuses études et réunions de concertation avec la profession vétérinaire. Il fait d'ailleurs aujourd'hui consensus

Les études vétérinaires en France sont, de loin, les plus longues d'Europe avec deux ou trois années de classes préparatoires et cinq années dans les ENV, soit des vétérinaires qui rentrent en exercice le plus souvent bac+8. La prépa intégrée permet de raccourcir la durée des études d'un ou deux ans selon les cas.

Le concours actuel, surtout par la voie des classes préparatoires, ne favorise pas la diversité sociale ou territoriale des élèves vétérinaires issus, le plus souvent des grandes métropoles. La sélection par la prépa intégrée devrait permettre d'y remédier en partie par différents mécanismes. Les lycéens de milieux moins favorisés semblent par exemple préférer les cursus intégrés plus professionnels, par rapport à des classes préparatoires plus aléatoires et généralistes.