titre_lefil
logo_elanco

7 juin 2019

Chats blancs de race : le risque de surdité congénitale bien associé à la présence d'iris bleus, surtout chez les Norwegian Forest

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

Le fait d'être né dans une portée où il y a eu un chaton blanc n'est pas source de risque de surdité congénitale. En revanche, chez les chatons de race, le risque de surdité est augmenté par la présence d'au moins un iris bleu (cliché : Jorge Barrios, wikimedia).
Le fait d'être né dans une portée où il y a eu un chaton blanc n'est pas source de risque de surdité congénitale. En revanche, chez les chatons de race, le risque de surdité est augmenté par la présence d'au moins un iris bleu (cliché : Jorge Barrios, wikimedia).
 

Les chats ont une surdité sélective à l'appel de leur nom, qu'ils connaissent, comme le démontrait une étude japonaise, publiée le 4 avril dernier… En revanche, les chats blancs aux yeux bleu ont – c'est bien connu – un risque accru de surdité congénitale. Une étude britannique vient de le confirmer en quantifiant le sur-risque : il est d'autant plus important que l'animal aura les deux iris bleus. « Jusqu'à présent, les données sur cette surdité congénitale étaient issues de colonies de chats blancs, élevées au titre de modèle animal de la surdité congénitale urbaine » et remontent à « 40 à 60 ans ». Les auteurs présentent des chiffres issus « de chats domestiques, d'élevage de différentes races », outre-Manche.

Chats de race

Trois publications ont depuis rapporté des fréquences d'occurrence de surdité, en ien avec le fait de posséder 1 ou 2 iris bleus, dont un dans des chats de race, mais sans confirmation de la surdité. Ici, les auteur sont souhaité confirmer la surdité (uni- ou bilatérale) par la mesure des potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral (PEATC, sans sédation). Au total, 193 chatons blancs (50 portées) ont été inclus dans l'étude, réalisée à l'Animal Health Trust de Newmarket, selon les critères :

  • être un chaton de race,
  • appartenir à une portée où il y a eu au moins un chaton totalement blanc,
  • disposer de la description des robes, couleurs d'iris et mesure des PEATC pour chaque membre de la portée dans sa totalité (cette mesure est obligatoire depuis 2016 outre-Manche pour les chatons blancs de race, seuls les chatons non sourds pouvant obtenir l'inscription au livre de la race),
  • ne pas avoir présenté de pathologie impliquant un traitement potentiellement ototoxique.

Que les blancs, un sur trois

L'âge médian lors de la mesure de PEATC était de 10 semaines (l'audition étant développée à partir de 20 jours d'âge chez le chaton), allant de 6 à 21 semaines. Les cas de surdité congénitale, qu'elle soit uni- ou bilatérale, n'ont été observés que chez des chatons blancs. Ceux ayant « une tâche de blanc parmi d'autres couleurs » ou aucune tâche blanche n'ont pas été trouvés affectés (aucun n'avait d'iris bleu, d'ailleurs). Au total, un peu moins d'un tiers des chatons tout blancs ont été trouvés affectés de surdité (30,3 %), répartis équitablement entre surdité uni- ou bilatérale (voir le tableau ci-dessous). Il n'y avait pas d'effet sexe significatif sur l'occurrence de la surdité congénitale (p=0,76).

Nombre et proportion de chatons blancs selon la race, le nombre d'iris bleus et le résultat de l'évaluation de la surdité (d'après Mari et coll., 2019).

 

Si yeux bleus, près de 1 sur 2

La proportion de chatons blancs affectés augmentait avec le nombre d'iris bleus :

  • s'ils n'en avaient aucun, la prévalence de la surdité était de 22,2 % (10 % de surdité unilatérale et 12,2 % de surdité bilatérale) ;
  • s'ils en avaient un, la prévalence était de 44,4 % (22,2 % pour chaque cas et p<0,05), mais il n'y avait pas de règle sur la latéralité iris bleu/surdité ;
  • s'ils en avaient deux, la prévalence était de 50,0 % (25,0 % pour chaque cas), en bon respect des règles mendéliennes, mais sans que cela ne représente de différence significative par rapport à la catégorie précédente.

Sur-risque chez les Norwegian Forest

Pour l'analyse statistique, les auteurs ont groupé les chatons blancs avec 1 ou 2 iris bleus pour les comparer à ceux dénués d'yeux bleus. Ils montrent ainsi que la fréquence de surdité est significativement plus élevée chez les Norwegian Forest, les Maine Coon et les Turkish Van par rapport aux Russes et aux Persans (les autres races sont trop peu représentées pour fournir un calcul fiable). Toutes races ensemble, la modélisation montre que le fait de naître blanc et avec au moins un œil bleu représente un triplement du risque (x 3,2, p<0,05) de surdité congénitale par rapport aux chatons blancs sans iris bleu. Chez les Norwegian Forest, ce risque est encore 2,5 fois plus élevé.