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7 novembre 2019

14 % des chiens sont terrorisés en consultation

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Selon cette étude basée sur les réponses des propriétaires à un questionnaire, 55 % des chiens sont apeurés lors de la consultation vétérinaire, plus ou moins intensément (cliché Pixabay).
Selon cette étude basée sur les réponses des propriétaires à un questionnaire, 55 % des chiens sont apeurés lors de la consultation vétérinaire, plus ou moins intensément (cliché Pixabay).
 

Une large communication depuis quelques années sur l'importance d'un environnement vétérinaire ‘cat-friendly' afin de limiter le stress des chats ferait presqu'oublier que le chien, lui aussi, peut ressentir de l'appréhension lorsqu'il est amené en consultation. Comme pour les félins, le risque d'accident est réel face à un chien pouvant infliger, par peur, des blessures à l'équipe soignante, au propriétaire, voire se blesser lui-même. Une « mauvaise expérience » laisse aussi des marques : l'animal viendra à reculons à la clinique, et son maître aussi.

Une large étude s'est donc intéressée à la proportion de chiens présentant un comportement craintif chez le vétérinaire, et aux facteurs qui en augmentent le risque. Ses résultats sont publiés dans la revue électronique en libre accès PLoS ONE.

Exploitation du long questionnaire C-BARQ

L'analyse s'est appuyée sur deux items spécifiques parmi les 100 composant un grand questionnaire adressé à des propriétaires canins sur le comportement de leur animal (le C-BARQ pour Canine Behavioral Assessment and Research Questionnaire). L'objectif du questionnaire est d'étudier de multiples aspects du comportement canin, par exemple les facteurs d'influence de la personnalité et du tempérament en général ou, plus spécifiquement, l'impact de la castration ou de l'éducation du chien sur son comportement, le rôle de la relation avec le propriétaire, etc.

Ici, les 2 questions retenues portaient sur la peur exprimée chez le vétérinaire : lors de l'examen clinique ou en lien avec une mise en situation inhabituelle, en l'occurrence la toute première venue en consultation. Et les réponses d'environ 26 500 personnes ont été analysées.

55 % des chiens ont peur lors de l'examen clinique

En majorité (82 %), les répondants étaient des propriétaires expérimentés (ayant possédé plusieurs chiens). Et leurs déclarations montrent qu'une majorité de chiens (55 %) manifestent des signes d'anxiété lors de l'examen clinique vétérinaire :

  • 41 % expriment une peur légère à modérée,
  • 14 % sont réellement terrorisés (peur sévère à extrême).

Les proportions sont voisines concernant l'inquiétude générée par une situation nouvelle (notamment la première visite à la clinique) :

  • 47 % expriment une peur légère à modérée,
  • 11 % sont terrorisés (peur sévère à extrême).

Les deux apparaissent positivement corrélés.

Les chiens de chasse restent stoïques

L'analyse des résultats identifie 14 facteurs qui influencent le risque de manifestation de cette peur chez le vétérinaire : race, poids, âge, sexe, statut sexuel, fonction (reproducteur ou chien de garde, par exemple), origine (élevage, refuge, etc.), âge à l'acquisition, âge à la stérilisation et motif de celle-ci, troubles de santé, âge des autres chiens du foyer, premier chien du maître, et si le maître est un enfant.

5 d'entre eux font varier le risque dans des proportions notables (plus de 5 %), qu'il s'agisse de l'examen clinique comme d'une première fois chez le vétérinaire.

  1. La race est le facteur d'influence le plus important (variation de 27 %), avec les bassets, les croisés et les races naines présentant les scores les plus élevés de peur en consultation, tandis que les races de chiens de chasse demeurent les moins perturbées.
  2. La fonction de l'animal se place en seconde position, avec des animaux de compagnie (sans autre « utilité » particulière) apparaissant plus peureux que les autres catégories, et les chiens « de travail » se montrant inversement les moins peureux.
  3. L'origine du chien est le troisième paramètre le plus important. Les animaux issus d'un élevage sont les moins stressés chez le vétérinaire ; ceux acquis auprès d'un ami ou achetés en animalerie sont les plus stressés.
  4. Le poids, ensuite, montre que les chiens de grand format (>22 kg) manifestent moins d'inquiétude que les plus légers (<22 kg).
  5. Le fait de vivre avec des congénères (indépendamment de leur âge) réduit aussi globalement le risque de manifester de la peur chez le vétérinaire.

Un maître inexpérimenté (premier chien) est également associé à un plus fort risque de peur lors de l'examen par le vétérinaire (+6 %), mais pas dans le contexte d'une situation nouvelle (première consultation).

Être ‘dog-friendly'

Toutefois, « pris ensemble, tous ces paramètres expliquent [seulement] entre 5 et 7 % de la variation de la peur exprimée dans une situation nouvelle ou lors de l'examen clinique » constatent les auteurs de l'étude. Ils formeraient ainsi une prédisposition au développement d'une anxiété dans ces contextes. Mais – plus importants – d'autres paramètres, comme l'environnement (dans lequel se déroule la consultation, par exemple), les expériences passées du chien et les interactions homme-animal, influenceraient l'intensité de son expression. Pour les auteurs, ce sont donc sur ces points que l'équipe vétérinaire peut agir pour prévenir les accidents, en évitant en particulier de premières expériences négatives.